Dakarmidi – Impressionnant et sans pitié. Les Allemands se hissent dans le dernier carré, et attendent désormais l’OL ou City en demies. Quel carnage !
Le match : 8-2
C’est le genre de rencontres dont on se souviendra longtemps. Très longtemps, même. Ce Final 8 improvisé est déjà entré dans l’histoire de la Ligue des champions, il vient d’y être rejoint par ce Barça-Bayern, pour des raisons sportives, cette fois. Une démonstration. Et, évidemment, les comparaisons avec le Brésil-Allemagne de la Coupe du monde 2014 (1-7) ont émergé aussi vite que les Barcelonais prenaient l’eau au stade de la Luz. Ou stade de la « lose », en l’occurrence.
On savait Munich très fort en 2020, malgré un entraîneur, Hansi Flick, encore inconnu du grand public il y a neuf mois. Assez pour accoucher d’un rouleau compresseur, qui a franchi un nouveau palier ce vendredi soir. C’est simple : jamais une équipe n’avait inscrit quatre buts lors de la première demi-heure d’un match à élimination directe de C1. Pire, jamais une équipe n’avait marqué huit buts dans un match à élimination directe de C1. Et, inversement, Barcelone n’avait plus encaissé cinq buts ou plus lors d’une rencontre européenne depuis plus de cinquante ans. C’est dire si l’on a assisté à un événement historique.
Il fallait voir l’abattement de Messi, dans les vestiaires, à la mi-temps. Certes, son Barça réalisait déjà l’une de ses pires saisons depuis un bon moment, mais de là à être corrigé de la sorte… Quique Setién avait pourtant préféré Sergi Roberto à Griezmann dans son onze, histoire de densifier et sécuriser l’entrejeu, dicter le tempo et fermer les espaces. Ses joueurs ont fait tout le contraire, et, résultat, les deux lignes de quatre ont vite volé en éclats. Müller (4e, 1-0, et 31e, 4-1), Perisic (22e, 2-1), Gnabry (28e, 3-1) et Lewandowski (82e, 6-2) n’en demandaient pas tant.
Les Barcelonais y ont quand même un peu cru, quand Alaba a marqué contre son camp et égalisé (7e, 1-1), ou quand Suarez a réduit l’écart et redonné de l’espoir à la reprise (57e, 2-4), mais les Bavarois ont, en fait, encore pris plus de plaisir à les enterrer pour de bon. Davies s’est d’abord amusé avec Semedo puis Kimmich a poussé le ballon au fond (63e, 5-2), une action initiée par l’arrière gauche et conclue par l’arrière droit qui résume assez bien cette leçon collective. Même Coutinho, prêté par Barcelone (!), a contribué à l’humiliation avec un doublé (85e, 7-2, et 89e, 8-2). Heureusement qu’il n’y a pas de match retour…
Le joueur : Müller, seconde jeunesse
Il est la définition du mot « renaissance ». Alors qu’il semblait en plein déclin, et que le passage de Niko Kovac sur le banc bavarois a été terrible pour lui, Thomas Müller est un homme nouveau depuis le début de l’année. Avec Flick, le meilleur jeune et meilleur buteur du Mondial 2010 a retrouvé un coach qui lui fait confiance et lui donne les clés du jeu. On l’a encore vu à Lisbonne.
Comme contre le Brésil en 2014, c’est Müller qui a ouvert le score et donné le ton d’une soirée mémorable. Dans la foulée d’un superbe sauvetage de Boateng, le meneur allemand a trompé Ter Stegen après une combinaison géniale avec Lewandowski. Et c’est aussi lui qui a tué le suspense, en devançant Lenglet sur un centre parfait de Kimmich pour le 4-1. Une soirée d’autant plus spéciale pour Müller qu’il est devenu le joueur allemand le plus capé en Ligue des champions, avec 113 apparitions, et le dixième meilleur buteur de l’histoire de la compétition, avec 46 réalisations.
Le fait : adios Setién
« On est arrivés à un point… Ce n’est plus possible. Il faut changer des choses. » Telle a été la réaction lucide de Gérard Piqué à l’issue de la rencontre. Parmi les changements à venir, il ne fait – presque – plus aucun doute que Setién va être remercié. C’était la tendance en cas d’élimination, alors que dire avec ce scénario…
Arrivé en janvier pour sauver une maison en feu, il n’a pas réussi à éteindre les flammes. Setién n’a jamais vraiment été adopté, et sa patte n’a pas pris. Dans le vestiaire, comme sur le terrain. Cet échec invraisemblable en est une nouvelle preuve. Le match a paru durer une éternité pour lui, depuis son banc, la mine déconfite et résignée. Son plan tactique s’est révélé être une erreur et son coaching – les entrées de Griezmann et Fati, et l’abandon du 4-4-2 à plat – n’ont rien changé. La porte est désormais grande ouverte.