Dakarmidi – Avec Saad al-Hijri, un haut dignitaire religieux saoudien, une chose est certaine : les préjugés sexistes ont encore de beaux jours devant eux…
Ses récents propos, dénigrant les facultés intellectuelles des femmes de manière odieuse, sont tellement ahurissants et d’un autre âge que l’on en arriverait presque à se demander s’il était, lui, en pleine possession de ses moyens lorsqu’il les a proférés.
Et c’est bien là où le bât blesse, car l’éminent Saad al-Hijri avait toute sa tête quand il a asséné, sans craindre de sombrer dans un obscurantisme frisant le grotesque, que le sexe forcément faible à ses yeux a, en temps normal, « la moitié du cerveau d’un homme », et que cette moitié se réduit à un « quart » au moment de faire du shopping
Tout cela pour aboutir à quelle conclusion si peu scientifique ? Que la gent féminine saoudienne, dont le cerveau se réduit comme peau de chagrin dès qu’elle fait ses emplettes, ne doit pas être autorisée à… conduire. Proprement renversant !
Saad al-Hijri n’a pas poussé le bouchon jusqu’à reprendre à son compte la célèbre expression « femmes au volant, mort au tournant », reliquat poussiéreux d’un temps, pas si lointain, où les femmes étaient déconsidérées dans nos propres contrées occidentales, mais son équation fligeante n’en a pas moins fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux du royaume.
Les autorités saoudiennes ont été promptes à sévir contre ce prédicateur si mal inspiré, l’interdisant vendredi de prêcher. Désireuses d’envoyer un signal fort à l’adresse de ceux qui seraient tentés de lui emboîter le pas, elles ont indiqué, via un communiqué officiel signé du porte-parole du gouverneur de la province d’Asir, que « cette sanction est un signe montrant que les plateformes de prêche ne seront pas utilisées pour porter atteinte aux valeurs d’égalité, de justice et de respect des femmes inhérentes à l’islam ».
« Quiconque utilisera ces plateformes de prêche dans le futur pour porter atteinte à ces valeurs sera suspendu », a-t-il ajouté, en enfonçant le clou.
Frappé d’un opprobre auquel il ne devait pas s’attendre dans un royaume où, d’ordinaire, l’on ne badine pas avec le rigorisme religieux, Saad al-Hijri a argué que sa « langue avait fourché » pour tenter de sauver la face.
Il aurait surtout mieux fait de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de faire à ce point injure à l’intelligence de ses coreligionnaires et de susciter un tollé parmi les militants des droits de la femme.
Pris dans la tourmente, Saad al-Hijri peut toutefois compter sur le soutien sans faille des milieux ultra-conservateurs qui doivent sans doute estimer qu’il n’a pas à s’en mordre la langue, car il a parlé d’or…
Source : Oumma