La maladie mystérieuse qui a touché plusieurs pêcheurs sénégalais, installe la panique. Face à cette situation, les autorités compétentes ont mené des investigations en vue de déterminer son origine et de guérir les malades. Ainsi, un rapport a été mis sur la table du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.
Il ressort de l’enquête que, le 17 novembre 2020, l’équipe du district de Mbao, composé du médecin-chef de district, du point focal surveillance et d’un technicien de laboratoire, a fait une descente au poste de santé de Thiaroye-sur-Mer, à la suite des notifications, par l’infirmier-chef de poste, de cas multiples de dermatoses reçus en consultation.
Le médecin-chef dudit district, Dr Diambogne Ndour, a indiqué qu’il s’agit de pêcheurs migrants âgés de 13 à 46 ans, de sexe masculin, résidant à Saint-Louis, Diogo, Fass Booy et Thiaroye-sur-Mer présentant des lésions dermatologiques variées siégeant au visage, aux extrémités et parfois au niveau des organes génitaux externes.
Les malades souffriraient d’«eczéma aigu, de Covid, de varicelle, de syndrome pied-main-bouche»
De plus, il soutient que «l’investigation montre que le premier cas âgé de 20 ans, a été reçu en consultation le 12 novembre 2020, avec comme symptomatologie : éruption cutanée vésiculeuse non généralisée, tuméfaction du visage, sécheresse des lèvres et rougeur des yeux. Il n’a pas été noté de cas graves».
L’interrogatoire des patients, affirme-t-il, révèle qu’il y aurait des cas similaires dans les maisons, mais également partis en mer. Les patients révèlent qu’ils auraient été contaminés au contact de l’eau de mer.
Ainsi, le dermatologue venu en appoint a fait un examen clinique des patients et un résumé de la situation, à savoir : des lésions d’impétigo à localisation péri-narinaire et péribuccale, des lésions papuleuses ombiliquées par endroits localisées aux extrémités (pieds et mains), des érosions localisées au niveau des organes génitaux externes (testicules et gland), d’hyperhémie conjonctivale, des céphalées, de la fièvre, des œdèmes du visage surmontés de micro papules chez certains prurigineuses.
Le spécialiste de faire remarquer que les constantes varient entre : TA : 13/09 et 08/06 mm hg. La température et les pouls sont respectivement de 36° à 38°5C et 76 à 54 bpmn
Selon les hypothèses diagnostiques, ce sont des eczémas aigus, Covid, varicelle, syndrome pied-main-bouche.
«Un traitement à base d’antihistaminiques, d’antibiotiques, de pommade, de bétadine dermique, antalgique et antipyrétique a été institué selon le tableau clinique. Suite à l’entretien avec le responsable de la division surveillance, un échantillon de 10 patients parmi les plus symptomatiques a fait l’objet d’un prélèvement sanguin et PCR Covid-19, en plus du dosage de la calcémie», a renseigné le Dr Ndour.
Il a déclaré aussi que le médecin-chef de la région (MCR), la Direction générale de la santé publique (DGS), le responsable du laboratoire de toxicologie ont rejoint l’équipe d’investigation ainsi que les autorités locales dont le sous-préfet de Thiaroye, le maire de la commune, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers, le chef du Service régional de la pêche.
Les instructions données par Abdoulaye Diouf Sarr
Pour sa part, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, venu s’enquérir de la situation, a salué et félicité l’équipe du district et de la région pour leur réactivité et l’efficacité dont ils ont fait montre. «L’équipe d’investigation a fait une brève présentation de la situation au ministre qui en a profité pour rendre visite aux patients mis en observation et leur prêter une oreille attentive. Ensuite, après concertation, il a été décidé que les patients mis en observation doivent être transférés au centre de santé Sicap Mbao, pour une meilleure prise en charge, en attendant les résultats. Les autres patients sont isolés au niveau du poste de santé», souligne le chef du district de Mbao dans le document reçu ce jeudi 19 novembre.
Pour finir, il a souligné que le ministre de la Santé a instruit de continuer la coordination et le suivi, d’assurer la prise en charge correcte des cas, de poursuivre les investigations et de faire la recherche active des cas à domicile et dans les autres structures périphériques. Ce, tout en prenant en charge les autres malades qui seraient partis en mer, en sus de s’enquérir, dans les plus brefs délais, des résultats des prélèvements.
«Il n’a pas manqué de souligner la nécessité d’une implication multisectorielle afin d’élucider la situation», précise le docteur Diambogne Ndour.