« Assumer l’histoire, quelle qu’elle soit » Abdoulaye Wade
Honorable père,
l’honneur m’échoit de vous adresser cette lettre pour vous rendre les vœux conférés à votre illustre rang d’homme d’Etat sage, altruiste, profondément panafricain, doté d’une fine intelligence.
Le Sénégal vous écoute. Chaque sénégalais dans son intime conviction pense vous devoir reconnaissance. Et à juste titre. Vous avez donné votre jeunesse, votre carrière, votre vie, à notre nation. Vous vous êtes élevé par votre glorieux parcours au statut d’icone politique africaine, au même rang que Mandela.
Je voudrais à travers cette correspondance, écrite avec humilité, vous rafraîchir la mémoire aux frais de l’histoire. En effet, lorsque je vous avais proposé, au lendemain des législatives truquées, de créer un bouclier autour de votre éminente personne, pour sauver notre République, vous me disiez, satisfait, que ce sont les idées qui mènent le monde. Ensuite, vous m’aviez envoyé voir tous les leaders de l’opposition dont Idrissa Seck. L’ex-PM d’un sourire nostalgique, se rappelait d’ailleurs des grands moments de votre compagnonnage d’une si profonde intensité.
Le temps, à ses épreuves, quelques parsemées de blessures, de dérives et d’injustices, ne doit pas nous ôter l’idée d’élever ceux qui les ont subies à tort et qui les ont endurées avec dignité; et de sanctionner, à la hauteur de leurs fautes, avec intelligence, ceux qui les ont causées par vice et par désir excessif de pouvoir.
Le lobby qui a provoqué votre séparation, a aussi emprisonné votre fils, a tenté de détruire votre famille et votre image, je ne fais que parler les sombres pages de notre histoire politique. Il a usé des mêmes subterfuges pour m’emprisonner, et hypocritement, au nom de la justice, priver de liberté Khalifa Ababacar Sall. C’est ce même lobby qui a privé les femmes de parole pour cette élection si cruciale. Dès lors, un boycott serait dangereux pour le pays et pour son avenir. Il serait plus favorable à Macky Sall, qui ne cherche qu’à vous le faire dire, alors qu’il a perdu toute légitimité à la tête du pays, au lendemain de son fameux référendum de mars 2016. Et je suis persuadé que vous ne tomberez jamais dans son piège.
Honorable père,
Il nous faut aller vers une alternative à cette alternance usurpée, et au-delà de regrouper votre famille libérale, rassembler tout le peuple sénégalais autour d’un idéal, le même pour lequel vous vous êtes battu avec force et courage près d’un demi-siècle, et pour lequel vous continuez de vous battre encore.
L’histoire nous impose en effet de la réhabiliter, son galvaudage a assez duré, faites-nous cher Maître, l’honneur d’être aux côtés de votre fils Idy comme ce fut le cas en 2000, quand il fut votre directeur de campagne. Vous le présentiez au peuple comme un petit génie, plein d’avenir, surtout que le temps comme ses péripéties vous ont encore donné raison. La lumière qui est entre vos soyeuses mains ne se transformera jamais en flamme dévastatrice, j’en suis profondément convaincu.
Cher père,
les portes du palais vous sont grandes ouvertes à nouveau. En 2012, vous les aviez franchies avec dignité, aisance et élégance, sans même vous retourner. Devant l’histoire et face au rétablissement de la vérité, ne déclinez pas ce cadeau merveilleux que le Seigneur, plein de mansuétude, vous tend encore une nouvelle fois.
Je vous demande en toute solennité, cher père et ami, de réfléchir à ma sollicitation, quand bien même elle n’aurait aucun impact sur votre décision.
Nous ne cessons de prier pour vous. Je serai à l’aéroport pour vous accueillir, aux côtés du peuple, dans la masse. Je vous renouvelle en même temps mes amitiés, ma fidélité et cette grande estime que j’ai à votre égard.
Respectueusement
Shasty