Dakarmidi – Hier nuit vers 22heures, j’ai appelé quelqu’un qui se trouvait dans un bus, afin qu’il me confirme qu’il m’amènerait un colis. Après une brève discussion, il me répondit positivement et me dit qu’on allait reparler plus tard dans la nuit. Mais, l’ange de la mort de connivence avec le destin ne me permirent pas de réentendre ou de voir ce monsieur. On m’informa de sa mort par accident au niveau de Fatick.
Je ne connais pourtant pas cette personne mais son histoire, « ma brève histoire avec elle » est une lapalissade : nos routes tuent de braves fils et filles de la nation, sans répit. Le Sénégal pleure ses morts, un jour, deux jours, puis les oublie pour se remettre au service de l’actualité politique et, de ses politiciens de métier repus aux frais du contribuable. Combien de litres de sang vont devoir encore couler, puis sécher et disparaitre, sur les routes avant qu’on ne prenne des mesures structurelles ?
On devrait enlever l’attribut « national » à nos routes ; au regard de tous les mort qui y surviennent, elles ressemblent plus à des espaces de duel, des cimetières goudronnés. Mais, qu’avons-nous fait pour que cela cesse ? Pourquoi notre mémoire collective est aussi courte que le sommeil sous l’emprise de vitamines C? Quand est ce que des mesures structurelles seront prises pour combattre les causes de ces accidents ?
ALERTE AVANT QUE LES BUS TATA NE FASSENT DES MORTS !
Tel me dirait que la vie appartient à Dieu, mais je rétorquerai que l’entretien de la vie appartient à l’homme. Quiconque s’aventure à emprunter les bus TATA, aujourd’hui même, trouvera des sénégalais assis ou debout serrés les uns les autres – bravant sueur, lassitude, et surtout, tabou sur la promiscuité corps à corps – partageant l’unique but de parvenir aux coins les plus reculés de la capitale. Ces bus ne sont pas inquiétés par ceux qui régulent la circulation malgré le risque qu’ils font courir aux sénégalais. Certes les TATA offrent des dessertes qui étaient jusque-là inexistantes dans l’espace du transport public au Sénégal mais cette offre n’est elle pas inférieure à la menace ?
Il est important de souligner que tout carambolage qui surviendrait à l’origine d’un TATA, ou à son encontre, pourrait causer des pertes en vie humaine importantes vu le niveau usuel de remplissage. Mais on préfère confier, nos vies au destin, notre irresponsabilité au sort et au prétexte de nécessité, en disant « si Dieu dit c’est tel jour on va mourir, on ne dépassera pas ce jour ; et puis, on a besoin de ces bus». Nos instances décisionnelles confortables avec ces réflexes que nous formulons, ne font rien de durable et de révolutionnaire pour améliorer la sécurité des routes. C’est notre droit le plus élémentaire de demander une prise en charge des questions de sécurité liées aux transports publics, et surtout à leur suivi.
Nous nous réjouissons de la bonne intention de procurer les Sénégalais de Permis à points mais, l’éducation des usagers de la route ou leur contrainte à adopter des pratiques de sécurité est d’égale importance. La modernisation des « Ndiaga Ndiaye » doit aussi se faire pour venir en appoint aux TATA qui ne parviennent pas à remplir leur rôle de transport public moderne, confortable et sûr. J’ose espérer qu’avant la survenue de mort d’homme due à une surcharge pondérale ou clientèle des bus TATA, le Ministre de l’Intérieur prendra des mesures pour réglementer les flux de passagers dans ces bus– sous les yeux spectateurs – de la police de la circulation. Il est encore possible de parvenir à une solution à ces morts par voie de surface, et c’est ce que nous demandons. La vie est tant sacrée.
TRAORE Cheikh Tourad.