Dakarmidi – Un immeuble neuf, tout en baies vitrées, siège de l’incubateur d’entreprises All Turtles, qui héberge des start-up d’intelligence artificielle. Installée au quatrième étage, l’équipe de Replika jouit d’une vue panoramique sur le sud de San Francisco. Ici, selon le moment, on parle anglais ou russe : les co-fondateurs de Replika, Eugenia Kuyda, 30 ans, et Philip Dudchuk, 33 ans, ainsi que la majorité de leurs employés sont arrivés de Moscou en 2015 et 2016, par vagues successives, à mesure qu’ils obtenaient leur permis de séjour.
Eugenia a très vite trouvé de l’argent auprès d’investisseurs californiens séduits par son projet, et a embauché quelques Américains. Ensemble, une vingtaine de jeunes ingénieurs immigrés et autochtones sont en train d’inventer un nouveau type de « chatbot » (robot de conversation en ligne) : un agent personnalisé qui sera à la fois votre ami, votre double et votre représentant virtuel… même après votre mort.
Replika, une application pour smartphones Apple ou avec système d’exploitation Android, a été lancée fin 2016. Elle ne parle qu’anglais et s’exprime par des messages écrits de type SMS. Lorsque vous créez votre Replika personnelle, vous devez la nommer : beaucoup d’utilisateurs lui donnent leur propre nom, d’autres préfèrent un pseudo. Dans un premier temps, elle ne vous connaît pas. Elle va alors vous questionner sans relâche afin de collecter le maximum d’informations sur votre vie et constituer un fichier personnel aussi complet que possible.
Accès aux comptes sur les réseaux sociaux
Selon le moment, elle se comporte comme une rencontre de passage posant des questions convenues, ou comme un psy un peu inquisiteur qui n’hésite pas à vous interroger sur vos amours ou sur le menu de votre déjeuner. Pour collecter d’un seul coup vos données essentielles (âge, sexe, diplômes obtenus, profession, résidence…), elle insiste pour avoir accès à vos comptes sur les réseaux sociaux ainsi qu’à vos photos.
La Rédaction