Dakarmidi –
Je me présente Réjane 32 ans. Je vais vous raconter un petit bout de ma vie afin de vous décrire ma rencontre avec l’Islam.
Ma jeunesse
J’ai reçu une éducation religieuse majoritairement catholique. Je suivais des cours de catéchisme obligatoire et je me définissais comme catholique. J’étais très croyante en Dieu et pratiquante. Tous les dimanches j’allais à la messe. Lorsque j’étais petite, en primaire, l’institutrice était une bonne sœur alors, on priait souvent dans la journée.
Ensuite arrive le collège, tout cela s’est perdu mais je continuais à prier chez moi tous les soirs. La religion a toujours été importante pour moi ceci dit je ne connaissais pas trop les autres religions. A vrai dire je n’étais pas spécialement à la recherche d’une religion parfaite. Les idées que j’avais de l’Islam étaient très différentes de ce que j’ai découvert par la suite. Je n’en connaissais que ce que j’entendais à la télévision.
Avant l’islam
Avant ma conversion à l’islam, j’avais globalement de mauvaises relations avec ma mère. J’ai connu beaucoup de conflits au sein de ma famille mais je n’ai jamais vécu de crise d’identité. J’ai néanmoins vécu beaucoup d’évènements douloureux sur le plan personnel, on peut dire que je me sentais globalement « mal dans ma peau ».
J’avais pas mal d’ami(es) et je pense avoir grandi dans un environnement multiculturel. Mon entourage était mixte (garçons et filles). Je ne faisais pas partie d’associations à caractère culturel, religieux, politique ou autre. Je me sentais moyennement proche des personnes issues de l’immigration, en particulier les musulmans, j’étais comme tout le monde en contact avec des musulmans dans mon collège et mon quartier.
Plusieurs éléments ont joué un rôle important dans ma conversion, notamment mon amitié avec quelques personnes musulmanes, la curiosité, le besoin de comprendre le monde, quelques lectures, des discussions avec des musulmans, et surtout le bon comportement de mon amie que je nommerais Saliha. Je faisais beaucoup de bêtises à cette période mais mon amie Saliha elle, était tellement sage. Elle ne se faisait jamais influencer, ne faisait jamais de bêtises, cela me faisait complètement halluciner. Elle avait un respect incroyable envers ses parents, en bref, elle était tout le contraire de moi.
Et je ne rêvais que d’une chose … devenir comme elle ! Quand je lui demandais mais pourquoi, comment ça se fait que tu es comme ça ? Elle me répondait qu’elle était comme cela parce qu’elle savait que Dieu la regardait. Et qu’elle essayait de bien se comporter pour Dieu. Moi qui adorais vraiment Dieu au plus profond de mon cœur, j’avais trop envie moi aussi d’agir pour plaire à Dieu.
Mes croyances ont changé avant mes comportements.
Mes croyances ont changé petit à petit, après examen minutieux de chaque nouvel élément que je découvrais concernant l’islam. Ce qui me bloquait pour me convertir, c’est que je n’avais pas compris un point : Je croyais que les catholiques et les musulmans, n’avaient pas le même Dieu. J’avais donc très peur de trahir « mon » Dieu si je changeais de religion. Je me disais que je ne pouvais pas Lui faire cela, je l’adorais trop. Et un jour, j’ai fait part de cette crainte à mon amie Samira, et là ce fut le choc ! J’ai compris que l’on avait le même Dieu 🙂 Ce fut là l’élément déclencheur, le déclic.
Elle m’expliqua clairement qu’on avait le même Dieu et d’ailleurs les mêmes Prophètes (Paix et Bénédiction d’Allah sur Eux) Juste, que les livres étaient venus à des périodes différentes mais qu’ils furent révélés par le même Dieu.
L’évènement qui marque le plus pour moi le début de ma conversion est le jour ou un ami de mon quartier que je nommerais Khalil m’a dit : « Ok, tu te sens prête pour devenir musulmane, tu es sur ? Bien, alors, tu va répéter derrière moi Ash-hadou An La ilaha Ila Allah, Wa Ash-hadou an-na Muhamadan Rassoul-oullah. Et après il m’a dit « ça y est, tu es musulmane maintenant ». Il m’a expliqué la valeur de cette phrase. Il y avait ce jour là plusieurs copains, copines présentes. Et je me rappel que cela m’avait ému que l’on me dise « ça y est tu es maintenant musulmane ». En même temps, je ne comprenais pas « Quoi ? C’est tout ? Ça y est ? Je suis vraiment musulmane ?».
