Interview de CHEIKH FALL Président du SPIS :
Vous êtes le Président du Syndicat Professionnel des Industries du Sénégal. Pouvez vous expliquer
votre action ?
Nous représentons plus de 25 grandes industries du pays, avec un CA de plus de 1000
Milliards de FCFA, plus de 300 Mds de recettes pour l’Etat, plus de 45 000 emplois directs et
indirects. Nous essayons de produite au Sénégal, pour y développer notre autonomie, nos
indépendances économique et politique, pour pouvoir offrir des emplois de tout niveau avec
surtout des débouchés pour les universités, les centres de formations techniques et enfin
donner au Sénégal une vraie voix dans le monde, non comme émergent mais comme acteur
de même niveau que les pays du Nord.
En sommes, votre vision est que le Sénégal a besoin d’industriels ?
Il est évident qu’il y a 2 types d’économie en Afrique. Celle avec des gouvernements qui
oublient la démocratie, qui gardent les peuples dans la misère, qui refusent l’éducation et
ainsi ils dominent et s’accaparent les richesses. Machiavel avait très bien compris ce
processus et le décrivait dans le Prince. Puis, il y a ceux qui veulent que l’espoir d’une vie
meilleure se réalisent et qui cherchent à rendre autonomes leurs populations, par la création
saine de richesses et leur redistribution à travers le travail, cela passe obligatoirement par
l’industrie. Aucun pays dans le monde, aucune société dans le monde n’y est arrivé sans les
industriels. Il suffit de regarder ce qui se passe en Europe, aux USA, en Chine et on doit se
demander «Pourquoi pas nous ».
Donc le SPIS est le fer de lance du Sénégal, mais êtes vous soutenus ?
Le soutien, on le recherche. Regardez ce que vit la Compagnie Sucrière, il est où le soutien.
Nous attendons que les ministres se mobilisent pour les défendre, dire que c’est anormal et
qu’ils vont être avec ce fleuron du pays. Les ministres doivent rappeler à la presse qu’il faut
toujours penser à l’emploi de 8000 salariés, de 20 000 paysans qui accèdent à l’eau, des 70
000 familles qui mangent, se soignent et se réalisent dans la région du Nord. Qui sera le
« premier » à se lancer dans la bataille de soutien à la CSS et contre ce que l’histoire
appellera les DIPA DU PERIL INDUSTRIEL ? Sous prétexte qu’une entreprise gagne de
l’argent, elle est diabolisée et cela sert à justifier l’enrichissement d’une poignée
d’importateurs.
Dans quel pays sommes-nous ? Que voulons-nous pour nos familles, nos enfants et nos
jeunes ?
La CSS, parlons-en, que se passe t il ?
D’un coté, un marché de 150 000 T de sucre produit localement avec un outil industriel, du
savoir faire, des débouchés pour les étudiants du Sénégal. De l’autre, une poignée
d’importateurs opportunistes qui ont investi 200 000 F dans un bureau, 150 000 F dans un
loyer, et tout au plus des manœuvres exploités, non déclarés pour charger les camions. Ces
importateurs apportent quoi ? Qui achètera le sucre quand il n’y aura plus d’argents, de
salaires, d’emplois. Il faut être réaliste. Venez construire une usine, cultivez la canne, venez
faire pousser un champ là où il n’y a rien. Venez et quand vous aurez investi, vous aurez la
joie de devoir combattre une poignée d’affairistes. Dans ce dossier surréaliste cette
mauvaise gestion des autorisations d’importation finira par provoquer un désastre sans
précédent pour le Département de DAGANA et pour tout le Nord. D’un gap à combler de 40
000 tonnes de sucre, nous avons des abus par autoritarisme au Ministère du Commerce de
plus de 63 000 tonnes déclarées. Et au final , c’est une marée de sucre qui inonde le pays et
personne ne veut l’arrêter. Nous en appelons au Président de la République car la CSS est
déjà à genoux. L’histoire retiendra que le PERIL INDUSTRIEL était voulu, et si cela est possible
pour la CSS nous pouvons craindre le pire avec les accords de libres échanges qui arrivent.
COPEOL, les Grands Moulins de Dakar, SOCOCIM, DANGOTE, PATISEN, … qui viendra les
détruire après.
La CSS est un fleuron qui a tout construit au milieu de nulle part. Imaginez qu’ils
disparaissent, que restera t ‘il ? Qui entretiendra les canaux, qui donnera de l’eau, qui
fournira de l’emploi déclaré, … pourquoi taper sur les meilleurs d’entre nous.
La CSS est un modèle et il en faut 10 autres dans le pays. Il faut que nos ministres nous
aident au lieu de détourner le regard. Il est anormal que le pays abandonne ses fils sans
travail pour des importateurs. Il est anormal que des pirogues de migrants désespérés
croisent des bateaux d’importation de sucre. Protégeons notre économie, nos industries.
Est-ce les seuls problèmes que rencontrent les industriels ?
Il y a un manque de considération à notre endroit : Le ministère du commerce nous laisse en
pâture à l’informel : détaxation des huiles importées alors que les trois raffineurs nationaux
sont à l’arrêt, le ministre de l’environnement refuse de discuter avec nous et impose des lois
sur le plastique sans concertation. Etant dans le secteur formel nous subissons une pression
fiscale et douanière sans commune mesure avec ceux qui se contente d’importer. Le
ministère de l’agriculture signe des accords avec le gouvernement chinois qui favorise
l’industrie chinoise et mets nos huileries à l’arrêt.
Il est temps que le pays mette enfin en place ce que le Président a demandé : un
développement industriel et que le CNP et le SPIS soient les premiers à être consultés et considérés.