L’Etat du Sénégal a laissé faire la DESCOS, rayant ainsi de la carte des almadies la somptueuse villa à 800 millions de Maimouna Bousso. 20 années de durs labeurs emportées par les vents d’un litige foncier. Plus fort qu’elle est passé par là. La dame n’en revient pas, même si derrière ses lunettes noires fumées, rendues floues par ses fines larmes, elle dit s’en remettre entièrement à Dieu. Pourquoi démolir, alors que tant d’autres solutions pouvaient être appliquées? Pourquoi humilier une femme, qui s’est battue toute sa vie pour offrir à sa famille une vie de rêve, aux almadies, ce coin huppé de la capitale.
Qu’importe la faute, qu’importe le litige, vous n’aviez pas le droit, Mr le Président, de laisser une femme, de surcroît sénégalaise, périr. Vous êtes le gardien de nos rêves, vous devez aussi être leur protecteur quand nous arrivons, sans vous, à les matérialiser. Jeune femme que je suis, j’ai peur de rêver quand je pense à ce qui est arrivé à Maimouna Bousso, j’ai peur Mr le Président de dire ce que j’ai dans le coeur, quand je pense à Amy Collé Dieng ou à Oulèye Mané, j’ai peur de faire des affaires quand je pense à notre valeureuse mère Aida Ndiongue.
J’ai très mal dormi Mr le Président quand j’ai vu la photo de la mère de Maimouna Bousso, assise sur une pierre, regardant d’un œil désespéré, la démolition de la maison dans laquelle elle a prié Fajar, j’ai peur Mr le Président de la République de vous dire que vous ne nous faites plus rêver.
Vous êtes ce père que nous rêvions avoir, mais aujourd’hui avec la démolition de toute une histoire de Maimouna Bousso, et de tant d’autres dames, vous avez décidé d’abandonner la femme sénégalaise, qui est si fragile, si frêle, et pourtant qui pensait avoir trouvé refuge chez vous.
Maimouna Bousso, digne, n’a pas pleuré, car, elle ne veut pas priver à votre fille Ndeye Driss son petit bonheur de femme épanouie, elle ne veut pas priver à votre épouse Marième, son sourire de femme engagée, elle ne veut pas non plus priver à Khartou son bonheur d’adolescente protégée.
Maimouna Bousso n’a pas pleuré, parce que l’Etat ne s’est pas présenté à elle pour l’assister en ces moments de dures épreuves. Ces larmes sont séchées par le vent de la souffrance qui a envahi la majeure partie des foyers du pays et qui a emporté l’espoir que toute une nation attendait de cette seconde alternance.
Devons-nous attendre de vous, Mr le Président, dès votre retour du Japon, de rectifier ces errements du droit et cette agression de la loi? Devons-nous attendre de vous, que vous injectiez à Maimouna Bousso un infime brin d’espoir pour qu’elle se sente de nouveau sénégalaise tout court?
Avons-nous le droit d’attendre de vous un nouvel espoir, quand tout notre espoir s’est évaporé entre vos mains? Devons-nous mendier la sérénité devant votre porte quand elle nous est proposée sur un champ parsemé d’épines? Ou faut-il tout simplement attendre le prochain train de l’espoir en évitant de pleurer même si en permanence, nous ne cessons de recevoir de multiples coups de glaise?
Sara – Dakarmidi