Dakarmidi – Le football est devenu un phénomène de dimension mondiale en raison de ses enjeux et défis multiformes, mais aussi des passions collectives qu’il provoque sur l’ensemble de la planète. Même les États-Unis d’Amérique, pays naguère peu enclin à ce sport, s’ouvre maintenant avec engouement à la phobie universelle du football.
En dépit de cette expansion fulgurante, force est de constater que les enjeux politiques et financiers ont gangréné ce sport au point de le dépouiller de nombre de ses vertus originelles comme en attestent les nationalismes exacerbés et les violences concurrentes sapant même les relations interétatiques. C’est pourquoi certains analystes prônent une diplomatie du sport faisant ainsi de cette institution un des instruments de pacification des relations internationales.
Comme dans toutes les disciplines sportives, il a fallu ériger des instances pour mieux gérer la discipline sportive en question par le renforcement juridique et institutionnel de sa personnalité. C’est ainsi que naquit, dès l’aube de nos indépendances, la Confédération Africaine de Football (CAF) qui s’est transmuée en véritable gouvernement sportif instituant une autonomie d’existence et d’action qui la prémunit des ingérences, y compris politique, dans la marche des fédérations nationales. Signalons que la CAF a même le pouvoir régalien de suspendre tout pays interférant dans son fonctionnement nonobstant les contributions financières des Etats dans la formation budgétaire des fédérations nationales. Dès lors, il est normal que le poste de président de cette instance continentale suscite des intérêts et des ambitions.
Rappelons qu’en 1988 au royaume du Maroc, le camerounais Issa Mayatou grâce à des combinaisons savamment menées et entretenues par feu Mawade Wade, a été élu au détriment du togolais Ekoue qui, de l’avis de bon nombre d’observateurs, avait indéniablement le meilleur profil. Mawade était un débatteur redoutable, un manœuvrier aguerri et craint à cause de son verbe haut, salé et bien structuré. Dans cette élection de nature secrète, ce sont les fédérations qui votent et non les Etats. Outre l’incertitude des résultats qu’elle recèle, il faut y ajouter le rôle de l’argent dans l’issue du scrutin. A cet égard, la campagne du candidat sénégalais maître Augustin Senghor mériterait d’être un peu plus discrète et moins ostentatoire. Feu Amadou Karim Gaye, ancien ministre des Affaires Etrangères de notre pays, sans doute l’un des plus talentueux, nous apprenait qu’en diplomatie, il ne faut jamais négocier sur la place publique.
J’ai souvenance de la candidature de notre compatriote Amadou Lamine Ba pour le poste de secrétaire général du Conseil Supérieur du Sport en Afrique (CSSA). Le Président Senghor avait dépêché à cette occasion son ministre des sports, feu François Bob, auprès de plus d’une vingtaine de chefs d’état pour recommander avec discrétion cette candidature. La particularité de ce vote fut qu’il concernait les Etats membres, les confédérations de sport et le conseil des Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA). Avec le concours des alliances et la solidarité zonale et régionale, la démarche porta ses fruits. Et notre candidat fut brillamment élu face à un adversaire coriace en la personne du congolais Jean Claude Ganga.
Signalons que quatre candidats sont pour le moment déclarés : ceux du Sénégal, de la Mauritanie, de la Côte d’ivoire, et de l’Afrique du sud. L’actuel président le Malgache Ahmed Ahmad envisage de sa part de briguer un second mandat.
Augustin Senghor cet avocat doté de plusieurs dons en possède les qualités requises qui augurent une candidature d’espérance.
Majib Sène