Dakarmidi – Le réseau social aux 2 milliards de membres poursuit ses emplettes dans l’intelligence artificielle en rachetant la startup américaine Ozlo. Facebook va intégrer sa technologie à « M », son assistant personnel sur Messenger chargé de dialoguer avec les utilisateurs pour leur proposer des produits et des services.
Dimanche 30 juillet, Facebook a mis fin à une expérience d’intelligence artificielle sur Messenger « car les choses devenaient hors de contrôle ». Et pour cause : ses robots conversationnels, qui devaient négocier entre eux pour s’échanger des objets virtuels afin de les préparer à converser de manière complexe avec les utilisateurs, se sont mis à parler dans une nouvelle langue qu’ils ont créée, incompréhensible pour les chercheurs, dépassant largement le périmètre de leur mission.
« M », l’assistant personnel de Facebook dopé à l’IA, pas encore assez intelligent
De quoi refroidir les ardeurs de Mark Zuckerberg dans l’IA ? Pas le moins du monde. Le réseau social aux deux milliards d’amis vient d’acquérir la startup d’intelligence artificielle Ozlo, pour un montant non communiqué. L’opération vise à intégrer la technologie de la jeune pousse à son assistant personnel sur Messenger, baptisé « M », pour le rendre plus intelligent lors des interactions avec les humains, notamment pour leur proposer des produits et services à acheter.
Il faut dire que M avait bien besoin d’un petit coup de pouce. Après deux ans de développement, le service devait être lancé en avril dernier, à l’occasion du F8, la conférence annuelle des développeurs de Facebook. Mais un « défaut de conception », euphémisme pour masquer l’incapacité de M à proposer des recommandations pertinentes, a retardé l’échéance. Facebook a préféré l’ouvrir en mode beta aux développeurs pour l’améliorer au fil de l’eau.
Un corpus de connaissances pour les robots conversationnels
Créée en novembre 2013 à Palo Alto, dans la Silicon Valley, par Charles Jolley, un ancien chef de produit chez… Facebook, la startup Ozlo a développé une technologie permettant d’enrichir la base de connaissance des robots conversationnels sur de nombreux sujets. Elle leur fournit ainsi un corpus de culture générale qui doit leur permettre de mieux comprendre leur interlocuteur humain, afin de délivrer des réponses plus pertinentes, tout en rendant les conversations plus « naturelles ».
La startup, qui emploie 30 employés et a levé 14 millions de dollars depuis sa création, déménagera une partie de ses employés dans les locaux de Messenger situés au siège de Facebook, à Palo Alto (Californie). Elle a aussi mis au point une expertise dans l’extraction de la donnée ou encore la reconnaissance d’intention. Des technologies qui devraient aider Facebook à tenir les promesses de M, qui se destine à concurrencer les assistants personnels intelligents leaders du marché aux Etats-Unis comme Alexa d’Amazon, Google Assistant et Siri d’Apple.
Facebook à la recherche de relais de croissance
Il ne s’agit pas de la première acquisition de Facebook dans le domaine de l’intelligence artificielle, loin de là. D’après le cabinet d’études technologiques CB Insights, Facebook fait partie du trio de tête, derrière Google et Apple, dans le rachat de startups dans ce domaine depuis cinq ans.
Ces géants du Net poursuivent le même but : améliorer et étendre leurs services, étouffer la concurrence et dominer les nouveaux usages. Facebook, qui vit de la publicité qui représente 98% de son énorme chiffre d’affaires, y voit aussi un relais de croissance pour rentabiliser Messenger et devenir la plateforme de référence pour tous les usages en ligne du quotidien.
Depuis 2012, Facebook a ainsi racheté cinq startups, dans les domaines de la reconnaissance faciale (face.com en 2012, Masquerade en 2016), de la reconnaissance vocale (JibbiGo en 2013), de la traduction automatique (Wit.ai en 2015) ou encore de la vision par ordinateur (Zurich Eye, racheté par sa filiale Oculus, en 2016). Il y a deux ans, le groupe a même ouvert, à Paris, son propre laboratoire d’intelligence artificielle, baptisé FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) et dirigé par le français Yann Le Cun.
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