L’annonce du rappel à Dieu du célèbre homme de radio que fut Ibrahima Dem, a provoqué le désarroi et la désolation chez plus d’un. C’est parce que l’homme avait servi son pays de la plus belle des manières sans aucun nœud de fragilité. Journaliste émérite, homme de radio d’une grande envergure, il avait l’art de séduire les auditeurs de radio sénégal d’autrefois avec sa voix flûtee sublimée par l’accent saint Louisien.
Il s’est révélé en 1968 à l’occasion du rappel à dieu du Président Lamine Guèye. C’était une après-midi ensoleillée pendant laquelle les mouettes en nombre multiples, survolaient l’espace mythique du cimetière des abattoirs à la recherche d’une fraîcheur. Une foule compacte, engluée dans la compassion, accompagnait le défunt vers sa dernière demeure. Alors Ibrahima Dem, en direct sur les antennes de radio sénégal, assurait la retransmission de l’immense convoi funèbre. Inspiré par une manne céleste, il décrivait avec des mots bien ciselés et d’une beauté circonstanciée, la marche pesante de la foule pétrifiée. Puisant dans le livre saint du coran des sourates adaptées à la situation, il s’efforçait de ramener les pleurards et les moroses à la réalité divine. Son reportage était tellement poignant et fiévreux, que les auditeurs demandaient une seconde diffusion.
Spécialiste du journal parlé, il n’en était pas moins un succulent animateur dont l’émission vedette intitulée les voix de bronze, nous familiarisait avec le roman des grands chanteurs noirs d’amérique. Conseiller à la présidence de la République puis consul général à Casablanca capitale économique du Royaume chérifien du Maroc, il prit sa retraite après avoir servi son pays. Signalons que pendant quelques temps, il fut président du conseil d’administration de la rts. Je garde un merveilleux souvenir de ce confrère dont le savoir faire, la loyauté et l’indulgence sont absolument dignes d’éloges. Plaise à Allah SWT qu’il repose dans les splendides jardins de firdawsi, parce la grâce du prophète mouhamed psl amine.
Majib Sène