Dakarmidi – Je ne trouve pas de mots, pour parler à ma mère, de ma chère maman. Pourrais-je même en trouver. Je suis confus. Je lutte contre toute une gamme d’émotions encore jamais éprouvées.
Maman, depuis que vous êtes partie ,je ne retiens plus mes larmes. J’avais juré de retenir mes larmes ne serait-ce que pour mes soeurs dont je suis l’unique soutien en tant que fils unique, mais je n’arrive pas à les retenir.
Depuis ce matin du mercredi 12 Juillet 2017, qui restera vivace dans mon esprit, je ne cesse de pleurer, des sanglots imprévisibles et irrépressibles. Mais, comme disait l’autre, pleurer aide à atténuer la douleur.
Je dois à la vérité d’avouer que depuis votre brutale disparition, je ne suis plus le même et je ne pense pas que je serais le même. D’aucuns, me disent depuis lors que je dois être fort, tout faire pour tenir stoïque, mais convenons-en, l’épreuve de la perte modifie la relation à soi, aux autres et au monde.
J’ai été et je reste encore abasourdi, ayant totalement perdu mon environnement mental habituel, mes repères. Les pertes de mémoire courtes, les angoisses, le ressassement, sont devenus permanents.
Loin de moi toute idée de m’apitoyer sur mon sort, car ils sont innombrables à vivre une situation pareille à la mienne, mais je tiens à travers ses quelques mots à témoigner de mon vécu, de mon expérience auprès de ma défunte maman.
Depuis le 12 Juillet 2017, me voilà seul ,démuni, sans « armes ». Je viens de perdre un gros morceau dans ma vie, ma MÈRE. Eh oui, la mort est là et vous guette, ne vous le dit pas et elle vient chercher des gens sans avertir. A dire vrai, je n’étais pas prêt à vivre ce deuil. J’avais tellement de choses à dire à ma mère, elle qui était ma confidente, mon amie, le réconfort lorsque j’étais stressé, déboussolé et/ou malade, lorsque j’avais besoin de conseils…
A qui je vais me tourner maintenant?
Me voilà seul désormais… Je ne réalise pas qu’elle nous a quittés, mes soeurs, tantes, cousins, … et moi.
J’essaie de tenir, mais la douleur est encore très présente au quotidien. Pour moi, qui était très proche de vous, c’est un déchirement.
Quelques jours avant votre mort, votre état de santé s’était aggravé, et j’avais insisté pour vous évacuer encore aux Urgences de l’hôpital Principal mais, vous avez refusé. Catégoriquement. Vous m’avez chuchoté: « Mamadou, de grâce, laisse moi rendre l’âme devant ma famille, t’as tout fait pour moi. Depuis des mois, tu ne dors plus du sommeil du juste, tu as presque abandonné ton travail. J’ai remarqué que tu n’as plus gout à la vie… Je te remercie pour ton assistance, tes sacrifices, … Je sais que je vais quitter ce monde. Le seul service que je te demande, c’est de continuer à veiller, comme tu l’as toujours fait, sur ta grande soeur, tes deux petites soeurs, tes tantes, neveux et nièces …Essaie d’aider ton prochain selon tes moyens. Aussi, fait tout pour que mon enterrement se fasse le plus tôt possible après ma mort »
La grande faucheuse a finalement « tapé à l’incruste ». Contre toute attente, maman rendra l’âme très tôt ce mercredi 12 Juillet 2017. Pendant que ma petite soeur tentait de lui faire avaler son petit déjeuner, maman tirera sa révérence.