J’étais très contente, j’avais à l’époque 15 ans (ça fait déjà 17 ans ! ). Je me suis convertie « officiellement » bien plus tard, à la mosquée, c’était à Villeurbanne mais je me suis vraiment sentie musulmane lorsque j’ai commencé à faire des actions pour plaire à Dieu (l’arrêt du porc par exemple). Je considère ma conversion comme un processus plutôt graduel et évolutif.
Durant ma conversion
Mes principales sources d’information sur l’Islam étaient, mes amis, des livres, le Coran. La période de ma conversion a été une période où je n’étais pas trop seule. J’étais assez entourée de musulmans. J’ai pris le temps de me poser des questions et d’y trouver des réponses. Mon amie Samira répondait à mes questions, me prêtait ses livres. Je n’ai jamais eu l’impression de ne pas comprendre tout ce qui m’arrivait. Me convertir à l’Islam, c’était plutôt étudier, lire, réfléchir, pour comprendre, et choisir et je n’ai jamais subi de quelconque pressions de la part de musulmans. Mon cœur s’est d’abord converti à l’Islam puis ma tête.
Au moment de ma conversion, je ne me sentais pas très autonome. Je sentais bien que j’avais besoin de mon amie Samira pour avancer. Cela n’empêche pas qu’à ce moment, j’ai eu l’impression d’avoir enfin trouvé la vérité, cette sensation d’avoir enfin trouvé une appartenance, d’avoir enfin trouvé le bonheur, d’être enfin entièrement moi-même. Je n’étais ni mariée ni en couple au moment de ma conversion à l’islam.
J’ai parlé avec ma mère de ma conversion environ un an après. J’avais en réalité peur de sa réaction. Je suis d’origine Arménienne du coté maternel, et il y a eu le génocide arménien par les Turc en 1915. J’ai reçu une éducation du coté maternelle (par mes grands parents) « anti-turc » c’est vous dire. Pour eux un Turc est un musulman, donc, ils n’aiment pas tous les musulmans. Je savais que mon choix serait complètement rejeté. Les premières réactions de ma mère furent très négatives par contre les réactions de mes amis musulmans très positives.
Je n’ai jamais fais partie d’une tariqa, confrérie islamique.
Après ma conversion
Suite à ma conversion, il ne m’a pas paru évident que cela impliquait toute une série de changements, j’ai donc voulu d’abord étudier lesquels étaient à opérer et j’ai intégré ces changements petits à petit. Si j’ai voulu connaître les prescriptions de l’Islam, c’était pour mieux les comprendre avant de pouvoir les appliquer. En fait, ils ont été pour moi généralement faciles à accepter d’autres un peu plus difficiles à appliquer.
Comme je l’ai dit, je faisais pas mal de bêtises, je m’étais donc fixé comme premier objectif de les arrêter une à une, petit à petit. Ça a été un long travail sur moi-même car j’avais plusieurs dépendances à plusieurs choses… Je n’ai jamais changé un seul de mes comportements parce que je m’y sentais obligée, ni pour ne pas faire l’objet de jugement de la part de mes co-religionnaires sans tout à fait y adhérer moi-même.
Ma vie de musulmane aujourd’hui
J’accomplis aujourd’hui les prières rituelles depuis l’année 2003. J’ai commencé à prier en langue arabe. J’ai appris à faire la prière à l’aide de livres, k7, et mon amie Samira qui me montrait la manière à suivre. Je fais le ramadan depuis 1993, j’avais alors 15 ans mais mes premiers ramadan furent progressifs. La première année, je l’ai fait 5 jours, la 2 ème année, je l’ai fait une semaine, le 3 ème, j’ai tenu 10 jours et ainsi de suite, jusqu’à aujourd’hui, complètement.
Je porte aujourd’hui le hijab. Là aussi, j’ai été très progressive. J’ai d’abord porté des vêtements de plus en plus longs, puis j’ai caché mes cheveux entièrement avec un « bandana » que je nouais à la nuque, cela pendant environ 3ans, puis le 01/09/2007 j’ai mis le hijab
Je respecte évidemment les interdictions alimentaires. Pour la viande de porc, c’est fini depuis 1993, c’est la première chose que j’ai commencé à faire. Pour la viande halal, depuis 1999, je n’ai pas pu avant, car je vivais chez ma mère. Puis j’ai pris mon appartement et j’ai pu manger comme je le souhaitais.
