Dakarmidi – Les louanges reviennent de droit à Allah, Seigneur de l’Univers. Et que la paix et la prière soient sur le guide des pieux, notre prophète Muhammad, ainsi que sur sa famille et ses nobles et purs compagnons.
Alors que la clairvoyance diminue, que la passion prend le dessus, et que la raison varie d’une personne à une autre, les hommes sont dans le besoin le plus intense d’une révélation divine qui libèrera leurs âmes des chaînes que sont les chimères et les illusions, les délivrera de la dépendance causée par leurs pulsions, les guidera vers le droit chemin et les avertira des conséquences néfastes de l’addiction aux plaisirs éphémères.
Aussi, cette délivrance constitue l’un des buts de l’envoi des messagers – que la paix soit sur eux – qui sont venus guider les hommes vers le chemin du bonheur et de la félicité.
De par cet appel divin, les âmes se sont imprégnées de noblesse, la société s’est reformée puis organisée et les esprits se sont mis à percevoir des réalités qui leur étaient autrefois confuses.
Si les législations célestes ont le mérite et la particularité de reformer l’âme, d’illuminer la vision et d’ouvrir la porte de la sagesse, l’Islam en a sans conteste la part la plus importante. En effet, elle est la meilleure et dernière des religions, de même qu’elle est la plus complète et la plus globale puisqu’elle n’a négligé aucun aspect, que ce soit du point de vue du dogme, du comportement, de l’éducation, du caractère et des autres préceptes religieux. Elle a traité ces domaines de manière à la fois globale et approfondie.
C’est la raison pour laquelle Allah a envoyé Muhammad alors que l’humanité était plongée dans l’ignorance la plus marquée, la déviance la plus totale et la perdition la plus profonde.
Sa guidée n’a cessé de s’étendre jusqu’au point de traiter tous les aspects de la vie. Elle a remplacé l’ignorance par la science, transformé les pulsions destructrices en des ambitions démesurées, et a substitué la perdition par la bonté et la réussite.
L’Islam a réformé les âmes
L’Islam a réformé les âmes par une croyance saine et un comportement gracieux de même qu’il a légiféré des actes d’adoration pour fortifier le lien entre le serviteur et son Seigneur. De plus, il a considéré le fait que l’être humain n’a pas été créé pour vivre isolé du monde, mais plutôt pour vivre au sein d’une communauté dont les membres s’aident mutuellement à satisfaire leurs besoins matériels afin qu’ils atteignent le bonheur.
L’Islam a également accordé une attention particulière aux droits des proches :
▪ En répartissant de manière équitable les dépenses et leurs parts d’héritage dans un système clairement hiérarchisé,
▪ En garantissant leur bonheur et en faisant preuve de bonté à leur égard puisqu’il a prescrit la douceur et la bienveillance à leur encontre.
Il a également régi la vie conjugale par un ensemble de règles qui assurent une cohabitation sincère, en toute harmonie. Aussi, il s’est préoccupé d’améliorer la relation de voisinage.
Par ailleurs, l’Islam a établi des lois équitables dans les domaines du droit civil et pénal par des sanctions dissuasives. Ainsi, l’âme, la raison, l’honneur, les biens, et les familles se sont retrouvés – grâce à ces sanctions – sous protection.
Même après l’époque de la prophétie, les gens n’ont eu cesse de ressentir le besoin qu’on les exhorte lorsqu’ils oublient et qu’on leur enseigne lorsqu’ils ignorent.
Ceci confère à la réforme des croyances et des comportements sa place parmi les plus grandes obligations et les efforts les plus louables.
