Dakarmidi – Le terme taqwâ (parfois traduit par crainte révérencielle.) est un nom générique qui renferme toutes les bonnes œuvres au niveau du cœur (croyance, intention), des paroles et des actes
Ce serait une erreur de restreindre la compréhension du Ramadan à la seule privation de nourriture et de relations intimes. En effet, Allah, parce qu’Il est Le Sage, n’a pas interdit la consommation d’aliments et la satisfaction des besoins charnels pendant la durée quotidienne du jeûne pour que le croyant se « fasse mal ». Mais Il a voulu qu’il apprenne à patienter face aux désagréments qu’engendre le délaissement des choses vers lesquelles penche naturellement la nature humaine.
Effectivement, qu’est-ce qui pousse le plus l’Homme à désobéir à son Seigneur si ce n’est l’envie effrénée d’assouvir ces penchants? Qu’est-ce qui empêche le plus celui-ci d’obéir aux ordres d’Allah si ce n’est ses instincts charnels? Or, la crainte d’Allah (taqwa) consiste justement en l’obéissance aux ordres divins et en l’éloignement de ses interdits, chose que le musulman ne peut acquérir qu’en maîtrisant ce qui en lui fait obstacle à cette qualité. Ainsi, Allah a fait de l’obligation du jeûne de ce mois un moyen efficace d’entraînement à la piété (taqwa), qu’Il a alors placé comme l’objectif suprême du Ramadan: { O vous qui avez cru, il vous a été prescrit le jeûne (du Ramadan) comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédé, afin que craignez Allah} ( Al Baqara v. 183). C’est-à-dire: afin que vous acquériez la piété (taqwa).
Patience et récompenses
Ceci implique que chaque musulman et musulmane fasse un effort sur soi-même pour adopter le comportement le plus correct et le plus digne qui soit.
SELON ABOU HOURAYRA (RAH), LE PROPHÈTE (SAW) A DIT: « ALLAH A DIT : CHAQUE ŒUVRE DU FILS D’ADAM EST POUR LUI SAUF LE JEÛNE QUI EST POUR MOI ET JE RÉTRIBUE PAR SA CAUSE. LE JEÛNE EST UN BOUCLIER CONTRE LE FEU DE L’ENFER, AINSI, LORSQUE L’UN D’ENTRE VOUS ENTREPREND UN JEÛNE QU’IL NE PRONONCE PAS DE PAROLES GROSSIÈRES, QU’IL N’ÉLÈVE PAS SA VOIX SANS RAISON, ET SI QUELQU’UN L’INSULTE OU LE COMBAT QU’IL SE CONTENTE ALORS DE DIRE: JE SUIS EN ÉTAT DE JEÛNE. PAR CELUI DONT L’ÂME DE MOHAMMED EST DANS LA MAIN, L’HALEINE DU JEÛNEUR EST PLUS APPRÉCIÉE D’ALLAH QUE L’ODEUR DU MUSC. LE JEÛNEUR A DEUX JOIES: UNE AU MOMENT DE LA RUPTURE DE SON JEÛNE ET UNE AUTRE LORSQU’IL RENCONTRERA SON SEIGNEUR. » (RAPPORTÉ PAR AL BOUKHARI, MOUSLIM, ABOU DAOUD, AT-TIRMIDHI).
De fait, si le croyant est récompensé jusqu’à dix fois son salaire pour ses bonnes actions, cette rétribution est décuplée par Allah, et ceci parce que le jeûne amène la personne à devoir patienter de plusieurs manières :
– Le jeûneur patiente pour l’obéissance d’Allah puisqu’il supporte les difficultés que peut impliquer le jeûne afin de répondre à l’obligation divine.
– Il patiente aussi face à la désobéissance et aux péchés en évitant tous ce qui peut nuire à son jeûne, comme le mensonge, les insultes et tout ce qu’Allah a interdit.
– Il patiente face aux décisions divines, car il se peut, par exemple, que certaines journées du Ramadan soient plus difficiles que d’autres à cause de la chaleur, de la fatigue, ou de situations diverses voulues par Allah.
D’ailleurs, le mois de Ramadan est parfois surnommé le mois de la patience. Comme l’a rapporté Abou Nou’aim d’un hadith d’Ibn Mas’oud (rah) le Prophète (saw) a dit: « La patience est la moitié de la foi » , et qu’il a aussi dit: « Le jeûne est la moitié de la patience » (rapporté par At-Tirmidhi et Ibn Maja), il en découle logiquement selon l’imam Al Ghazali que le jeûne représente le quart de la foi. Ceci explique alors pourquoi il possède un statut si particulier auprès d’Allah, et pourquoi il convient de mettre toutes les chances de notre côté en faisant de ce mois de Ramadan un mois d’adoration, de lecture du Coran, d’invocations, de prières, d’aumônes, et de toutes formes de bonnes actions possibles.
Miséricorde et Pardon
Et comment pourrait-il en être autrement alors qu’Allah nous a donné des moyens supplémentaires pour y parvenir ? Le Prophète (saw) a dit: « Lorsqu’entre le mois de Ramadan, les portes du Paradis sont ouvertes, les portes de l’Enfer sont fermées, et les démons sont enchaînés » (Unanimement reconnu authentique). De plus, selon Salman Al Farisi (rah): Le Messager d’Allah (saw) nous fit un sermon le dernier jour de Cha’ban, où il dit:
« O vous les gens! Un mois noble et béni vous a recouvert de son ombre. Un mois dans lequel se trouve la nuit du destin, meilleure que mille mois, un mois dont Allah a rendu le jeûne obligatoire, et la prière de nuit acte de bienfaisance. Quant à celui qui œuvre dans ce mois par un bien , il sera comme celui qui a accompli une obligation en dehors de celui-ci. Et quant à celui qui y fait une obligation, il sera comme celui qui en a accompli soixante-dix en dehors de celui-ci. C’est le mois de la patience, et la patience n’a d’autre récompense que le Paradis. C’est le mois de la consolation et du réconfort, un mois dans lequel la subsistance du croyant est augmentée. Celui qui permet à un jeûneur d’y rompre son jeûne, il aura la récompense de l’affranchissement d’un esclave et l’absolution de ses péchés. »
Nous dîmes: O Messager d’Allah, nous n’avons pas tous la possibilité de permettre à un jeûneur de rompre son jeûne? Il dit : « Allah donne cette récompense à quiconque permet à un jeûneur de rompre son jeûne même s’il ne le fait qu’avec un peu de lait ou une datte ou une gorgée d’eau; et celui qui rassasie un jeûneur se voit pardonnés ses péchés, et son Seigneur l’abreuvera le jour du jugement d’une gorgée de mon bassin (al kawthar) après laquelle il n’aura plus jamais soif jusqu’à ce qu’il entre au Paradis, et il aura la même récompense que lui sans que cela ne diminue rien de son salaire. Et c’est un mois dont le début est miséricorde, le milieu pardon, et la fin affranchissement du feu de l’Enfer. Et quant à celui qui y allège le fardeau de son esclave, Allah l’affranchira du Feu. » ( Rapporté par Ibn Khouzaïma et Al Bayhaqi)
Qu’Allah nous fasse parvenir Ramadan et qu’Il nous permette d’y acquérir la piété. Amine