Dakarmidi – C’est toujours le flou artistique en ce qui concerne la cession de Tigo. La multinationale ayant décidé de travailler avec un nouveau consortium, les lobbies sont entrés en jeu. Conséquence: un décret est venu tout remettre en cause. 1000 questions….
Une transaction conclue entre deux privés et finalement résiliée pour non-respect de certaines dispositions ! Quoi de plus normal, naturel et récurrent dans le monde de la haute finance. Mais, voilà qu’un décret, sorti des cuisses de Jupiter, vient tout remettre en cause. Ajoutant la confusion à une confusion déjà si grande. Le décret approuvant la cession de la licence d’exploitation des réseaux de communications ouverts au public de Sentel GSM à Wari SA, au lieu de couronner une transaction alors applaudie par tous les compatriotes sénégalais, ouvre une période sombre et lourde de contentieux. Pourquoi attendre que Millicom contracte avec un consortium respectable et respecté, composé de personnalités riches, crédibles et connues dans le monde des télécoms pour «signer» (notez bien les guillemets) un décret attribuant le «bien» de la multinationale à une autre société? Il faut le dire tout net: le président de la République n’est pas en cause. Le décret était dans le circuit depuis bien longtemps. Mais, pourquoi attendre le 1er août pour le dater? Qui a intérêt à mettre du sable dans la transaction entre la multinationale Millicom et le consortium composé du Groupe Teyliom Telecom, NJJ et de Sofima géré par le Groupe Axian?
Depuis quand un décret est publié via les réseaux sociaux? Comment un décret jusque-là pas encore publié au Journal Officiel peut-il se retrouver dans les réseaux sociaux?
AMITIÉ AVEC LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Depuis lundi, jour où la transaction avec le consortium Teyliom Telecom, NJJ et Sofima a été rendue officielle, des lobbies avaient commencé à véhiculer, ça et là, l’information selon laquelle le Premier ministre avait demandé à l’Artp de s’y opposer. Pure intox. Une information fausse de bout en bout, d’autant que Mahammed Boun Abdallah Dionne a dit à ses collaborateurs que c’est une affaire entre privés et que l’État n’a rien à faire là-dans.
Maintenant, ce sont les relations amicales que le président de la République entretient avec l’une des parties qui sont agitées. Comme si on perdait la raison. En oubliant que le chef de l’État est une institution et qu’il défend les intérêts du Sénégal et des Sénégalais, pas des particuliers.
D’ailleurs, sur l’amitié, tout le monde sait que le Président Sall et Yérim Sow entretiennent d’excellentes relations et cela date de longtemps. La preuve: au plus fort des incertitudes de 2012, c’est à l’hôtel Radisson, propriété de Yérim Sow, que le candidat Macky Sall s’était retranché avec son staff. Il y passait même la nuit. Son premier discours en tant que Président élu, c’est de l’hôtel Radisson qu’il l’a fait. N’empêche, dans cette affaire, il ne tranchera pas pour un ami, il approuvera ce que les deux parties contractantes ont décidé. Et là, la multinationale Millicom a décidé de travailler avec le consortium Teyliom Telecom, NJJ et Sofima et rien, ni personne ne pourra le changer. Même pas les lobbies et les pressions.
Cheikh Oumar Ndaw (Les Echos)