Une procédure pénale a été ouverte à l’encontre du président de la Fédération internationale de football, Gianni Infantino, ce 30 juillet 2020 en Suisse, pays où se trouve le siège de la Fifa.
Voilà une bien mauvaise nouvelle pour celui qui a bâti sur une image de chevalier blanc sa conquête de la Fédération internationale de football en 2016, puis sa stratégie de dédiabolisation de la Fifa. Ce 30 juillet 2020, l’Autorité de surveillance du ministère public de la Confédération helvétique (AS-MPC) a en effet annoncé qu’une procédure pénale avait été ouverte contre Gianni Infantino ainsi que contre Rinaldo Arnold, le premier procureur du Haut-Valais, une région de Suisse. C’est dans ce pays que se trouve le siège de l’instance faîtière du foot mondial.
Est reproché aux deux hommes d’avoir eu des entrevues informelles en 2016 et 2017 avec l’ex-procureur général de Suisse, Michael Lauber, qui supervisait pourtant les enquêtes sur le « Fifagate », cette série de scandales judiciaires qui a ébranlé la toute puissante Fifa en 2015 et 2016.
Stefan Keller, procureur fédéral nommé pour enquêter sur les rencontres entre les trois protagonistes, conclut « qu’il existe des éléments constitutifs d’un comportement répréhensible en rapport avec la rencontre entre le procureur général Michael Lauber, le président de la Fifa et le premier procureur du Haut-Valais. Les infractions concernées sont l’abus d’autorité (art. 312 CP), la violation du secret de fonction (art. 320 CP), l’entrave à l’action pénale (art. 305 CP) et l’instigation à ces infractions », indique l’AS-MPC dans un communiqué.
« Des éléments constitutifs d’un comportement répréhensible »
Stefan Keller, nommé le 29 juin dernier pour enquêter sur ce dossier, a donc demandé « aux commissions parlementaires compétentes d’autoriser l’ouverture d’une procédure pénale » contre Michael Lauber, ce dernier jouissant d’une immunité. Gianni Infantino et Rinaldo Arnold ne bénéficiant pas d’un tel privilège, les voilà sous le coup d’une procédure pénale, même si « la présomption d’innocence s’applique » aux trois hommes, rappelle l’AS-MPC.
La FIFA n’a jamais démenti les rencontres entre les deux hommes, expliquant qu’elles étaient destinées à montrer que la fédération, qui a le statut de plaignante dans certaines procédures, était « prête à collaborer avec la justice suisse ». Mais le flou juridique dans lequel ces rendez-vous se sont déroulés soulève la question d’une potentielle collusion entre la Fifa et la justice. Gianni Infantino, élu le 26 février 2016 à succession de Joseph Batter, puis réélu le 5 juin 2019, n’a pas encore réagi à cette situation.
Michael Lauber, lui, avait été écarté en juin 2019 de l’enquête sur le « Fifagate », puis sanctionné pour ses contacts avec Gianni Infantino non déclarés et révélés par les médias. Il a fini par démissionner le 24 juillet dernier tout en se déclarant innocent.