L’armée nationale veut certainement en finir avec la plus vieille rébellion du monde, 39 ans de rébellion. Et pour atteindre cet objectif, il est donné comme missions aux troupes du Colonel Souleymane Kandé, commandant la zone militaire n°5, de ratisser la zone pour chasser les groupes armés et permettre aux populations qui se sont déplacés à cause du conflit pour se retrouver à Goudomp, en Guinée Bissau, à Ziguinchor, de rentrer chez elle
D’ailleurs, c’est dans cette dynamique que le village de Bissine a commencé à retrouver ses enfants qui l’ont quitté depuis plus de trois décennies. La dynamique du retour au bercail des populations des villages de la bande frontalière avec la Guinée Bissau est enclenchée et bon nombre de réfugiés pressés, ont manifesté leur souhait de retrouver leur terre cultivable pour enfin sortir des conditions difficiles de vie qu’ils endurent dans leur lieu de refuge.
Sikoune, le village abandonné qui accueillit Ousmane Niantang Diatta
Dans cette manœuvre de grande envergure, l’armée n’aurait pas les coudées franches, car des sources bien introduites dans le maquis veulent faire croire à une résistance des combattants du MFDC qui auraient eu pendant le cessez-le-feu, de se préparer à une offensive de l’armée. Mais selon le journaliste Barka Bâ, l’armée aurait délogé les rebelles du MFDC menés par Ibrahima Kompasse Diatta et Adama Sané de leurs bases surnommées la « 2 » à Sikoune et la « 9 » à Bilass situées à la frontière avec la Guinée Bissau.
Pour sa part, la direction de l’information et des relations publiques de l’armée (DIRPA) promet de publier un communiqué en temps voulu pour revenir sur ces événements. Cependant, des sources soutiennent que les affrontements se poursuivent dans la forêt touffue de Bissine, Bilasse et Sikoune.
« Le coup d’État » de Salif Sadio et …
Pour rappel, Ousmane Niantang fait partie des premiers combattants du mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Au début des années 90, il s’était senti frustré par rapport au fonctionnement du maquis. À l’époque, c’était Léopold Sagna qui en était le chef. Depuis la défenestration de ce dernier, Niantang a mis les voiles. Profitant du premier cessez-le-feu, Léopold Sagna s’est rendu à Dakar. Il a été exécuté par Salif Sadio quelques années plus tard après son retour de Dakar. D’autres combattants ont connu le même sort en 1998. Le chef du front nord avait par devers lui, une liste de 26 combattants dont des chefs aguerris à exécuter dans le bunker de Cassolore. Il y avait, soufflent les sources de Dakaractu : Ousmane Balasso Sambou, Nfally Badji surnommé Drun, Djikéro Tendeng et d’autres. Il y avait aussi dans cette liste rouge César Atoute Badiate qui l’a échappé belle parce que se trouvant hors du cantonnement. C’est ce qui est à l’origine de l’animosité entre Salif Sadio et César Atoute Badiate. En ce moment là, renseignent nos sources, c’est Salif Sadio qui commandait tout le maquis. En tout cas, ce dernier sera élevé au rang de chef du maquis en 1994 après la défenestration de Léopold Sagna qui a succédé à Sidy Badji qui fut le premier commandant de l’aile armée du MFDC. Il faut préciser que Sidy Badji a été destitué. C’est à partir de là que le maquis s’est subdivisé. Kamougué Diatta et certains de ses frères maquisards qui lui sont fidèles comme Makhany Diatta, ont créé le camp de Diakaye, le front nord en 1990. Ils étaient au moins cinq chefs fidèles à Sidy Badji. Ils ont commencé à braquer et à placer des mines.
… Ousmane Niantang Diatta s’exile en Guinée Bissau
C’est dans ce méli-mélo que Ousmane Niantang Diatta s’est exilé au village d’Eramé en Guinée Bissau pendant plusieurs années. En son temps, il n’y avait qu’un seul et unique camp du maquis installé au front sud. Il aurait fallu la médiation de bon nombre de personnalités qui l’ont convaincu de retrouver ses frères maquisards. De retour dans la faction sud, il a voulu prendre le commandement de ce front. Malheureusement, il se heurte au veto de César Atoute Badiate. Il accuse le coup et tente de s’implanter au village abandonné de Sikoune qui se trouve dans la commune de Djibanar, département de Goudomp et région de Sédhiou. Au milieu du règne du président Wade, il est tombé malade et exfiltré du maquis pour se faire soigner à l’insu de ses combattants. Une brèche utilisée par Kompasse Diatta pour lui succéder. Un « putsch » qui était comme une promenade de santé d’autant plus que Niantang était vu comme un traître en raison de ses liens supposés avec les autorités sénégalaises. Son évacuation à Dakar par un avion militaire à partir de Bissau a conforté ses anciens frères d’armes dans leur conviction.
Adama Sané et Kompasse, deux lieutenants aux dents longues
La collaboration entre Kompasse et Adama Sané n’a duré que le temps d’une rose pour ne pas dire qu’ils se sont séparés très tôt. Adama Sané fait partie de la nouvelle génération qui a intégré et grandi dans le maquis dernièrement, au milieu des années 90. De leur bras de fer, Adama Sané parvient à faire main basse sur Sikoune obligeant Kompasse à chercher un nouveau point de chute mais il est resté dans le sud-est. Mais le syndrome qui a eu raison de Niantang finira par rattraper Kompasse accusé à son tour d’être de mèche avec l’État du Sénégal en avril 2020. En somme, il lui est reproché par ses frères maquisards ses accointances avec Robert Sagna. Son règne n’a duré que 7 ans. Car c’est en 2013 qu’il succède à Ibrahima Kompasse Diatta. Il s’est replié à Bilass appelé « La 2 ».
Si ses soupçons sont avérés, qu’est ce qui expliquerait alors qu’il soit visé en même temps que Adama Sané ? Ou l’État du Sénégal est-il juste en train de saisir une opportunité offerte par le champ libre donné par Bissau où il a un soutien de taille en la personne d’Embalo, pour en découdre définitivement avec la rébellion. « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », disait le Général Charles De Gaulle.