Méditer sur la situation des musulmans ces dernières années
Et quiconque médite la situation des musulmans de ces dernières années fera le constat malheureux d’une énorme différence et une scission profonde entre leurs attitudes et ce à quoi leur religion les appelle. Et pour cette raison, cette religion est devenue à présent une cible pour ses ennemis qui se sont mis à la combattre, à propager leurs maux au sein des foyers musulmans, ce qui les a fait souffrir considérablement ; alors que cette communauté était jadis respectée, redoutée et préservée de toute part. Mais en réalité, c’est elle-même qui a oublié une partie de ce qui lui a été rappelé, ce qui l’a fait tomber de ses hauteurs et lui a retiré sa puissance. Elle a ainsi connu l’humiliation après la dignité, la honte après l’honneur, l’ignorance après la science, l’immobilisme après le dynamisme, la scission après l’unité au point d’être menacée de disparition.
Cela confirme bel et bien la nécessité de revenir à la religion ainsi que l’importance que revêt l’éducation, qui doit se faire par l’enseignement du dogme islamique et des bons comportements. En effet, l’éducation religieuse joue un rôle considérable dans l’élévation des âmes et la réforme des comportements alors qu’une éducation non conforme aux préceptes islamiques ne permet pas de résister à la plupart des pulsions dévastatrices et ne saura empêcher d’y succomber.
L’éducation religieuse
Quant à l’éducation religieuse, elle renferme en elle une force qui lui permet d’affronter les passions. De fait, celui qui effectue régulièrement un examen de conscience, qui est convaincu qu’il comparaîtra devant le Grand Connaisseur de l’invisible afin qu’Il le rétribue en toute justice n’est en aucun cas comparable avec celui qui n’éprouve aucune honte à commettre des péchés si ce n’est par peur vis-à-vis des gens, d’un châtiment ou par crainte d’une comparution devant une instance judiciaire.
L’âme humaine est originellement dépourvue de comportements, quels qu’ils soient. Cependant, elle est prédisposée à réagir à divers enseignements ainsi qu’à imiter et reproduire des nobles comportements. Cet instinct est celui qui l’amènera naturellement à acquérir la sagesse. Ainsi, lorsqu’une personne recevra une éducation religieuse, son comportement s’en imprégnera en fonction de la force de cette prédisposition naturelle.
La « fitrah », c’est l’Islam et réciproquement
Un des arguments qui démontrent que les âmes sont naturellement prédisposées à se diriger vers les choses vertueuses est la parole du prophète – paix et bénédictions sur lui – : « Il n’est point de nouveau-né qui ne naisse selon la nature saine (al-fitrah) […]». Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim
Les savants ont défini la « fitrah » comme étant la saine nature et le caractère prédisposé à accepter la religion. La « fitrah », c’est l’Islam et réciproquement : l’Islam est la religion de la saine nature. C’est la raison pour laquelle il a été rapporté à la fin du hadith que « […] ce sont ses parents qui feront de lui un juif, un chrétien ou un mazdéen (NdR : également appelé « mage » ou « zoroastrien ») ».
Ibn Al-Qayyîm a dit : « Il a été rapporté d’après cIkrimah, Mujâhid, Al-Hasan, Ibrâhîm, Adh–Dhahhâk et Qatâdah qu’ils ont interprété le terme « nature d’Allah » dans Sa parole Le très Haut : « Telle est la nature qu’Allah a originellement donnée aux hommes » Sourate « Les Romains », v. 30. … par le fait qu’elle désigne « la religion de l’Islam[3] ».
Si les dispositions naturelles permettent à l’individu d’œuvrer avec facilité, alors il est du devoir des bienfaiteurs d’appeler à se débarrasser des vils comportements et à se parer de nobles caractères.
En revanche, bien que le caractère et la personnalité soient des prédispositions naturelles et innées, ceux-ci peuvent aussi bien s’acquérir au fil du temps par l’entrainement, la discipline et les efforts personnels qu’un individu fournira en vue de se réformer. Allah dit à cet effet : « En vérité, Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant qu’ils ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes ».Sourate « Le tonnerre », v.11
Puis il dit : « Certes, celui qui se purifie réussira » Sourate « Le Très-Haut », v. 14.
