Dakarmidi – En ce samedi matin pluvieux, notre réveil a été brutal avec l’annonce de la mort de Mbaye Guèye, grand champion de lutte. Premier tigre de l’écurie de Fass qui lui doit sa notoriété, il possède l’un des plus prestigieux palmarès dans le domaine de la lutte avec frappe. Sa témérité sans bornes, son culot, sa fougue débordante et sa technique de combat, ont fait que partout dans ce pays, il compte des admirateurs tous âges confondus.
J’ai eu en tant que reporter sportif, à l’époque Office de Radiodiffusion Télévision du Sénégal (ORTS), de couvrir le premier direct de télévision d’un combat de lutte au stade Demba Diop. Ce combat était une revanche que double Less accordait à Mbaye Guèye dans le mythique stade Demba Diop. Dès les premières heures de la matinée, le stade avait fini de faire son plein. Un peu avant 18 heures, l’arbitre, un certain Fall, donnait le coup d’envoi du combat. Sans observer le traditionnel round d’observation, Mbaye Guèye à la manière du Tigre, surprend Double Less en le ceinturant. Avec un coup de rein d’une exceptionnelle précision et rapidité, les deux lutteurs vont à terre et dans mon réflexe de reporter, je criais au micro : « Mbaye Guèye daan nako », littéralement : « Mbaye Guèye l’a terrassé ». Jusqu’à ce jour, l’arbitre n’a jamais donné le verdict de ce combat célèbrement baptisé « le combat sans verdict ». En mon âme et conscience, Mbaye Guèye avait terrassé son adversaire. Dans l’histoire de Mbaye Guèye, on retiendra que la destruction des arènes sénégalaises de Fass relève de sa propre responsabilité.
En effet, devant lutter contre Daouda Fall ou Alioune Fall tous deux appartenant à l’écurie du Walo, il est venu en retard et a voulu s’installer à la place déjà occupée par les accompagnateurs du Walo-Walo ; bousculades injures, bagarres entre supporters des deux camps et voilà qu’il boude l’arène. Les tribunes de fortune furent détruites et les chaises emportées par les amateurs mécontents. C’est ce jour là que fut signé l’acte de mort des arènes Makhary Thiam, plus connues sous le nom de arènes sénégalaises. N’ayant plus un grand espace pour abriter les grandes affiches , le ministre des sports de l’époque monsieur Joseph Mathiam autorisa l’ouverture des stades à la lutte. Il faut reconnaître que si les cachets des lutteurs ont atteint et franchi la barre du million, c’est à Mbaye Guèye qu’ils le doivent. Il a été à la base de plusieurs innovations heureuses en faveur des lutteurs.
Nous présentons nos condoléances à sa famille, au monde de la lutte et à tous ceux qui ont aimé cette discipline grâce à lui. Qu’il repose en paix.
Majib Sène