De Senghor le précurseur à Macky Sall l’actuel porte flambeau, les présidents sénégalais attachent beaucoup de prix à la bonne santé des relations entre l’Etat et la sainte cité de Touba, qui sont un gage de bien être pour le pays. Dakarmidi revient avec vous sur les temps forts de ces relations.
La République à ses débits, Serigne Fallou et Senghor en précurseurs
Au début étaient Léopold Sédar Senghor candidat député à l’Assemblée nationale française, et Serigne Fallou Mbacké (rta), second khalife général des mourides. Deux grands hommes unis dans un compagnonnage long, fécond et historique. C’est sur la place publique de Touba ou place de la mosquée que Senghor rencontra, pour la première fois celui qui sera, plus tard le levier sur lequel il s’appuiera pour gouverner avec succès le Sénégal. Pour l’histoire, Serigne Fallou, successeur de Serigne Modou Moustapha Mbacké, premier khalif général des mourides avait à cœur, d’achever les travaux de la mosquée de Touba, entamés quelques années plus tôt par son prédécesseur.
Il en été même omnibulé. Le marabout se heurtait cependant à la réticence de l’administration coloniale de l’époque. Qui ne voulait pas signer l’autorisation pour la reprise des travaux. C’est sur ces entrefaites que Senghor, en campagne pour sa candidature de député à l’Assemblée nationale française vient quérir les prières du saint homme. Et c’est devant la place sainte qu’il jura que s’il était élu député, il aiderait le marabout pour la reprise et l’achèvement des travaux de la mosquée. En entendant ces paroles , Serigne Fallou Mbacké prenant l’assistance à témoin dit: » Ça y est, il a remporté le morceau ! » Annonçant ainsi que Senghor a gagné d’avance le siège de député. Ce dernier respecta sa parole. Et le 07 juin 1963 il a assisté à l’inauguration de la moquée de Touba. Et celui qui se déclarait » fils de Serigne Fallou » au cours de ses multiples campagnes électorales avait beaucoup de succès auprès des masses rurales. D’ailleurs comme le lui avait prédit le saint homme, il n’a quitté le pouvoir que parce qu’il a voulu le quitter.
Abdou Diouf et Serigne Abdoul Ahad dans la continuité, la grande entente
En 1981, alors que le Président Abdou Diouf venait d’être installé à la tête du pays, l’homme avait décidé de s’inscrire dans la consolidation des relations entre la ville sainte et l’Etat. Lui se fera fils spirituel du marabout bâtisseur et assuma pleinement ce choix. Bien lui en fut puisqu’il sera bien apprécié par la communauté mouride du fait de ses relations privilégiées avec Serigne Abdoul Ahad. Il faut rappeler que l’attachement de Abdou Diouf envers le troisième khalife date d’avant son arrivée à la présidence. Déjà Premier ministre il rendait visite tous les trois mois à celui qui était pour lui un père et un conseiller. Une tradition qu’il continuera durant les 19 ans qu’il a passés à la tête du pays. Il est connu de tous que l’accompagnement de Serigne Abdoul Ahad dans la gestion du pays n’a jamais fait défaut au président Diouf. On se souvient encore du « ndiguel » de 1988 lors de l’élection présidentielle en faveur de Diouf, en pleine effervescence du Sopi incarné par Abdoulaye Wade.
L’ère du talibé Abdoulaye Wade
Peu avant 2000, le président Abdou Diouf perd ses principaux soutiens. Le rappel à Dieu de Serigne Abdoul Ahad et de Serigne Abdoul Aziz Dabakh, avaient coïncidé avec l’éveil d’un peuple qui n’avait pour exigence que le changement. Abdoulaye Wade le théoricien du Sopi (changement en langue wolof) avait en plus du soutien populaire, celui indéfectible de Serigne Saliou Mbacké. Qui avait décidé de l’accompagner dans son projet de sortir le pays de la pauvreté. Dès lors, la voie de l’alternance, la première, était inévitable. Le 25 mars 2000 le pape du Sopi est élu 03é Président de la République du Sénégal, par un peuple uni comme jamais.
C’est ici le lieu de rappeler qu’en plus de son élection, la bénédiction du Saint homme avait aussi valu à Abdoulaye Wade un plein succès dans le domaine des infrastructures qui ont métamorphosé la capitale du pays et dans le domaine agricole. En 2007, Serigne Saliou Mbacké est à son tour rappelé à Dieu. Commence alors les ennuis du Pape du Sopi. Et le début d’émergence de l’homme politique qui a été le dernier de sa branche à être reçu par l’illustre fondateur de Khelcom.
Macky le nouveau porte flambeau
Élu 4ème président du Sénégal en 2012, l’arrivée au pouvoir de Macky Sall coïncide avec l’avènement du 07ème Khalife de Touba, les chiffres 7 et 4 donnent 11, qui déchiffre la victoire et l’index d’un Saint homme sur un Chef d’Etat qui veut côtoyer la sagesse, le flair, la rapidité dans l’exécution de ses idées, Dieu dans sa pensée, où pureté semble se livrer à des types d’équations incertaines.
Le Khalife Serigne Sidy Makhtar Mbacké, qui a initié les 07 minarets, dira à Macky Sall: « de tous ceux qui cherchent à diriger ce pays, tu es le seul à qui j’ai entière confiance. » Des propos qui valent leur pesant d’or et qui devraient inciter le jeune président à souhaiter longue vie, au patriarche de Touba. Car autant les régimes de ses prédécesseurs étaient liés aux khalifats mourides de leur temps , autant son régime est étroitement lié au khalifat de Serigne Sidy Makhtar Mbacké. Tant il est vrai que de la bonne santé des relations entre l’Etat et Touba est nécessaire au bien être national.
La rédaction