La désormais affaire de l’Autoroute à péage et le scandale de Gorée nous révèlent qu’en 2018, 60 ans après les indépendances et les sacrifices de nos ancêtres, des colons existent encore sous nos cieux avec leurs suppôts et avec le même modus operandi qui avait facilitéé l’esclavage et la colonisation.
Par ces lignes, je m’adresserai d’abord au premier de ces colons l’Ambassadeur Christophe Bigot et à tous ceux qui, dans un élan d’éternels soumis et complexés, tentent de justifier l’innommable qui se passe dans notre pays.
Excellence, nous avons suivi avec attention votre dernière entrevue relative au contrat de concession de l’autoroute à votre compatriote Gérard Sénac et la polémique née de l’insécurité sur cet ouvrage et de la nature même du contrat de concession. Cependant, en vous réécoutant, j’ai perçu à travers vos propos un manque notoire de respect à l’égard du peuple sénégalais qui vous accueille et de ses dirigeants. Il est vrai que nos dirigeants actuels et passés ont réussi, par l’on ne sait quelle alchimie à faire bénéficier à Gérard Sénac, votre compatriote que vous défendez, d’un contrat de concession que nul peut comprendre sous aucun ciel.
Gérard Sénac et le Sénégal, c’est l’image d’un chef de famille qui finance la construction de sa maison à plus de, plus de 100% et qu’un maçon véreux, par un tour de passe-passe, finit par en être le bailleur et la famille locataire. Jamais de mémoire de spécialiste des marchés publics, un tel PPP n’a existé dans le monde. En 2011, une frange de la société sénégalaise avait dénoncé sur tous les toits le montage financier de ce contrat préjudiciable au peuple sénégalais. Certains n’y avaient vu que de l’anti-wadisme primaire. Le président Wade ou son fils, n’étaient pas la cible de nos revendications mais la préservation des intérêts du Sénégal était notre seul motif. La vérité finit toujours par rattraper le mensonge nous dit l’adage. En 2012, nouvellement élu, nous avions attendu du PR Macky Sall, disposant de tous les pouvoirs que lui confère sa nouvelle fonction, qu’il mette fin à cette incongruité. Rien n’y fit et l’on ne sait toujours pas pourquoi le prolongement de cette même autoroute a été confié au même maçon toujours bailleur d’une maison qu’il n’a pas financée.
Excellence, Il vous est loisible de préserver vos intérêts et même de les sauvegarder. La croissance économique stagnante dans votre pays et la rude concurrence qui prévaut dans une économie mondialisée vous poussent à préserver ‘’l’Afrique’’, le pré carré comme il se dit dans votre jargon du Quai d’Orsay. Soit! Défendez vos entreprises en terre sénégalaise mais n’insultez pas le peuple que vos entreprises exploitent. N’essayez pas de dédouaner Eiffage de ses manquements sur la sécurité et ses tarifs usuriers de péage.
Excellence, en disant que les ‘’ Sénégalais se tuent tous les jours sur les routes sans l’autoroute’’, vous insultez la mémoire de nos morts et l’intelligence de tout un peuple. Vouloir justifier l’injustifiable ne doit pas vous amener à salir la mémoire des morts sur les routes et l’autoroute. Les souffrances découlant de ces pertes ne se ferment jamais et des milliers de familles sénégalaises pleurent encore des êtres perdus sur des routes et autoroute qu’un laxisme d’État abandonne sur des tronçons mal éclairés et mal signalisés. Ces tragédies touchent tout sénégalais et toute sénégalaise. Votre compatriote, sur l’Autoroute concédée, a une responsabilité civile et pénale et dans un pays débarrassé de ses colons et suppôts, il ferait face à ses responsabilités. Nous n’allons pas nous attarder sur l’arrogance de son adjoint Payerne qui avait fort bien campé la posture colonialiste de vos entreprises sur le sol africain.