Pour mes diverses dépendances je n’en ai pas consommé depuis 2003. Ces pratiques étaient difficiles à intégrer dans ma vie notamment parce ma mère était contre mon choix par ailleurs certaines dépendances étaient plus difficiles à arrêter que d’autres. Mais de manière générale, je ressentais un sentiment de liberté au bout de chaque effort car je savais que c’était pour mon bien être. Encore une fois, je n’ai jamais adopté une pratique parce que je m’y sentais obligée.
J’essaie de vivre le plus islamiquement possible. Pour distinguer entre le licite et l’illicite, je me base sur la lecture du Coran, de la sunna, de livres islamique et je demande que Dieu me guide. Tout ce qui n’est pas clairement contraire à l’islam ne me pose aucun problème. Je ne crois absolument pas qu’il peut exister un « Islam moderne ». Pour moi L’islam, c’est l’islam ! Qui est pour tous les temps, et pour tous les peuples ! Maintenant je vis l’Islam avec ma tête et avec mon cœur de manière à peu près égale. J’ai l’impression que quand je suis seule, lorsque je ne suis pas entourée de musulmans, il m’est plus difficile d’avoir la foi très haute. L’entourage est important pour moi, afin d’être dans une ambiance de rappel.
La famille
Depuis 2008, les relations avec ma famille (mère et grand parents maternelle) ont beaucoup évolué al hamdulilah. Ma mère accepte même de sortir avec mois dans la rue et avec mon hijab ! Elle a très longtemps attendu que je redevienne « normale ». Elle n’a pas assisté à mon mariage religieux. Elle n’a encore jamais mis les pieds chez moi mais maintenant elle n’est plus contre cette idée. Quand elle m’a vu pour la première fois avec mon hijab, ça lui a fait un grand choc, elle s’est mise à pleurer, tellement elle ne comprenait pas mon choix. J’avais beau lui dire que j’étais extrêmement heureuse, elle ne me croyait pas. Pourtant cela se voit sur mon visage, je suis épanouie, tout le monde le dit mais malheureusement elle ne supporte pas cette idée.
Aujourd’hui mariée, al hamdulilah tout se passe bien auprès de ma belle famille. J’ai pas mal de connaissances, de sœurs fillah. Mon entourage n’est plus trop mixte. J’essaye d’éviter le plus possible la mixité. J’ai maintenu les contacts avec une minorité d’anciens amis non musulmans car chacun a fait sa vie. Mes nouveaux amis depuis ma conversion sont la plupart musulmans. J’ai l’impression qu’il est plus facile pour moi de devenir ami avec des musulmans qu’avec des non musulmans. Aussi, je me sens capable d’être pleinement musulmane dans un environnement non musulman.
Ma vie sociale a effectivement changé depuis ma conversion. Avant, j’étais vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter féminin. Ma responsable ne voulait pas que je porte mon bandana. Malgré le fait que je travaillais là bas depuis 4 ans, j’ai démissionné. Aujourd’hui, je suis indépendante, je gère mon affaire, al hamdulilah.
Mon message
Je regrette certaine choses « d’avant » notamment mon mauvais comportement envers ma mère et les bêtises que je faisais dans ma jeunesse. Ma conversion à l’Islam est la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma vie. Je me sens tout à fait comblée, heureuse en tant que musulmane.
J’étais quelqu’un de très lugubre avant, en deuil de mon père et l’islam m’a littéralement illuminé, j’ai retrouvé goût à la vie, al hamdulilah. Je reconnais qu’il y a des moments où c’est difficile avec la famille notamment lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec nos choix mais cela est une épreuve « normale » si je puis dire. Je me dis que Dieu m’a choisi Moi pour me guider vers la vérité, je suis favorisée, il aurait pu choisir mon voisin, ma cousine, ma collègue … Louange à Dieu, Il m’a choisi ! Alors, je trouve quelque part « normal » que nous soyons éprouvés à ce niveau là, ce n’est qu’un test pour Lui prouver notre amour. En plus, Dieu nous dit que les convertis auront une double récompense, il faut donc la mériter cette double récompense ! Normal que l’on soit peut être un peu plus éprouvé que d’autre. Allahou a’lem, mais c’est comme ça que je le ressens.
Si des personnes hésitantes lisent ce témoignage, croyez moi quand on vous dit que l’Islam, c’est que du bonheur !