Dakarmidi – La politique au Sénégal se définit comme un habitué de l’alcool, jamais stable, toujours imprévisible. Le meilleur exemple, les retrouvailles depuis quelques temps, entre Abdoulaye Wade et Idrissa Seck au sein de la nouvelle coalition de l’opposition. Les deux pires ennemis en politique étaient entrés en conflit le jour où Karim Wade avait décidé de mouiller le maillot aux côtés de son père.
Aujourd’hui, leur relation est devenue tellement mielleuse qu’Idrissa Seck joue les intermédiaires entre Wade et l’opposition d’une part, et entre le Pape du Sopi et Khalifa Sall d’autre part. Mais Wade en fin stratège, toujours dans la dynamique de voir son fils remplacer Macky Sall après 2019, joue intelligemment sur le tableau des probabilités et des équations à plusieurs inconnus.
Ce que toute la classe politique ignore, c’est la vraie issue finale des prochaines législatives. Somme toute, Wade n’a pas le même schéma ni le même agenda que ces hommes qui composent la nouvelle coalition « Mankoo Taxawu Senegal ». Le Pape du Sopi a plus de 70 ans de militantisme politique, et cette situation qui s’offre à notre pays à la veille des législatives de Juillet, qui présage de manière subsidiaire la victoire de l’opposition, ne l’excite pas ni ne l’emballe.
Car il est persuadé, que loin de l’euphorie, les réalités sur le terrain sont tout autres. Il a connu cette même situation sous Diouf, en 1988, puis en 1992, quand tous les observateurs ne doutaient guère que la fin de règne des socialistes avait sonné, mais en ce moment si crucial de l’histoire de notre République, seul Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum avait compris que ces prémices annonçaient certes la fin de règne de Diouf, mais qui ne sera effective qu’après 08 ans c’est-à-dire en 2000.
Et aujourd’hui, en pleine maturité, Wade a compris les mystères qui entourent la répétition de l’histoire sous ses formes les plus généreuses, et dans son esprit de marathonien hors pair, il comprend cette situation avec aise, mieux que quiconque, et se prépare à la gérer avec intelligence. Il est persuadé qu’il faut la passer avec subtilité dans la forme comme dans le fond, avec douceur et tactique, tout autant il sait qu’il faut aussi mettre dans ce bateau qui doit traverser ce moment de déluge, des « explosifs », pour liquider à tout prix tous les potentiels adversaires de son fils, y compris son nouvel allié, Idrissa Seck, à qui il réserve la mort politique la plus inexorable.
Mais Wade est aussi un génie dans l’art politique, sans être devant la marmite, il surveille de près la cuisson, a déjà dressé la table et posé les couverts, attendant patiemment l’heure fatidique, loin de 2017, après 2019, pour servir Karim Wade, son fils biologique, son rêve de toujours. Évidemment qu’Idrissa Seck ne verra que du feu, il va de toute évidence, tomber encore dans ce nouveau piège dressé par Wade, qui le connait mieux que quiconque dans les airs du jeu politique sénégalais.
Même si l’ancien PM est persuadé que son intelligence capte et désamorce toute espièglerie, mais en même temps, son vœu de « liquider » Macky Sall l’obnubile au point qu’il calcule mal toutes les données soumises à ses neurones. Demain fera jour, Wade restera le même, cet homme, ce grand politicien qui aura chipé des mains de Senghor le récépissé du PDS, emmené Diouf à la retraite forcée sans effusion de sang et cette fois-ci, loin des terres de ses conquêtes et de prédilection, préparer depuis Versailles, l’intronisation future du dernier des « Mohicans », ce dernier, qui attend follement cette heure sonnée, depuis sa prison dorée à Doha.
La Rédaction