Dakarmidi – Sédentarité, surpoids, gestes répétitifs : notre mode de vie malmène de plus en plus nos articulations. Lorsque les antidouleurs ne soulagent plus et que la kiné ne fait plus progresser, d’autres traitements sont envisagés. Le point avec deux rhumatologues.
Les douleurs de l’arthrose et des tendinites sont d’abord traitées par des antalgiques et des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens). Lorsque les médicaments ne les soulagent plus suffisamment, le médecin peut proposer des infiltrations de corticoïdes. Elles peuvent être indiquées aussi en cas d’effets secondaires (troubles digestifs) ou de contre-indications, assez fréquents avec les anti-inflammatoires classiques.
LES ORTHÈSES POUR MAINTENIR L’ARTICULATION
Selon les modèles, ces dispositifs peuvent soutenir l’articulation, l’immobiliser ou corriger une déviation. Les plus prescrites sont les orthèses souples pour le genou, car elles diminuent les douleurs et donnent une sensation de sécurité. Moins souvent proposées pour les autres articulations, elles sont très utiles pour les doigts.
« Elles semblent apporter un réel bénéfice, puisque 40 % des personnes utilisant une orthèse de la main la portent encore 5 ans après », souligne le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU de Grenoble.
UNE INFILTRATION EN CAS DE CRISE
« Toutes les articulations peuvent bénéficier d’infiltrations avec de bons résultats lors qu’elles sont réalisées au moment des poussées inflammatoires », précise le Pr Francis Berenbaum, rhumatologue à l’hôpital Saint Antoine, à Paris.
Réalisée par le médecin, l’injection diminue la douleur en quelques heures, voire en quelques jours. Son effet se prolonge, suivant les cas, de quelques jours à un ou deux mois. Après une première séance, il est possible, si cela ne suffit pas, d’en réaliser une deuxième quelques semaines plus tard, sans dépasser trois par articulation.
En dehors des poussées inflammatoires, des injections d’acide hyaluronique sont par ailleurs proposées dans l’arthrose du genou. L’idée est d’apporter ce composant du liquide articulaire à l’articulation arthrosique qui en manquerait. Certains malades disent prendre moins d’antidouleurs par la suite. Problème : le coût du traitement est assez élevé (250 euros l’injection) et il n’est plus pris en charge alors que les injections étaient remboursées auparavant à 60%.
LA PROTHÈSE, ENVISAGÉE EN DERNIER RECOURS
« Nous proposons une prothèse lorsque tous les traitements médicaux ont été essayés et que la qualité de vie reste très altérée. Nous ne posons jamais de prothèse sur de simples signes radiographiques. C’est vraiment l’état fonctionnel qui guide la décision », insiste le Dr Grange.
La prothèse la plus fréquemment posée est celle de la hanche, mais genou, épaule, cheville, poignet… peuvent aussi être remplacés. À condition de ne pas le faire trop tôt, car les prothèses finissent par s’user. « Leur durée de vie est de 15 à 20 ans. C’est pourquoi on essaie de retarder la pose de la première prothèse jusqu’à 60 ans », souligne le Pr Berenbaum.
Un remplacement n’est pas impossible, mais il est difficile de le faire plus d’une fois. La pose d’une prothèse chez des gens trop jeunes, risque donc de les laisser très handicapés et sans solution des années plus tard. Il ne faut pas non plus attendre trop longtemps, car la chirurgie donnera de moins bons résultats si les os, les muscles et les ligaments sont abîmés.
Mais pour certaines articulations, la prothèse ne va pas tout régler. « Après la pose d’une prothèse du genou, 15 % des personnes opérées continuent à avoir mal, sans que l’on comprenne pourquoi » , constate le Pr Berenbaum.
PAR ANNE PRIGENT