Dakarmidi – J’ai appris avec une profonde émotion le rappel à Dieu d’un des plus illustres fils de côte d’ivoire Laurent Donan Fologo. Je l’ai connu alors qu’il était Ministre de la jeunesse et des sports de son pays à l’époque où le Président Félix Houphouët Boigny régnait sans partage dans ce beau pays qui tissait toute la trame de son fabuleux destin sur les rivages de la lacune. D’abord directeur du quotidien Ivoire Matin, il entretenait des relations de confraternité avec feu Bara Diouf qui dirigeait Dakar Matin ancêtre du quotidien Le Soleil. Puis ses relations se consolidèrent avec feu François Bob, lui aussi Ministre de la jeunesse et des sports sous le règne des Présidents Senghor et Abdou Diouf.
Plus d’une fois Fologo est venu au Sénégal soit en visite officielle ou privée, tellement il se sentait chez lui dans ce pays de charme et de sortilèges qui tend ses bras à tous les visiteurs, telle une fille amoureuse. Plus d’une fois il affirmait sans ambages que le Sénégal est une terre de germination des plus belles fraternités en plus d’être un carrefour incontestable d’échanges et de partage des idées qui font avancer notre continent. Grâce à François Bob dont j’étais le conseiller de presse, j’ai connu ce gentleman d’une élégance raffinée et d’une culture qui forcent le respect et l’admiration. Il était tellement éloquent et convainquant qu’on ne se lassait jamais de l’écouter. Sa générosité de cœur et d’esprit se mesurait à l’aune de sa naissance mais également de son éducation dont le maître n’était personne d’autre que le Président Houphouët Boigny, père de l’indépendance de la côte d’ivoire. J’ai pu mesurer à quel point il aimait le Sénégal lorsque celui-ci avait décidé de porter la candidature de notre compatriote Amadou Lamine Ba au poste de Secrétaire Général du Conseil Supérieur du Sport en Afrique. Il avait convaincu le Président Houphouët de soutenir la candidature sénégalaise et menait campagne au côté de son frère et ami François Bob.
Aux jeux olympiques de Séoul, il fut l’une des premières personnalités ouest africaines à fêter la médaille olympique de Amadou Diaba, prouvant une fois de plus son attachement à notre pays. Fologo a servi son pays de la plus belle des manières et partout où il a servi en tant qu’homme d’état, il a remporté des victoires éclatantes et rayonnantes, grâce à sa mystique du travail bien fait et l’abnégation. Il faisait partie des plus grands serviteurs de son pays qu’il aimait d’un amour sans partage. Il était l’un des artisans majeurs de l’axe Dakar-Abidjan, en prenant appui sur le sport. Il est parti après une vie remplie, en emportant dans sa tombe toute la gloire de sa génération.
Laurent Donan Fologo est donc parti comme s’en sont allés les autres et s’en iront tant d’autres encore. Rencontrer la mort sur le terrain de la vie sans pouvoir l’éviter est assurément un sort pénible. Mourir sur le terrain de la vie un jour où le soleil s’enflamme au couchant rend triste et morose comme les fleurs immatures d’un printemps précoce.
Ce soir cher Fologo, quand la clameur s’estompera, nous rejoindrons les cantatrices de ton village natal pour que nos voix sublimes et emplies de tristesse entonnent en hommage à ta vie bien remplie, un dernier chant d’adieu.
Ainsi nous souhaiterions pouvoir lire sur ta tombe, cette épitaphe de Henry de Montherlant « …passant ne me plains pas. J’ai pris et j’ai donné dans une mesure convenable. Et c’eût été injuste que seul je fusse immortel ».
Majib Sène
Add A Comment