Cher frère, cher ami,
depuis les Émirats Arabes Unis, j’ai écouté avec attention et émotion votre voix, pensant, enthousiaste, tomber sur une nouvelle émission de Dañ Kumpa, une tribune que tous les Sénégalais attendent, censurée du fait de liberté d’expression bafouée. Hélas, avec un trait de plume mon espoir s’est tu, injustement.
Mais au-delà, “l’audio” que j’ai écouté a vite fait sortir tes hautes qualités d’homme intègre et bien structuré, éduqué dans le Saloum, terre de refus et de dignité.
Le décor sombre qui meublait Dañ Kumpa nous manque, le rythme intense de tes questions et l’émotion soutenue qui enveloppait les réponses de tes invités continuent de bercer les faits sous-jacents de nos mémoires.
Une émission phare, vitrine d’abondance, moment de recueillement absolu. Voilà ce qui nous est aujourd’hui privé !
Les témoignages de la mère de Mbagnick Diop, que Dieu l’élève en ses hauts paradis, ont révélé les qualités remarquables de ce dernier. Et c’est grâce à ta perspicacité que nous avons découvert ce symbole si puissant, entre une mère sur le départ, et un fils triste, qui craque devant 17 millions de sénégalais accrochés à ton émission, du fait d’un décret irréfragable.
Cher Ismaila, c’est grâce à toi que nous avons découvert les hautes qualités de feu Mourchid Iyane Thiam, notre défunt “père”, qui a autant de fois bercé nos veilles de Korité et de Tabaski, de feu Golbert Diagne, un des symboles de la nation, de l’éminent professeur Souleymane Bachir Diagne, de l’artiste-philosophe Souleymane Faye, le meilleur de sa génération, ou encore de Becaye Mbaye, la voix des arènes de lutte, que dire du lutteur Eumeu Sène quand tu lui fis découvrir la photo de sa défunte mère. Et j’en passe …
Dañ Kumpa nous manque terriblement. Les dimanches de sa diffusion sont eux aussi orphelins. Car cette tribune n’était plus à toi mais aux Sénégalais, à la bonne cause…
J’ai un rêve! Le même qu’avait Martin Luther King ou Al Farabi. Et si Racine Talla faisait un moratoire sur vos différends, pour satisfaire le désir de tout un peuple pendant un temps! Ou devrions-nous aller plus loin en faisant une pétition nationale pour le retour de cette émission phare et pour la libération du soldat “RTS”, kidnappé depuis plus d’un demi-siècle? Et dire enfin: PLUS JAMAIS ÇA !!!
Alors les “barquiers” diront: cher Ismaila, tenez bon, la rive n’est plus loin !!!