Le messager d’Allah – paix et bénédictions sur lui – dit : « La science ne s’acquiert que par l’apprentissage et les bonnes manières que par la maîtrise de soi. Quiconque s’efforce de chercher le bien l’obtiendra et quiconque cherche à se protéger du mal en sera préservé ». Rapporté par Al-Khâtîb Al-Baghdâdî dans « Târîkh Baghdâd » (9/127). Sheikh Al-Albânî a qualifié sa chaîne de transmission de bonne.
Le caractère et la personnalité ne sont pas immuables et figés
En outre, le caractère et la personnalité ne sont pas immuables et figés, mais ils sont sujets au changement, contrairement à ce que pensent les « innéistes » qui sont persuadés de leur immuabilité sous prétexte qu’ils sont innés.
Aussi, si les comportements ne pouvaient changer, les recommandations, exhortations et sanctions ne seraient d’aucune utilité. Or, nous avons démontré dans les preuves mentionnées antérieurement le contraire de cela.
En vérité, nombreuses sont les preuves du Coran et de la Sunna qui incitent aux bons comportements et réprouvent les mauvaises conduites. Et si cela n’était pas possible de mettre en application, cela aurait été équivalent à nous charger d’une chose qui est impossible. Or, personne n’oserait prétendre cela. Et comment pourrait-on nier cela alors même qu’une bête de laboratoire est capable de changer de comportement ?!
À titre d’exemple, comment la buse peut-elle passer de l’état sauvage à la sociabilité ? Comment le chien passe-t-il de l’intempérance et la voracité à la décence et la docilité ? Comment le cheval passe-t-il de la rébellion à l’assujettissement et la soumission ? Tous ces exemples révèlent donc un changement de comportement.
Si cela s’est réalisé avec l’animal, que dire de l’être humain, qu’Allah a distingué du reste des créatures par la raison et par le devoir d’accomplir les adorations ? Il est totalement à sa portée de changer de comportement et de caractère de façon à se conduire avec droiture. Ceci étant, le changement ne s’effectuera que par l’utilisation des moyens qui [mèneront à cela], en corrigeant et en initiant son ego jusqu’à le guider à la noblesse.
La situation des compagnons – qu’Allah soit satisfait d’eux – avant la prophétie, constitue la preuve la plus évidente à ce sujet. En effet, ceux-ci étaient comme la plupart des Arabes : rudes, brutaux, acerbes et agressifs. Mais après s’être convertis à l’Islam et après avoir goûté à la douceur de la foi, ils adoptèrent ses bonnes manières et leurs caractères s’adoucirent.
Ils sont même devenus des exemples et des modèles que l’on cherche à imiter, que ce soit pour leur altruisme, leur noblesse, leur courage, leur indulgence, etc.
Par ailleurs, la réalité nous montre quotidiennement que les comportements peuvent varier. On peut voir, lire ou entendre parler de personnes aux caractères vils, sans ambition ni force de caractère. Puis lorsque l’un d’entre eux prend en charge sa propre personne et se renseigne sur les moyens de devenir noble et s’empresse d’emprunter ce chemin, tout en délaissant la bassesse avec amour propre et fierté, son caractère s’améliore, son ambition s’accroit et sa dignité refait surface.
Quant à celui qui est prédisposé à ces nobles caractères, cherche à les mettre en pratique, et se développe par l’entrainement jusqu’en faire une habitude, qu’il sache que cela n’est qu’une succession des bienfaits d’Allah, qu’Il octroie à qui il veut.
Que la prière d’Allah sur notre prophète, ainsi que sur sa famille et sur l’ensemble de ses compagnons.
[divider]
[1] Cf. « Shifâ’ al-calîl » d’Ibn Al-Qayyim, p.276. Voir également « Darr tacârudh Al-caql wa an-naql » d’Ibn Taymiyah (6/8).
Écrit par Muhammad Al-hamad
Traduit Habib abu hawa