Homme d’affaires, homme d’État et homme de football, Silvio Berlusconi est mort lundi à 86 ans, refermant plusieurs vies à la fois. Hospitalisé en avril pour une leucémie et une infection pulmonaire, il était sorti six semaines plus tard, mais était de nouveau à l’hôpital depuis vendredi 9 juin pour des examens de contrôle.
Pour les amateurs de ballon rond, il restera avant tout le patron de l’AC Milan, qu’il a détenu durant 31 ans (1986-2017). Un règne très vite marqué par la flamboyance du jeu prôné par Arrigo Sacchi, le trio néerlandais Rijkaard-Gullit-Van Basten et les deux victoires successives en Coupe d’Europe des clubs champions (1989-1990).
Au final, vingt-neuf trophées ont garni la vitrine du club, dont les ultimes années vécues sous sa présidence ont été difficiles. Berlusconi a fini par passer la main à un groupe d’investisseurs chinois en échange de 740 millions d’euros, tombés dans l’escarcelle d’un des Italiens les plus riches du pays. La fortune du fondateur et dirigeant de Fininvest, une holding financière, était estimée à plusieurs milliards d’euros.
Président du conseil italien a trois reprises
Il a aussi créé le groupe de communication Mediaset et plusieurs chaînes de télévision sur lesquelles il s’est appuyé pour consolider sa carrière politique. Un conflit d’intérêt longtemps pointé du doigt, mais qui a moins nourri les débats avec son avancée dans l’âge et son inexorable déclin. Du temps de sa splendeur, il a été président du conseil à trois reprises, de 1994 à 1995, entre 2001 et 2006 et de 2008 à 2011. Un destin national forgé grâce à la création en janvier 1994 de son parti, Forza Italia, dans la foulée de l’opération « Mains Propres ».
Pour raconter toute sa carrière de politicien, il faudrait au moins un livre auquel on rajouterait quelques chapitres consacrés à ses affaires judiciaires, y compris de moeurs. Il aura profondément marqué la vie politique italienne, que ce soit par son style de gouvernement ou par les scandales et mises en cause judiciaires ayant jonché son parcours. Il reste de lui, au final, une réputation extrêmement clivante, entre soutiens inconditionnels et farouches opposants.
L’Equipe