Maman Dado, comme je la surnommais, s’est éteinte pour un dernier salut. Je lui ai fermé les yeux avant de lui serrer les mâchoires conformément à ce qui a été rapporté dans la sunnah. J’étais là, à la serrer fort dans mes bras,je regardais mes proches (mes soeurs, oncles, tantes, voisins qui ont vite accouru ameutés par les cris de mes frangines). Je me suis dit que c’était pas possible, pas ma mère. Je la serrais fort contre moi car je savais qu’elle sera vite évacuée à la morgue et que je ne la reverrais plus. J’ai gardé mon sang froid, mais j’ai fini par craquer lorsque je suis allé lui dire Adieu à la morgue sur insistance de mes parents. Je n’avais plus le courage de regarder ma mère, attachée, enroulée dans un linceul.
Après avoir prié pour elle, je la serrais encore fort fort fort, lui disant que je l’aime et que je l’aimerai toujours, lui suppliant de l’aide et qu’elle veille sur nous comme elle l’avait si bien fait depuis notre naissance… Je la serrais fort fort fort… autant que je l’aime et qu’elle me manquera. Pour le reste de ma vie.
Je n’ai pu retenir mes larmes lors de la levée du corps. J’ai pu tenir un discours pour témoigner à la face du monde . Devant une foule de parents, amis, sympathisants, voisins etc…j’ai d’abord remercié Dieu de m’avoir gratifié d’une maman aussi bienveillante, de cette perle rare…
J’ai rappelé que la défunte était avant tout une femme modèle, généreuse, heureuse… Elle ne cessait d’afficher un air comblé quoi que chagrinée quelquefois par les vicissitudes de ce monde futile et périssable. J’ai témoigné que maman ne me projetait jamais sur des attentes excessives encore moins sur un idéal inaccessible.
Attentive aux besoins de sa progéniture, moi en priorité, elle faisait tout pour ne pas manifester une anxiété. Elle veillait, comme à la prunelle de ses yeux, au bien-être de sa famille et laissait à notre défunt papa toute sa place. Elle était constamment à l’écoute de sa famille, particulièrement de moi et n’a jamais été intrusive ni possessive.
Consciente qu’une maman est la première femme dans la vie d’un homme, elle entretenait avec moi une relation mère-fils unique et privilégiée. Aimante, influente, protectrice , elle nous a couvés d’affection non sans s’évertuer de m’inculquer des valeurs: « imaan » (foi), patience, sens du discernement, de la mesure, générosité surtout envers son prochain particulièrement aux couches démunies.
Elle faisait des pieds et des mains pour me donner un ancrage dans le monde. Elle me conseillait d’avoir une image plus positive des êtres humains quelque soit le défaut et me demandait de garder mon optimisme en toutes circonstances car disait-elle, « la souffrance , comme la joie, bref rien dans cette vie n’est éternelle ».
Maman Dado, m’aidait à développer un sentiment de sécurité indéfectible. Elle renforçait mon estime et ma confiance bref, ma défunte maman ne cessait de me donner des ressources dans lesquelles je puisais pour surmonter les vicissitudes de l’existence.
Un claquement de doigt et ma vie a basculé. Pour l’éternité. Ma mère est finalement décédée. Les mots sont clairs mais leur sens est tellement atroce qu’il me faut des jours, voire des années pour que ma tête comprenne leur signification.
J’ai commencé par dormir hier vendredi, quelques jours après son rappel à Dieu. Mais, je ne tombe pas totalement dans les bras de Morphée. Il paraît que le choc psychologique est parfois tellement important que le corps compense en se mettant en veille. Après, viennent toutes les étapes du deuil décrites partout. Ce qu’on ne dit pas, c’est le sentiment d’être amputé, toujours présent, même s’il est amoindri, presque quelques années après.
Avec le temps, viendra certainement l’acceptation de la mort de ma mère, la douleur de son absence s’estompera peut être mais… les conséquences restent douloureuses. J’aimerais tant avoir quelqu’un pour échanger des idées, lui soumettre mes désarrois etc… Je ne pense pas qu’une personne puisse remplacer ma mère, tellement elle occupait une place importante dans ma vie, car l’ Amour d’une mère n’a pas de prix et IL est inconditionnel.
