Dakarmidi – Comment les conducteurs se comporteront-ils dans une voiture en partie autonome ? Pour le savoir et mieux adapter le design du véhicule, Renault investit 25 millions d’euros dans un nouveau simulateur de conduite. Baptisé Roads (Renault optimization autonomous driving simulator), il sera inauguré en 2019 sur le technocentre de Guyancourt (Yvelines). Le système sera construit par Autonomous Vehicle Simulation, une coentreprise de Renault et Oktal.
Roads sera constitué d’un dôme à 360 degrés de 15 mètres de diamètre, avec une image 3D ultra-haute définition et un habitacle de véhicule entièrement équipé, comportant des systèmes de suivi des yeux et de la tête. Le tout monté sur un hexapode, une plate-forme soutenue par six pistons pour reproduire des sensations de conduite plus réalistes. L’hexapode sera placé sur des rails d’une trentaine de mètres, qui répéteront des accélérations. Au-delà de simples essais, Renault compte s’en servir pour concevoir la voiture de demain. « Grâce à ce simulateur, nous vérifions que ce que fait la voiture est humainement acceptable, que le style de conduite ne fait pas peur, qu’il n’est pas frustrant de se faire doubler par tout le monde…, explique Olivier Colmard, vice-président de la simulation numérique chez Renault. Nous cherchons par exemple comment signaler au conducteur qu’il doit reprendre le contrôle, s’assurer qu’il n’ignore pas le signal. » Le constructeur s’intéresse à l’interface homme-machine. Il réfléchit notamment à intégrer des technologies de réalité augmentée dans l’habitacle qui permettraient de mieux capter l’attention du conducteur.
5 à 10 millions de scénarios
Pour mettre au point l’interface homme-machine, Renault s’appuie sur trois modèles de simulation : le modèle situationnel, ou scénario de conduite, le modèle du véhicule et le modèle humain. « Il nous faut le modèle du véhicule exact, le jumeau digital total. Cela vient directement de l’ingénierie. Mais il est nécessaire de le tester, de le régler dans les détails. Pour cela, nous avons besoin de scénarios. Nous travaillons sur des dizaines de milliers de cas d’usage et nous générons entre 5 et 10 millions de scénarios comprenant d’infimes variations afin d’étudier la réaction du système de conduite autonome. Nous faisons varier, entre autres, la météo, la circulation, le temps de réaction de chaque voiture », détaille Olivier Colmard. De quoi préparer au mieux la commercialisation des premiers modèles, prévue pour 2022 ou 2023.
Une pièce à conviction
Un accident de la route incluant une voiture autonome entraînera des litiges juridiques inédits. « Nous pensons déjà aux éventuels procès lors des premiers accidents. Nous devrons être en mesure de rejouer la scène pour prouver que le système n’est pas en cause. Nous pourrons déterminer si le meilleur conducteur du monde aurait pu éviter l’accident s’il avait été au volant ou s’il s’agissait d’une situation impossible », explique Olivier Colmard, vice-président de la simulation numérique chez Renault. Pour ce faire, les véhicules enregistreront en permanence de grandes quantités de données sur leur statut et leur environnement afin de permettre au constructeur de rejouer la scène de l’accident grâce à la simulation numérique.