Dakarmidi – Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, des distributeurs locaux peinent à honorer leurs impayés auprès du groupe de distribution français Presstalis. Des difficultés qui ont conduit à l’interruption de la distribution dans ces deux pays de la presse internationale, dont Jeune Afrique.
À l’instar de plusieurs centaines de titres de la presse étrangère, il y a fort à parier le journal Jeune Afrique ne soit pas distribué la semaine prochaine en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Le résultat d’un différend financier opposant le distributeur ivoirien Edipresse et le sénégalais Agence de distribution de presse (ADP) au groupe français Presstalis, qui assure l’export en avion ou en bateau des journaux étrangers jusque dans ces pays.
Un échéancier de paiement « trop étalé »
Pour sortir de l’impasse, APD a proposé un échéancier de paiement en dix mensualités à compter de février 2018. Mais celui-ci a été refusé par Presstalis, qui l’a jugé « trop étalé dans le temps ».
« Nos actionnaires n’ont pas les moyens de débloquer immédiatement cette somme », explique Ibrahima Touré, le directeur général de APD. « Je suis en contact tous les jours avec Presstalis pour trouver une solution », précise-t-il. Une nécessité pour cette société qui distribue au Sénégal 1 500 références de presse qui lui sont livrées par avion et bateau. « En termes de chiffre d’affaires, cela représente une perte énorme », déplore son directeur général.
Jusqu’à une date récente, Edipresse et ADP étaient toutes deux des filiales de Presstalis. Mais le groupe français a préféré ces dernières années céder son capital dans ses sociétés sur le continent africain, pour recentrer son effort sur le marché hexagonal.
En Côte d’Ivoire, les parts de Presstalis ont ainsi été rachetés en juillet 2014 par le groupe de presse Fraternité Matin (détenteur de 65 % des parts, qui est lui même en difficultés financières) et par la société Snedai détenue par l’homme d’affaires Adama Bictogo (35 % des parts).
Quant à l’ADP, celle-ci est depuis juin 2017 dans le giron du groupe Le Soleil, qui édite au Sénégal le journal éponyme. Suite à ces rachats respectifs, des contrats commerciaux avaient été conclus entre Presstalis et ses anciennes filiales, afin de poursuivre la distribution de la presse étrangère.
La décision de Presstalis de suspendre la distribution augure-t-elle un retrait du groupe français dans ces deux pays ? « Nous n’en sommes pas là, estime Carine Nevejans. Il s’agit simplement d’un problème de paiement. Et, en l’occurrence, la balle est dans le camp des distributeurs locaux. »
Avec Jeune Afrique