Excellence, l’entreprise Eiffage n’a pris aucun risque dans la construction et l’exploitation de cette autoroute. Elle n’est que rentière! D’autres entreprises sénégalaises ou africaines pouvaient bien le faire à sa place. Ce PPP était un projet à risque zéro dans la façon dont il a été financé par le Sénégal et octroyé à Eiffage. Ce contrat de concession est une forfaiture faite au peuple sénégalais. Le Président Macky Sall, avec le soutien de tous les Sénégalais, a bien raison d’exiger sa renégociation et sa redéfinition entière tant dans la forme que dans le fond. C’est le minimum social qu’il doit aux contribuables nationaux dont les impôts ont servi à offrir un pont doré à Gerard Sénac.
Qu’il le fasse, les Sénégalais apprécieront mais qu’il laisse faire encore cette forfaiture, un autre Sénégalais le fera à sa place!
Il est bien fini le temps où la classe politique recueillait vos conseils-directives de gouvernance, sollicitait vos arbitrages et exécutait vos orientations sans broncher. Les nouveaux politiques sénégalais, sortis du peuple fier et nationaliste qui les a engendrés, sont décomplexés de votre pays et vous exigeront désormais respect et courtoisie dans vos déclarations. Le Monde de 2018 n’est pas celui des années 60. La Chine et l’Inde, la Malaisie et la Corée et j’en passe, ont appris au tiers-monde que tout peuple conscient de ses valeurs, prenant en main sa destinée pour se tracer une trajectoire propre parmi les Nations, est capable de se bâtir et de se fortifier pour les intérêts exclusifs de ses enfants.
Excellence, nous ne rêvons pas et savons que parmi nous, existent des gens qui vous vénèrent ou qui vous sont redevables vous et votre pays pour tout ce que vous leur octroyez en contrepartie de leur silence sur l’exploitation de l’Afrique et de ses ressources par votre pays. Difficile de l’admettre publiquement mais vous leur collez des médailles pour services rendus. Ce sont vos suppôts. Ils se recrutent dans tous les cercles de pouvoir et d’influence. Rien de nouveau sous le soleil des tropiques. Ils vous défendront contre toute contestation de votre mainmise sur les économies du pré carré. De la même manière qu’ils ont permis l’érection d’une place de l’Europe dans les entrailles de l’ile martyr de Gorée, lieu de mémoires, de souvenirs et d’expiations. Une abomination! Aucun financement, aucune aide budgétaire ne saurait justifier qu’une victime fasse l’apologie de son bourreau sur la partie de son corps la plus souillée! Les suppôts n’ont pas de conscience et manquent de confiance. Au bon vouloir du Maitre, ils perpétueront lâchetés et crimes pour plaire. Il en est ainsi depuis bien longtemps mais il est venu le temps qu’ils débarquent du navire Sunugaal.
Tant à Gorée que sur le péage, dans le pétrole comme dans le gaz, sur terre comme en mer, les suppôts indignes de notre Nation seront extraits du peuple, eux et les colons qu’ils servent pour un Sénégal digne et souverain dans une Afrique libre, forte et prospère.
N’entendez-vous pas le bruit sourdre de Kigali à Dakar, d’Abidjan à Brazza d’une Afrique qui ne chérit plus vos façons de faire sur ses terres, qui ne s’extasie plus des coupures venues de Chamalières et qui veut seulement vous ‘’dégager’’ de sa chair?
N’entendez-vous pas la clameur des jeunesses panafricanistes qui se hâtent sur les urgences continentales pour s’indigner de vos financements auxquels ils sont insoumis?
Excellence, Monsieur l’Ambassadeur, je ne saurais terminer sans vous dire que vous séjournez en terre de Téranga mais une terre sur laquelle un ‘’ndogou’’ offert, aussi copieux soit-il, ne peut effacer un discours aux relents néo-colonialistes et irrespectueux des morts et de l’intelligence de vos hôtes.
Kooruk Jam ak Xeweul!
M. Moussa DIAW
Président du Comité d’Initiative du
Mouvement pour la Préférence Nationale
‘’En Avant Sénégal’’