Dakarmidi – Les 20 km de l’autoroute à péage (allant de Pikine à Diamniadio) ont officiellement coûté 148 milliards de francs cfa (dont 87 milliards déboursés par l’Etat du Sénégal et 61 milliards qui auraient été apportés par Eiffage).
Si les 20 km ont coûté 148 milliards, cela veut dire que le km a valu 7,4 milliards de francs cfa. Près de nous, en Côte d’Ivoire, les 86 km d’autoroute reliant Singrobo à Yamoussoukro ont coûté 137 milliards de francs cfa, soit 1,6 milliard le km. Il existe 7 autoroutes au Maroc qui traversent des montagnes et tous types de reliefs. Leur coût moyen est de 2,3 milliards le km. En Tunisie voisine, un pays plat comme le Sénégal, le coût moyen des 5 autoroutes est de 1,1 milliard le km.
Si on retient le coût moyen le plus élevé entre le Maroc, la Tunisie et la Côte d’Ivoire, les 20 km d’Eiffage auraient dû coûter au maximum 50 milliards. Gérard Sénac n’avait donc besoin de débloquer le moindre sou pour construire l’ouvrage. Pire, avec les 87 milliards débloqués par le Trésor public sénégalais, il a achevé l’autoroute et s’est aménagé une marge restante d’au moins 37 milliards de nos francs.
C’est donc un gros mensonge, une grossière escroquerie, si Gérard Sénac affirme qu’il a investi 61 milliards. Avec son apport, le Trésor public sénégalais, à lui seul, a largement financé l’autoroute à péage. Gérard Sénac lui doit d’ailleurs 37 milliards au bout des travaux.
Pour avoir une idée de l’ampleur du hold-up commis par Sénac, évidemment avec la complicité de tous ceux qui, de Karim Wade à Aminata Niane, en passant par les soit disant techniciens de notre administration impliqués dans le projet, ont couvert ce brigandage, il faut se référer à un exemple récent.
Le Sénégal est entrain de réaliser l’autoroute côtière reliant Dakar à Saint-Louis sur un linéaire de 190 km pour un coût de 480 millions de dollars (240 milliards de francs cfa). Dans le même pays, sur un relief plus compliqué, plus mou, qui va demander beaucoup plus de béton et de fer, cette autoroute va coûter 1,26 milliard le km, contre 7,4 milliards le km chez Eiffage.
Lorsque le problème de la clôture et de l’éclairage de l’autoroute à péage s’est récemment posé, un technicien très pointu en BTP m’a dit: « Même si on mettait un mûr de clôture en béton armé constellé de diamants et des ampoules de lampadaires en or, on n’atteindrait pas le chiffre caricatural censé avoir été dépensé pour construire cet ouvrage qui est de trop loin le plus cher du monde. »
Gérard Sénac, l’escroquerie a trop duré. Vous n’avez pas dépensé un seul penny de fonds propres sur cette autoroute.
Cheikh Yérim Seck