Dakarmidi- s’en remettre à Allah swt n’est pas seulement un devoir moral pour le musulman, mais c’est aussi une obligation religieuse et une base de sa foi, car Allah nous y incite en ces termes :
« que votre espoir soit en Allah, pour peu que vous croyez en lui ! »
[ sourate 5 – verset 23 ]
« que les croyants se confient en Allah! »
[ sourate 64 – verset 13 ]
donc, la confiance absolue en Allah, fait partie de la croyance du musulman.
mais, en ayant cette confiance et en se remettant à Allah, le musulman n’a pas la même conception de cette confiance que ceux qui ignorent tout de l’islam et qui sont les ennemis de la foi.
s’en remettre à Allah n’est pas une simple phrase que l’on prononce sans en comprendre la portée et sans y réfléchir. ce n’est pas renoncer aux mesures nécessaires à prendre, ni se contenter de ce qui est mesquin et vulgaire, prétextant avoir confiance en Allah et se soumettant à ce que nous réserve le destin.
considérant la confiance en Allah comme faisant partie de sa croyance, le musulman doit se munir de tous les moyens nécessaires pour toute action qu’il compte entreprendre. il n’espère jamais cueillir un fruit sans lui avoir avancé ce dont il a besoin, ni attendre un résultat sans lui avoir préparé ses prémisses.
quant aux résultats de ces moyens, le musulman les confie à Allah qui est seul, capable de les réaliser.
s’en remettre à Allah est donc, pour le musulman, agir et espérer avec confiance et sérénité, tout en étant convaincu que seule la volonté d’Allah s’accomplit et que ceux qui auront fait du bien ne seront jamais frustrés.
sachant que ce monde est régi par des lois divines immuables, le musulman procure à toute activité les moyens adéquats pour la réaliser.
malgré ces précautions, il est conscient que ces moyens, à eux seuls, ne peuvent mener aux résultats désirés ni à la réussite. il les considère, tout au plus, comme une exécution de l’ordre d’Allah auquel il faut obéir, comme on obéit à toutes ses prescriptions.
quant à obtenir le résultat espéré, c’est entre les mains d’Allah qu’il faut se remettre. c’est lui qui est capable de réaliser de tels succès. ce qu’Allah veut se réalisera et ce qu’il ne désire pas n’aura jamais lieu !
que de travailleurs laborieux n’ont pas récolté le fruit de leur labeur et que de semeurs n’ont moissonné ce qu’ils ont semé.
c’est ainsi que le musulman juge les procédés mis en oeuvre. compter uniquement sur eux et leur faire confiance est une hérésie que le musulman rejette, mais y renoncer, alors qu’il est capable de s’en prémunir, est une impiété qu’Allah interdit et pour laquelle il faut demander pardon si on la commet.
le jugement des moyens utilisés découle de la philosophie de l’islam et des prescriptions du Prophète(saws). celui-ci avait soutenu de longues et nombreuses guerres. avant de les engager, il s’y préparait sérieusement, choisissait même le champ de bataille et le moment opportun. on rapporte qu’il ne déclenchait jamais d’attaque dans les moments chauds de la journée et attendait la fraîcheur du soir.
avant le combat, il avait déjà établi ses plans et aligné ses hommes. après les préparatifs matériels susceptibles de le conduire à la victoire, il levait les mains au ciel implorant le tout- puissant et disait :
« ô Allah, toi qui as révélé le livre, qui déplaces les nuages,
qui vaincs les coalisés mets-les en déroute et accorde-nous la victoire !»
Ainsi, le Prophète (saws) réunissait les moyens matériels et spirituels, confiant toujours la victoire entre les mains de dieu et à sa volonté.
ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
en voici un second :
la plupart des compagnons du Prophète (saws) avaient quitté la Mecque pour Médine. le Prophète (saws) patientait et attendait la permission divine pour partir. enfin il la reçut.
quelles furent les dispositions prises ?
- Il choisit pour compagnon de voyage Abou Bakr (que dieu l’agrée), son meilleur ami.
- Il s’approvisionna pour le voyage en eau et vivres. la fille d’Abou Bakr, Asma,( que dieu les agrée) les attacha à la monture avec une partie de sa ceinture (qu’elle coupa en deux ce qui lui valut le surnom : « la femme aux deux ceintures ».
- Il choisit une monture remarquable pour ce long et pénible voyage.
- Il fit son choix d’un guide chevronné connaissant la route dans ses moindres recoins et difficultés pour le mener dans cette odyssée.
