Dakarmidi – C’est une des anciennes stars du Smartphone qui tombe définitivement de son piédestal. Ce 21 septembre, Google a annoncé le rachat partiel des activités de HTC, déboursant au passage quelque 1,1 milliard de dollars (924 millions d’euros). Il met ainsi la main sur les licences de propriété intellectuelle du constructeur taïwanais, ainsi que sur la moitié des équipes de HTC employées dans la recherche, soit environ 2.000 personnes. Bon nombre d’entre elles travaillent déjà sur le smartphone Pixel du géant de la Silicon Valley. L’accord, encore soumis à autorisation, devrait être effectif début 2018.
Si la rumeur de cette acquisition courait depuis plusieurs semaines, elle tombe à point nommé pour Google, qui cherche à renforcer ses positions sur le marché des appareils mobiles. Et à ne plus être cantonné à la seule partie logicielle, lui qui s’est offert la première place côté logiciels avec Android, le système d’exploitation le plus répandu au monde – qui équipe désormais la quasi-totalité des smartphones face aux iPhone d’Apple. D’autant que Google doit dévoiler son prochain smartphone, le Pixel 2, le 4 octobre.
Pour renforcer ses positions sur les terminaux mobiles, il avait déjà racheté Motorola en 2011 pour une petite fortune – 12,5 milliards de dollars – avant de le revendre au chinois Lenovo en 2015 pour à peine 3 milliards de dollars (mais en gardant ses nombreux brevets)
Avec cette acquisition d’une partie des activités mobiles de HTC, Google avalise ses relations avec celui qui était jusque là un de ses partenaires privilégiés. Une partie des équipes de R&D de HTC, désormais dans le giron de Google, travaillaient donc déjà sur son smartphone Pixel. HTC est en effet déjà l’un des fournisseurs de Google, qui a lancé Pixel, le smartphone sous sa marque, l’an dernier.
Star déchue
Une chose est sûre, en tombant dans le giron de la firme de Mountain View, c’est une de anciennes stars du secteur extrêmement concurrentiel des smartphones qui tombe de son piédestal. Faute d’avoir pu tenir son rang face à Apple et Samsung et aux marques chinoises comme Huawei.
En 2010, années fastes, HTC faisait encore figure de précurseur sur le plan technique. «Il a été le premier constructeur à sortir un smartphone tournant sous Android, puis à sortir un téléphone avec Microsoft, en 2005, à faire un écran tactile multitouch avant l’iPhone, à faire de la 3G et de la 4G, etc», rappelle Cédric Mangaud. Un passé de précurseur, que rappelle d’ailleurs la vidéo historique mise en ligne par la marque. L’entrepreneur, fondateur de la start-up d’objets connectés Piq, sait de quoi il parle: il a siégé au management board de la société taïwanaise entre 2010 et 2013, lorsqu’il leur a revendu sa start-up Abaxia, spécialisée dans la création d’applications mobiles.
Durant leurs meilleures années, «ils étaient perçus comme la solution concurrente d’Apple pour les opérateurs, avec des appareils moins chers, puisque basés sur Android», poursuit-il. De fait, en 2010, HTC vendait 21,5 millions d’appareils mobiles, occupant alors 7,1% de parts de marché des smartphones.
Seulement voilà: progressivement, HTC s’est vu déchu de la place de substitut d’Apple par le sud-coréen Samsung, dont le lancement de la gamme de smartphones Galaxy S, en 2010, a consacré son arrivée sur le marché des smartphones premium sous Android. Sans compter sur la kyrielle de concurrents, tels Sony, LG et Motorola, au marketing plus aiguisé. Puis le couperet est tombé pour HTC avec l’arrivée d’acteurs chinois, tels Huawei, ZTE et Xiaomi.
HTC a peut-être perdu, aussi, avec le départ en 2016 de Peter Chou, son fondateur visionnaire, qui avait lancé son entreprise sur les rails de la réalité virtuelle. «Il a alors été remplacé par Chia-Lin Chang, un banquier, qui n’était pas du sérail. Il a mis en difficulté HTC en ne prenant jamais prendre de risques», remarque un observateur.
Pour autant, HTC ne cède pas tous ses actifs. Il conserve une partie de ses activités mobiles, et continuera de sortir ses propres modèles de smartphones, sous sa marque. Il conserve aussi les activités liées à son casque de réalité virtuelle, le HTC Vive.
Source : Challenges