Dakarmidi – Libre de tout contrat depuis son départ de la SPAL (Serie A), Boukary Dramé s’entretient en Italie dans l’attente d’un nouveau challenge.
Aujourd’hui, il prend son mal en patience. Libre depuis son départ de la SPAL (Serie A) cet été, Boukary Dramé (33 ans) s’entretient en Italie en attendant de trouver un nouveau challenge. Pour Goal, le latéral gauche international sénégalais reconnaît qu’il espérait trouver chaussure à son pied plus tôt. Il regrette notamment qu’en France les clubs se soient focalisés sur son âge, mais ne perd pas espoir de rebondir rapidement car il se sent “encore la force et l’énergie” pour évoluer au haut niveau.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis toujours dans l’attente d’un bon challenge. Ma priorité, c’est de rejouer. Mais je ne sais pas ce qu’ont les clubs aujourd’hui… C’est vrai qu’il y a eu des problèmes avec l’entraîneur à Bergame, que j’ai peu joué à la SPAL, mais j’ai fait plusieurs saisons en Serie A et je n’ai pas pu devenir nul du jour au lendemain.
On vous sent déçu voire même surpris que ça ne se soit pas décanté plus tôt…
C’est surtout ça. Sans être trop prétentieux, je pense que j’ai déjà montré des choses. Si j’ai joué plusieurs années en première division, c’est parce que j’ai des qualités. Je suis un peu surpris, mais je ne perds pas espoir. Certains clubs peuvent avoir des lacunes à mon poste et je me tiens prêt si l’un d’eux a besoin de moi.
Ne pensez-vous pas que le peu de matchs disputés avec la SPAL vous fait défaut aujourd’hui ?
Sûrement. Il était prévu que ce soit un bon rebond pour moi, ça n’a pas été le cas. Quand je suis arrivé en janvier, l’équipe était déjà en place. Même s’ils étaient en bas de tableau, ils avaient leurs habitudes. Le coach a préféré assurer le coup en alignant des joueurs qu’il connaissait. Et au final, on n’a jamais parlé d’une prolongation ensemble.
Qu’est-ce que vous retenez concrètement de ces dernières années en Italie ?
Il y a eu du bon et du moins bon. Pour le moins bon, tout est parti de l’Atalanta. Dès son arrivée, le coach (Gian Piero Gasperini) a dit “avec moi, les blessés auront des problèmes”. J’ai été blessé, du coup ça s’est mal passé. Je regrette que le staff médical ne m’ait pas aidé davantage. J’ai eu plusieurs rechutes et c’est moi qu’on a préféré attaquer plutôt que le docteur. Pourtant, quand il y a des rechutes, c’est rarement la faute du joueur. Le joueur ne sait pas. Il ne fait que suivre les demandes du docteur. J’ai l’impression que ce n’était pas totalement de ma faute, mais si j’étais allé contre l’avis du docteur, le coach aurait dit que je n’avais rien, que je ne voulais pas m’entraîner…
Vous aviez le sentiment qu’il avait une dent contre vous…
Voilà… Du coup, c’était un peu compliqué. Mais c’est le problème parfois dans les clubs. Ils ne cherchent pas forcément à vous écouter. Ils ne veulent pas vous croire et pour moi c’est quelque chose de primordial pour se sentir bien.
Aujourd’hui, vous recherchez peut-être aussi cette confiance que vous n’avez pas toujours eu par le passé ?
On cherche tous ça, mais parfois on n’a pas le choix. Les coaches sont là pour avoir des résultats. Si tu as cette confiance, tant mieux. Mais moi, je veux surtout repartir du bon pied et retrouver le plaisir de jouer. Je sens que j’ai encore la force et l’énergie pour ça. Mais en France, à 33 ans, on a tendance à dire que tu es cramé. Je ne comprends pas pourquoi.
Est-ce la raison pour laquelle les clubs français n’ont pas accéléré sur votre profil jusqu’ici ?
Peut-être. Cet été, j’ai eu des retours par rapport à ça. On m’a parlé de l’âge… Mais ça m’étonne parce que je suis libre. J’ai joué plusieurs années au haut niveau, j’ai de l’expérience. Pour moi, le club n’a rien à perdre. Au contraire, je pense que ça ne peut être qu’un plus de me prendre, d’autant que ce n’est pas comme si les gens ne me connaissaient pas.
D’après-vous, les clubs français font-ils une erreur en se focalisant sur l’âge ?
Chaque pays a sa façon de voir les choses. En France, ils regardent l’âge. En Italie, non. Si tu es bon, on te prend. Regardez Cyril Théréau. Il a été transféré à la Fiorentina à 34 ans. On lui a donné trois ans de contrat. En France, c’est impossible de voir ça. Pourtant, mes coéquipiers m’ont toujours dit “Bouka, tu peux jouer encore plus”. Quand les gens me voient, ils me donnent 25 ou 26 ans, mais je ne sais pas comment faire pour bouger les choses… C’est comme ça. Il faut faire avec et essayer de trouver quelque chose quand même.
Vous ne fermez pas la porte à la France pour autant, si ?
Non, je ne ferme pas la porte.
Ces sept dernières années, vous avez construit votre vie en Italie. N’avez-vous pas aussi l’envie de rester là-bas ?
Si j’en ai l’opportunité, sans aucun doute. Je me suis adapté à la vie en Italie. Je parle assez bien la langue, je connais bien la mentalité. Je me plais ici.
D’autant que la Serie A a pris une certaine envergure cet été avec l’arrivée de Cristiano Ronaldo…
Ah ça, on m’en parle beaucoup. C’est un plus pour le championnat. Mais on verra. Des clubs sont intéressés. On est en train de discuter. Souvent, il suffit d’un ou deux mauvais résultats pour qu’on pense à vous. C’est comme ça, c’est la situation qui veut ça.
C’est une situation que vous avez déjà connu par le passé. Est-ce que le fait d’avoir déjà vécu ça vous permet de relativiser ?
Bien sûr. J’avais fini par signer à l’Atalanta à l’époque. Le club me suivait depuis janvier ou février. Et il avait fallu attendre septembre pour que je signe là-bas. Forcément, le fait d’avoir déjà vécu ça me fait dire que du jour au lendemain tout peut arriver.
Le plus dur finalement n’est-il pas d’être privé de son travail, de sa passion ?
C’est vraiment ça le plus dur. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être privé de mes habitudes. Aller à l’entraînement, se reposer, faire la sieste, retourner à l’entraînement… L’avant-match, la pression, se mettre dans le match… Le car, la mise au vert… C’est tout ça qui me manque.
Comment arrivez-vous à combler le vide ?
Je m’entretiens tous les jours. C’est important pour rester en forme. Je peux aussi m’occuper d’autres choses, ce que je n’avais pas le temps de faire avant. Je ne suis pas malheureux. Il y a pire… J’ai fait déjà une grosse partie de ma carrière et j’ai beaucoup d’amis qui sont sans club depuis un ou deux ans. Alors, je relativise.