- sa maison ayant été cernée par les ennemis qui voulaient l’empêcher de fuir, le prophète chargea son cousin Ali Ibn Abi Taleb (que dieu l’agrée) d’occuper son lit pour dérouter l’ennemi qui guettait sa sortie pour l’assommer. il quitta sa demeure laissant ses ennemis épier son lit à travers les fentes de la porte en attendant son lever.
- les païens le recherchèrent ensuite activement, lui et son compagnon. pour échapper à leur regard, le Prophète(saws) se réfugia avec son ami dans la grotte de « thawr ».
- là, Abou Bakr( que dieu l’agrée) lui dit : « Messager d’Allah ! si l’un de nos ennemis se baissait, il nous verrait à ses pieds !»
et le Prophète(Saws) de lui répondre : « Abou Bakr, que penses-tu de deux, ayant Allah pour troisième ?»
cet épisode concrétise la foi inébranlable aussi bien que la confiance illimitée en Allah.
il montre également que le Prophète saws ne sous-estimait pas les mesures nécessaires à prendre, mais il ne faisait pas fond sur elles. l’ultime précaution du musulman c’est de s’abandonner à Allah en toute confiance et quiétude d’âme.
après avoir pris les dispositions que dictait la sauvegarde de sa personne, jusqu’à se tapir au fond d’une grotte sombre, asile des vipères et des scorpions, le Prophète(SAWS), avec l’assurance du croyant et la certitude de l’homme confiant, dit à son compagnon peu rassuré :
« ne t’afflige pas, Allah est avec nous ! que penses-tu de deux qui ont Dieu pour troisième ? »
[ rapporté par Boukharî ]
cette conduite est un exemple pour le musulman. elle lui montre la valeur qu’il doit accorder aux procédés employés. en modelant sa conduite sur celle du Prophète(saws), il ne paraît ni innovateur, ni prétentieux, mais un pur conformiste.
quant à la confiance en soi-même, le musulman n’en tire pas la même signification que ceux qui ont l’âme masquée par les péchés. ceux-là voient une rupture avec le créateur et jugent que l’homme est capable, à lui seul, de produire ses actes et de réaliser toutes ses richesses et acquisitions et qu’Allah n’y est pour rien. c’est un jugement erroné, indigne du seigneur.
en préconisant la confiance en soi-même dans toutes ses activités le musulman vise à n’être l’obligé que d’Allah seul.
s’il est capable d’accomplir seul son travail, il n’en charge personne.
s’il est en état de satisfaire seul son besoin, il ne recourt à nul autre qu’à Allah.
s’il s’adresse à un autre qu’ Allah, son coeur sera attaché à cet autre.
le musulman ne l’admet jamais !
en se conduisant de la sorte, il ne fait que suivre le chemin des gens pieux et véridiques.
il arrive souvent que le fouet glisse de la main de quelqu’un monté sur son cheval et tombe sur le sol. il descend de sa monture pour le ramasser sans demander ce service à personne.
en recevant le serment d’allégeance d’un nouveau fidèle, le Prophète(saws) exigeait de lui d’accomplir la prière, de payer l’aumône légale -zakat- et de toujours demander secours qu’à Allah.
or, en observant cette conduite, c’est-à-dire en se remettant à Allah tout en ayant confiance en soi-même, le musulman affermit sa foi et développe son caractère par réminiscence de temps à autre, des versets lumineux et des hadiths qui sont les sources de sa foi et de son caractère.
en voici quelques exemples dans ces versets :
« mets ta confiance dans le vivant, l’immortel !»
[ sourate 25 – verset 58 ]
« dieu seul nous protège. il n’est pas de meilleur appui !»
[ sourate 3 – verset 59 ]
le prophète (saws)dit :
« si vous vous remettez à dieu comme il sied, vous serez pourvus comme le sont les oiseaux :
ils partent le matin ventre creux et rentrent le soir repus.»
[ rapporté par tirmidhi ]
en sortant de chez lui, le prophète(saws) disait :
« au nom de dieu ! je me fie à lui. il n’y a de puissance ni de force qu’en lui.»
parlant des 70 000 personnes qui entrent au paradis sans jugement, il dit:
« ce sont ceux qui ne recourent pas à la magie pour se faire guérir,
qui ne cautérisent pas et ne croient pas aux mauvais augures. ils se confient entièrement à dieu !»
[ rapporté par boukhari et muslim ]