Dakarmidi – Le Bureau des Relations publiques a organisé, hier, un atelier de formation sur la prévention, la protection et la prise en charge, par l’Officier de Police Judiciaire, des violences basées sur le genre, à l’Ecole nationale de Police et de la Formation permanente (ENPFP). Une occasion pour la chargée de programme violences basées sur le genre (VBG) ONU Femmes Sénégal, Marie Sabara, de déclarer que les violences faites aux filles sont persistantes malgré le dispositif judiciaire et les politiques et programmes mis en place.
« Cette activité s’inscrit dans le Plan d’Action national de lutte contre les violences basées sur le genre, mis en œuvre et coordonné par le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre. Cette rencontre est une opportunité pour le ministère de la Femme de renforcer son partenariat avec le Ministère de l’Intérieur à travers la Police nationale, afin d’impulser une nouvelle dynamique permettant une meilleure synergie dans les interventions. Les violences faites aux filles sont persistantes malgré le dispositif judiciaire et les politiques et programmes mis en place », a déclaré Marie Sabara chargée de programme VBG ONU Femmes Sénégal. Elle ajoute qu’à travers cette initiative, la police pourra davantage apporter sa contribution dans la protection, la prévention, la prise en charge des femmes et des filles contre les violences.
Selon les estimations, 35% des femmes dans le monde ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne, à un moment donné dans leur vie. « Certaines études menées à l’échelle nationale font apparaître que jusqu’à 70% des femmes ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie. Les données recueillies sont autour des violences à caractère psychologique, physique, sexuel et, économique, montrent que les principaux auteurs de violences sont les hommes. Les victimes de VBG sont généralement des femmes. 50% ont entre 20 à 40 ans, et 32,7% sont âgées de 40 à 60 ans. Les personnes âgées de moins de 20 ans et celles âgées de 60 à 70 ans et plus, sont les moins touchées par les VBG selon une étude de l’ANSD en 2016 », a-t-elle fait savoir.
Mme Coumba Thiam, Directrice de la famille et de la protection des couches vulnérables au Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre, de son coté, de noter qu’au Sénégal, une étude commanditée par ONU Femmes en 2012, dans huit régions (Dakar, Louga, Saint-Louis, Fatick, Diourbel, Kaolack, Thiès, Kaffrine), montre que le nombre de cas de violences faites aux femmes enregistré dans les tribunaux des 8 régions de l’étude, a plus que doublé en l’espace de 5 ans. « Par ailleurs, il ressort de cette étude que les structures de santé ont accueilli plus de cas de viol que celles de la police et de la gendarmerie. Ce qui montre que beaucoup de cas traités dans les établissements de santé ne parviennent pas aux structures de la justice, de la police ou de la gendarmerie », a-t-elle dit. Et souligne que cette étude montre que dans la plupart des cas, les victimes ne veulent pas que de tierces personnes soient au courant de leurs souffrances et que dans les cas où les victimes sont jeunes, la famille et la communauté préfèrent souvent les arrangements à l’amiable plutôt que de recourir à la justice. Et pourtant, le Sénégal a franchi des progrès importants dans le domaine de la promotion des droits des femmes par la signature de l’ensemble des conventions internationales relatives aux DH et par la prise de mesures politiques courageuses allant dans le sens du renforcement du leadership des femmes. Malgré ces avancées, les défis demeurent dans le sens d’une bonne coordination des efforts de prévention et de la prise en charge des victimes.
Selon elle, les VBG constituent un obstacle majeur à la pleine participation des femmes et des autres victimes à la vie politique, économique, sociale et culturelle de la société. Elles constituent une entrave à l’accroissement du bien-être familial, au progrès économique et social, à la justice sociale et à la paix. « L’adoption et la mise en œuvre de plans d’actions nationaux et multisectoriels pour l’éradication des VBG, constituent l’un des résultats essentiels visés par la campagne du Secrétaire général des Nations unies qui intègre l’ODD 5 relatif à l’égalité des sexes. Et que le présent plan d’action national pour l’éradication des violences basées sur le genre et la promotion des droits humains, le premier du genre au Sénégal, s’inscrit par conséquent dans cette dynamique mondiale », a laissé entendre Mme Thiam0.
Par ailleurs, le Directeur de l’Ecole nationale de Police, Ousmane Gueye, déclare quant à lui que la participation et l’implication de la police dans le circuit de prévention et de prise en charge, vont apporter une valeur ajoutée dans le dispositif mis en place. « La Police va organiser des sessions de formation comme celle d’aujourd’hui qui porte sur les procédures opérationnelles standards de prévention et de prise en charge des violences basées sur le genre, qui permettra aux agents de savoir comment agir face à de tels actes », a-t-il annoncé. Et note que des cas de violence ont été répertoriés en 2017 et que l’approche quantitative n’est pas la meilleure pour combattre ce problème.
La Rédaction avec REWMI