Dr Catherine Solano, médecin sexologue : Oui ! Disons qu’on ne sait pas le prévenir à 100 %, mais ont sait ce qu’il faut faire pour en diminuer le risque.
Et je vais vous dire pourquoi on le sait : Il y a très peu de de cancers de la prostate au Japon, et beaucoup aux Etats-Unis. Pourtant, chez les Japonais ayant immigré aux Etats-Unis, après une génération, on observe autant de cancers de la prostate que chez les américains de race blanche. C’est une des preuves que l’alimentation et le style de vie jouent un rôle important dans le développement et la progression de cancer de la prostate.
D’autre part, on sait que ce cancer est très très fréquent aux Antilles, là on l’on cultive des bananes à cause de l’utilisation de pesticides et de l’arsenic et du cadmium présents dans le tabac.
Une publication scientifique de 2010 avait aussi repris toutes les études sur l’alimentation et le cancer de la prostate dans la revue endocrine related cancer. (Nagma Khan) Nous avons maintenant des preuves que l’alimentation peut prévenir les cancers.
Chantal Lorho : Alors, par quoi proposez-vous de commencer ?
Catherine : On sait et c’est prouvé que l’exercice physique diminue de 10 à 30 % le risque de cancer de la prostate. Un travail de recherche a repris plus de 85 études sur le sujet. On sait également que plus on fait d’exercice physique, plus c’est protecteur contre ce cancer de la prostate. L’idéal, c’est 30 à 60 minutes d’exercice par jour. Cela serait dû notamment au fait que cela stimule la fabrication de cellule NK ou naturel killer (tueurs naturels) qui détruisent les cellules cancéreuses. Et puis, si l’exercice peut diminuer le risque de cancer, il peut aussi en ralentir aussi l’évolution, si l’on avait un cancer.
Donc premier conseil, faire du sport. Et si l’on commence jeune, c’est encore mieux car ce cancer met des dizaines d’années à se développer.
Chantal Lorho : donc l’exercice physique. Et l’alimentation ?
Dr Catherine Solano: L’obésité augmente le risque de cancer de la prostate et augmente le risque de cancer de la prostate agressif. Un homme en état d’obésité a 40 % de risque en plus d’avoir un cancer de la prostate par rapport à un homme à poids normal.
Au contraire, une alimentation adaptée peut faire diminuer le risque. D’ailleurs, on sait qu’un homme ayant un cancer de la prostate petit et non agressif qui suit les recommandations a une évolution beaucoup plus positive de son dosage sanguin de PSA qu’un homme qui ne fait rien.
Chantal Lorho : Pouvez-vous nous donner les conseils d’alimentation à adopter pour éviter le risque de cancer ?
Dr Catherine Solano: Il faut éviter les graisses saturées, les graisses hydrogénées au profit des bonnes graisses. En pratique, cela signifie éviter la viande rouge et les graisses animales, et manger davantage de poisson. Manger de la viande rouge augmente de 30 % le risque de mourir d’un cancer de la prostate .
Et au contraire, quand un homme a un cancer de la prostate, manger souvent du poisson diminue la progression du cancer et abaisse la mortalité. En Suède chez des hommes ayant un cancer de la prostate, on a observé une baisse de 40 % du risque de mourir de ce cancer chez les hommes consommant le plus d’oméga-3, ces bonnes graisses que l’on trouve dans le poisson, et une autre étude a trouvé une diminution du risque de 63 % ! Et puis, on peut aussi remplacer la viande rouge par le soja qui est protecteur contre ce cancer de la prostate.
Donc exercice physique, minceur et alimentation riche en poisson et en soja…
Chantal Lorho: et les fruits et légumes dont on dit souvent qu’ils sont excellents pour la santé, sont-ils intéressants contre le cancer de la prostate ?
Dr Catherine Solano : Oui ! A commencer par la tomate qui contient des lycopènes. Manger de la sauce tomate, surtout avec une huile comme l’huile d’olive, c’est très protecteur contre le cancer de la prostate et contre la mortalité par cancer de la prostate. Les pastèques sont aussi excellentes car une bonne source de lycopène.
La grenade est aussi un fruit sur lequel beaucoup d’études ont été réalisées. Les consommateurs de grenades voient la progression des cellules cancéreuses se ralentir d’au moins 3 fois. Et comme le cancer met entre 10 et 30 ans à se manifester, c’est très intéressant ! Dans les études qui montrent un effet, les hommes en consommaient 200 ML par jour, soit environ 2 verres.
Et puis, d’autres aliments sont sans doute très bénéfique, mais c’est difficile à étudier, car c’est l’accumulation de facteurs bénéfiques qui est efficace. Il s’agit par exemple des choux comme les brocolis ou du curcuma.
Chantal Lorho : Et le thé paraît-il est anticancer ?
Dr Catherine Solano : Oui, le thé vert a montré une action contre le développement du cancer de la prostate, jusqu’à 80 % de diminution de la transformation de cellules précancéreuses en cancer au bout d’un an de consommation quotidienne d’extraits de thé . L’effet semble proportionnel : plus on boit de thé, plus c’est efficace. On peut en boire jusqu’à 8 verres par jour !
Je préconise à mes patients de boire deuxgrands bols de thé vert par jour. Pour qu’il ait une action contre les cellules cancéreuses, le faire infuser 10 minutes et le boire dans la demi-heure qui suit.
Chantal Lorho : Voyez-vous d’autres éléments à signaler contre le cancer de la prostate ?
Dr Catherine Solano : Oui, un des plus importants, c’est de ne pas fumer. Le tabac augmente considérablement le risque de cancer de la prostate et pire, le risque de cancer de la prostate agressif. Et quand un homme a un cancer de la prostate, s’il est fumeur, le résultat des traitements est moins bon. Donc le conseil contre le cancer de la prostate, c’est de ne pas commencer à fumer, ou d’arrêter le plus vite possible !
SEYNABOU FAYE