Proche de s’engager avec Chelsea, la carrière d’Édouard Mendy est une formidable odyssée vers les sommets, du chômage à la Premier League.
L’un des parcours les plus enrichissants du football français. D’un statut d’indésirable après la fin de son contrat avec Cherbourg, aux portes d’un sacre en Ligue Champions avec Chelsea, la carrière d’Édouard Mendy est une formidable odyssée vers les sommets.
1. DH, CFA et chômage
Formé au Havre, le portier d’1,97m n’a jamais eu la chance de suivre les traces de l’illustre Steve Mandanda. Pire, il jouait avec les municipaux (DH), la troisième équipe du club.
« Je savais qu’au Havre c’était bouché pour moi. Si je voulais avoir du temps de jeu, il fallait que je parte, témoignait-t-il en 2017 dans les colonnes de Goal. C’était le jour et la nuit avec le centre de formation, mais c’était enrichissant. »
En quête de temps de jeu, il signe à Cherbourg, où il monte progressivement en puissance, comme le révèle Jérome Lemoigne, entraîneur des gardiens du club normand :
« Partout où il est passé, il a prouvé qu’il pouvait se mettre au niveau. Chez nous, il est arrivé comme n°3 en National et a vite montré qu’il pouvait être n°2 puis n°1 lors de la relégation en CFA. »
Cependant, après la fin de son contrat, il est laissé libre. Une traversée du désert où il enchaîne les essais en League One. Sans succès.
J’avais pour objectif d’aller en League One. Je m’étais donner les moyens pour y arriver. J’avais même fait appel à un agent qui m’a garanti à 150% que j’allais signer.Édouard Mendy à Goal
2. Troisième gardien de l’OM
Au bout du tunnel, le soleil phocéen. En 2015, après un an sans club, l’Olympique de Marseille lui offre l’opportunité de devenir son troisième gardien.
« Je suis passé du chômage à m’entraîner avec Lassana Diarra, Steve Mandanda, Michy Batshuayi, Rémy Cabella, Romain Alessandrini et j’en passe… J’ai appris énormément. Steve a eu le même formateur que moi au Havre », confiait-il à Goal.
Avec l’équipe réserve, il partage son temps de jeu avec Florian Escales et dispute huit rencontres de CFA. Suffisant pour attirer l’œil de certaines écuries professionnelles, dont le Stade de Reims.
3. Premier contrat pro à 24 ans
En Angleterre, on les appelle les « Late bloomer ». Autrement dit, les joueurs se révélant sur le tard. Édouard Mendy en est un formidable exemple. Repéré par le Stade de Reims après un long chemin de croix, il signe enfin professionnel à 24 ans.
Arrivé comme doublure de Johan Carrasso, il s’impose rapidement dans les cages rémoises, contribuant en 2017-2018 au titre en Ligue 2, synonyme de montée dans l’élite. La première consécration.
4. Les débuts en Ligue 1 avec Reims
C’est finalement à 26 ans qu’il découvre l’élite du football français. Une saison 2018-2019 de haute volée, ponctuée à une belle huitième place, où il s’impose parmi les meilleurs portiers de l’Hexagone.
Impérial dans sa surface de réparation, il brille également par ses réflexes singuliers pour un joueur de son gabarit (1,97m). De simple néophyte, Mendy devient rapidement le gardien le plus convoité de l’Hexagone.
5. Finaliste de la CAN 2019
Né à Montivilliers (76), en Normandie, le portier franco-sénégalais a choisi de défendre les couleurs des Lions de la Teranga. Honorant sa première sélection le 17 novembre 2018, il est, depuis, en concurrence avec Alfred Gomis.
Lors de la CAN 2019, il commence titulaire et dispute les deux premières rencontres avant de se fracturer la main. Un coup dur, qui n’empêchera pas le portier et sa nation de vivre une fantastique épopée jusqu’en finale, perdue face à l’Algérie de Riyad Mahrez.
6. La scène européenne avec le Stade Rennais
Après une seule saison en Ligue 1, la carrière du talentueux Mendy change à nouveau de dimension. Désormais dernier rempart du Stade Rennais, il effectue ses premiers pas en Europa League.
Une initiation compliquée, illustrée par ce carton rouge concédé au bout de cinq minutes de jeu contre Cluj, et une élimination dès la phase de poules.
Peu importe, le baptême du feu est effectué. Grand artisan de la qualification du club breton en Ligue des Champions, le portier de 28 ans est sur le point de découvrir la plus prestigieuse des compétitions européennes… avec Chelsea.
7. La Premier League : le rêve devenu réalité
« Edou, c’est quelqu’un pour moi de très important à la fois dans l’équipe et dans le vestiaire. On a une relation très particulière depuis un an avec énormément de confiance et énormément de relationnel entre nous. »
L’éloge, sonnant comme un message d’adieu, est signé Julien Stephan, l’entraîneur du Stade Rennais. Arborant la tunique de Chelsea depuis septembre, « Edou » s’est aujourd’hui imposé comme l’un des meilleurs gardiens de Premier League, au sein d’un des meilleurs clubs du Royaume.
Qui l’aurait cru il y a cinq ans lorsqu’il enchaînait les essais infructueux avec des clubs de League One ?
8. Finale de Ligue des Champions
Vertigineux. Parmi ses 24 clean sheets avec les blues, le Sénégalais en a réalisé 8 en Champions League. Un record. De nouveau souverain, mercredi soir, lors de la demi-finale retour face au Real Madrid, l’ascension de Mendy pourrait prendre des allures d’apogée, en cas de victoire le 29 mai prochain face à Manchester City.