Dakarmidi-L’inauguration du Musée des civilisations noires (MCN), le 6 décembre dernier, consacre l’année 2018 comme l’aboutissement d’un rêve panafricain dont l’idée avait été évoquée pour la première fois à Paris en 1925.
L’idée du projet du Musée des civilisations noires a été émise par des intellectuels africains dont le Sénégalais Lamine Senghor lors du premier Festival mondial des arts nègres en 1966, à l’initiative du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor, Dakar ayant été alors été désignée pour l’abriter.
La pose de la première pierre du MCN n’est finalement intervenue que sous le règne de l’ancien président Abdoulaye Wade, en décembre 2011. Les travaux ont dépassé quelque deux ans plus tard, en décembre 2013.
Par le plus grand des hasards, l’inauguration du MCN a coïncidé avec le débat sur la restitution des objets d’art africains conservés en France.
L’exposition inaugurale du musée des civilisations noires s’était d’ailleurs enrichie d’une centaine d’objets d’arts « prêtés » par la France au Sénégal, en attendant la restitution de la totalité des biens culturels du pays.
Au nombre de ces objets prêtés, figure le célèbre sabre du résistant et marabout sénégalais El Hadji Oumar Tall, qui a été l’attraction de cette exposition centrée sur l’humain.
Le Sénégal à travers son ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a d’ailleurs demandé la restitution de tous ses biens culturels actuellement conservés en France.
Cette nouvelle perspective résulte de la remise, le 23 novembre dernier, d’un rapport commandé par le président français Emmanuel Macron, dont les conclusions plaident pour une évolution de la législation française permettant de restituer aux Etats africains qui en feront la demande, tout ou partie des 90.000 objets d’art collectés en Afrique Subsaharienne par la partie française entre 1885 et 1960, du temps de la colonisation.
L’historienne d’art française Bénédicte Savoy et l’universitaire et écrivain sénégalais, Felwine Sarr, avaient été chargés par le président français, le 5 mars dernier, d’une mission consistant à étudier les conditions de la restitution à des pays africains d’œuvres d’art se trouvant en France.
Avec la remise de leur rapport, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a souhaité que les conclusions des deux experts puissent ouvrir la voie à « un dialogue serein et apaisé » sur le rapatriement des biens culturels africains gardés en France.
La question de leur restitution avait été déjà posée par l’ancien directeur général sénégalais de l’UNESCO, Amadou-Mahtar M’Bow, en 1978. Un travail avait été fait par un groupe d’experts, qui a été rendu en 1980.
Outre ce sujet majeur, l’actualité culturelle de l’année 2018 a été aussi marquée par la 13ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art), du 3 mai au 2 juin dernier, une édition qui a vu la subvention publique allouée à cet évènement passer de 500 millions de francs CFA à 1 milliard.
Le chef de l’Etat Macky Sall a par ailleurs annoncé la construction d’un « Palais des arts » avec la rénovation de l’ancien Palais de justice situé au Cap Manuel, dans la capitale sénégalaise.
Ce bâtiment avait d’ailleurs abrité l’exposition officielle ou « In » de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar en 2016 et 2018.
« Les plans d’étude ont été déjà réalisés », avait-il dit lors de l’inauguration du Musée des civilisations noires, avant d’évoquer la construction, « dès le second semestre de 2019 », du Mémorial de Gorée.
Le cinéma n’a pas été en reste en 2018, avec la relance des Rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK), désormais dénommées « Rencontres cinématographiques internationales de Dakar ».
Après une pause de plus de dix ans, une édition de reprise s’est tenue en novembre dernier (23-28), laquelle vient consacrer une politique de relance du cinéma sénégalais engagée depuis 2013, avec l’alimentation du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel (FOPICA) à hauteur de 1 milliard de francs CFA.
Ce coup de pouce au secteur intervient au lendemain du sacre du Sénégal au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) où le Sénégal venait de remporter son premier « Etalon d’or de Yennenga », récompense suprême de la manifestation, grâce au long métrage « Tey/Aujourd’hui » du cinéaste sénégalais Alain Gomis.
La subvention allouée au FOPICA a ensuite été doublée pour la porter à 2 milliards de francs CFA pour 2018 après le deuxième « Etalon d’or de Yennenga » du Sénégal obtenu 4 ans plus tard par le même réalisateur par l’entremrise de son film « Félicité » de Alain Gomis en mars 2017.
Le cinéma avait donné le ton de sa bonne année dès janvier, « Félicité » ayant été retenu parmi les 9 films de la short-list de la catégorie « Meilleur film long métrage de fiction en langue étrangère » de la 90ème édition des Oscars du cinéma aux Etats-Unis.
Le long métrage d’Alain Gomis était en compétition avec 91 autres films venus du monde entier.
Il y a eu ensuite les cinq prix remportés en septembre dernier par le jeune réalisateur Moly Kane lors de l’édition 2018 du festival « Clap Ivoire » à Abidjan en Côte d’Ivoire.
L’année 2018 a terminé avec plein de promesses, liées notamment à la sortie du film « Yao » du réalisateur français Philippe Godeau, projeté le 13 décembre à Dakar et tourné au Sénégal de février à avril 2018, avec comme acteur principal le Français Oumar Sy, d’origine sénégalaise.
Auteur: aps.sn – APS