Louise Colet avait bien raison d’écrire dans un de ses ouvrages que l’amour maternel survit à toutes les déceptions, à toutes les blessures et à toutes les offenses. Pour ainsi dire que maman était là pour me réconforter notamment lors de mes N déceptions amoureuses.
Ce qui me fait surtout mal, n’en demeure pas moins qu’elle sera aux abonnés absents lorsque je vais enfin enterrer ma vie de célibataire endurci. Elle m’a toujours, N fois interpelé sur ma situation matrimoniale mais pour toute réponse je lui disais que je peinais à trouver l’âme soeur: celle qui m’aime avec mes défauts, une femme qui me chérit d’un amour qui arrache les larmes pour reprendre feu Lamine Guèye.
Mais, maman je tiens à vous assurer et vous rassurer qu’Inchallah je vais sauter le balai; trouver une femme à votre image qui saura m’épauler, me prêter une oreille attentive, bref une grande dame qui vous ressemblera et ichallah mon ainé qu’il soit garçon ou fille portera votre nom.
Je ne saurais terminer sans remercier tous mes collaborateurs, toute la rédaction de Dakarposte qui m’a assisté, soutenu durant cette pénible épreuve.
Merci à tous ceux qui m’ont soutenu. Au premier rang desquels la Première Dame, madame Marème Faye Sall qui n’a ménagé aucun effort pour me venir en aide au cours des sept mois de maladie de ma chère maman.
Grâce à la Première Dame, les frais médicaux et frais d’hospitalisation ont été pris en charge presque entièrement. Si les médecins et l’argent pouvaient lui conserver la vie, ma chère maman serait encore parmi nous car mes amis ont consenti tous les efforts nécessaires afin qu’elle puisse bénéficier des meilleurs soins.
Sont de ceux qui m’ ont spontanément offert leur aide et prêté une attention particulière, le responsable de l’Apr dans le Fouta, le Directeur Général de l’ARTP Abdou Karim Sall, (mention spéciale à Harouna Dia), le ministre Abdou Aziz Tall, Dr Cheikh Diallo, messieurs Daouda Dia et Malick Seck, frère de la Première Dame, (mention spéciale à Maître Dior Diagne), le Directeur Général des Impots et Domaines, Cheikh Ahmed Tidiane Bâ, le Directeur des Domaines Mamadou Mamour Diallo , Mbagnick Diop Président du groupe Rewmi et Promo Consulting, Dame Dieng, administrateur de leral.net, Sheikh Alassane Sène , Ibrahima Diassé, Maître Nafissatou Diop Cissé, Sidy Same , Maître Madické Niang, Samuel Ameth Abdoulaye Sarr, Babacar Gaye, Ndèye Nar Thiam, Cheikh Mbacké Gadiaga, Serigne Khassim Mbacké, Oumar Foutyou Thiam dit Paco Jackson, Kany Guèye Papa Guèye Khar, Balla Camara Seck, Mar Tham patron de Getran, Mara Dieng, Ibrahima Diaw, Serigne Aramine Mbacké, Ibrahima Sow Kandji, Mme Seynabou Cissé , Papa Lamine Diop (ADS), Pape Diery Sène (ADS), Ousmane Laye Keinde, Ndèye Khady Guèye, ainsi que de nombreux amis et proches que je ne peux pas tous citer. Parmi eux, maître Ousseynou Gaye, maître Moustapha Ndiaye, le ministre Yakham Mbaye, son collègue Youssou Touré, El Hadj Dia, Ousmane Ba, Johnson Mbengue, Malick Mbaye et Serigne Habib Seck, entre autres. Qu’ils soient tous remerciés.
Je remercie également tous les confrères qui ont compati à ma douleur et m’ ont manifesté leur sympathie lors de cette épreuve. Que Dieu accepte leurs prières et agrée leurs vœux.
Mamadou NDIAYE
Journaliste d’investigations, Dirpub dakarposte.com