Dakarmidi – Le procès du député-maire de Dakar a débuté avec un changement notable au niveau de la présidence du tribunal. Coup de poker ou franche volonté de laisser la justice libre de ses mouvements ? Nous le saurons bientôt.
En tout état de cause, il est un fait qui n’est pas passé inaperçu. C’est le comportement partisan, à la limite grotesque du ministère public.
Le procureur de la République, célèbre pour sa lecture pour le moins discutable de la Constitution et de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, lors de la levée de l’immunité parlementaire du député Khalifa Ababacar Sall, nous est revenu drapé du manteau partisan, au point qu’il était difficile de le différencier d’un dignitaire de l’Apr.
Il n’a pas pu s’épargner de déverser sa bile sur Anne Hidalgo, le maire de Paris. Voila pourquoi, il sera difficile, voire impossible de convaincre les Sénégalais que l’Etat du Sénégal, le président de la République pour ne pas le nommer, n’est pas en réalité dans cette affaire le véritable maître des poursuites. Il est la main invisible qui fait tache dans l’espace que couvre ce procès politique à ne plus en douter.
Quelle fut ma stupeur lorsque j’ai entendu M. Bassirou Guèye dire : «nous sommes ici au nom du peuple sénégalais pour le compte de qui nous agissons». Je me suis posée la question s’il était lui le même procureur qui a maintenu Khalifa Sall en prison en violation de la Constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Pour ce jour mémorable, force est de constater qu’il agissait pour un autre, mais pas pour le peuple sénégalais.
L’implication de l’IGE dans le contrôle administratif et financier de la ville de Dakar et de certaines communes de l’opposition, le refus de laisser le maire Dakar faire campagne pour sa liste lors des législatives, le refus absurde de lui reconnaître l’effectivité de son immunité parlementaire sont encore là pour nous rappeler que la seule constante dans cette affaire est l’acharnement de Monsieur le Président de la République à éliminer de la compétition de 2019 un adversaire gênant.
Il y a menace et péril sur la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. L’innocence de Khalifa Sall dans cette affaire abusivement qualifiée de caisse d’avance de la ville de Dakar est indéniable. Ce fonds politique, qui a existé bien avant son entrée en politique et bien avant son arrivée à la mairie de Dakar, ne constitue un délit que pour les seules personnes qui ont fait de l’élimination de Khalifa Sall un objectif primordial pour leur maintien au sommet de l’Etat.
Nous sommes aujourd’hui une vitrine démocratique fissurée, voire éclatée, dont les tessons feront saigner tout acteur politique qui aura l’outrecuidance de lorgner le fauteuil sur lequel trône Sa Majesté Macky 1er. Le destin de notre pays, celui de notre justice est aujourd’hui entre les mains de magistrats qui devront, au regard seul des lois de ce pays et se fondant sur leur intime conviction, dire le droit afin de nous libérer de cette chape de béton qui ternit notre démocratie et pend au dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès.
Fatoumata Gassama Fall
Chargée de communication du FSD/BJ