Dakarmidi – C’est une ironie du sort qui semble se dessiner. Me Abdoulaye Wade, après avoir subi une tentative d’éviction en 2007, puis une défaite effective et affective en 2012, de la part de ses 2 meilleures émanations politiques actuelles, pourrait donner la dernière pelleté pour la « mise en tombeau » de l’un de ses deux anciens lieutenants.
Le clivage Idy/Macky pourrait en effet, avoir comme arbitre l’ancien président de la République ( 2000-2012) qui a pourtant tout fait pour que l’actuel n’en soit pas un et que son prétendant le plus sérieux n’en soit pas un non plus .
Idrissa Seck qui, nous dit l’EnQuête a des prétentions de « 5th Président » comprend qu’il lui est impossible de rêver de l’avenue Roume sans l’appareil de sa matrice politique originelle: le Pds. La preuve par les discours d’apaisement envers l’homme qui aura pourtant anéanti son destin de chef d’Etat. « Si vous prenez le cas de Wade, aujourd’hui l’Afrique et le Sénégal sont privés de son talent diplomatique, de son envergure et de toute sa flamboyance. Ni l’Union Africaine, ni la Cedeao, ni l’Uemoa, ni l’Onu ne font appel à lui, du seul fait du traitement que lui réserve Macky Sall » a déclaré Idy lors du Magal de Porokhane.
D’apres Moussa Diaw, enseignant à l’Université Gaston Berger, le changement du patron du Rewmi dans sa stratégie communicationnelle, s’inscrit dans le fait qu’il a besoin de la sympathie de Wade pour que le Pds se prononce en sa faveur. Ce qui va consolider sa position en tant que candidat incontournable de l’opposition avec la probablité de la non-participation de Karim aux élections présidentielles. Le fait est que lors des du dernier test électoral d’envergure, les législatives du 30 Juillet 2017, BBY a obtenu 1 637 761 voix, alors que toutes les autres listes combinées de l’opposition totalisent 1 672 674 suffrage valablement exprimés, montrant que le régime pourrait aller en ballotage si la tendance actuelle se maintenait dans un an.
Le 30 Juillet 2017, la perte du département de Thies, suivie de la « bouderie » de l’un de ses lieutenants Thierno Bocoum, affaiblissent un peu plus ses forces. Pour toutes ces raisons, Idy cherche à se rapprocher de Wade. Le lourd passif entre ces deux hommes rend cet union difficile parfois. L’affaire des chantiers de Thies, le protocole de Rebeuss, les accusations des publications du bulletin médical de Wade par Idy, les tentatives de disqualification de Wade par un troisième mandat, le refus de Karim d’accepter les condoléances d’Idy à la mort de son épouse ont émaillé les relations entre les deux.
Mais la politique est aussi question d’opportunité et de contexte. Moussa Diaw estime dans l’EnQuête qu’un rabibochage entre Idy et Wade est dans l’ordre du possible même si les deux hommes ont souvent des « relations paradoxales, contradictoires ». « Compte tenu du contexte politique au Sénégal, le rapprochement peut bien se faire entre les deux. L’idéal pour Idrissa Seck est d’avoir la bénédiction du pape du Sopi, il peut en profiter car dans l’opposition, il fait parti des meilleurs » analyse l’enseignant chercheur à l’Ugb.
Il estime aussi que Wade devant deux options Idy et Macky, prendra la première. Son passé avec Macky est plus irréconciliable. Parce qu’en dehors de l’épreuve judiciaire et de l’exil imposés à son fils Karim Wade, le pape du Sopi pourrait avoir l’opportunité de rembarrer celui qui a eu l’outrecuidance, mais aussi l’ingénérosité insoupçonnée d’avoir réussi à désincarner le mythe Wade, à tuer le père. « Abdoulaye Wade préférerait soutenir Idrissa Seck, quelle que soit la situation, parce qu’il pourrait être tenté de prendre sa revanche. Il n’a pas oublié la manière dont il a été écarté du pouvoir, il n’a jamais légitimé le pouvoir le pouvoir de Macky Sall », voilà le pronostique du politologue Moussa Diaw dans le quotidien EnQuête.
Cependant ce dernier invite à la prudence, « il n’est pas dit qu’Idy soit le candidat de l’opposition, mais le soutien de Wade peut le consolider, il n’est pas encore acquis qu’il fera face à Macky. Mais aussi, il a tout un travail de terrain à faire au prés de l’opposition et au prés de son ancien mentor ».
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La rédaction