Dakarmidi – A Mame Rane
pour les moments inoubliables
passés ensemble
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La mer s’est tue
et il s’est avancé dans le silence de la nuit…
La grève s’étendait longue vaste lumineuse
et le sable à ses pieds s’est mis à chanter
la lune s’est faite plus belle
et pour qu’on la voit plus belle encore
elle est venue se percher sur ses épaules
la mer alors a repris sa musique
car elle aussi voulait qu’on l’entende
et les vagues se sont étalées
comme des pagnes sonores à ses pieds
à ses pieds la mousse est venue caresser ses orteils
pour goûter au parfum de son corps
La mer toujours la mer aux portes
ouvertes de ses désirs
la mer fidèle à ses pas fidèle à ses songes
la mer gardienne de la mémoire de son peuple
toujours elle toujours lui
les rivages qui attendent la saison de ses yeux
l’horizon accoudé à son front
le bleu de la mer le bleu de son immense cœur
son turban noir la Gloire de la Pierre Noire
son turban noir la grandeur du
Signe des peuples noirs
son turban blanc la lumière insoumise
de sa mission solaire
Limamou Laye l’être à qui
tous les cadrans de la mer sont soumis
Que la paix et les champs d’espoir
que tu as labourés sur terre te soient rendus
toi à qui Dieu a donné à lire le cœur pourri du Blanc
et l’aube t’a ouvert tôt les portes du petit matin
Tu as ainsi laissé tes poursuivants des jours et
des jours boire toute leur sueur
Et la mer toujours la mer chantait tes louanges
et Gorée à la souffrance audible qui aussi chanta
son bonheur quand tu franchis l’île
Gorée te voulait habitant éternel
citoyen de fécondité pèlerin de la pluie
sentinelle du bonheur
et la porte qui se referma sur toi
ferma à la fois le ciel et la mer
la terre jura de s’ouvrir
l’île jura de n’être plus une île
les vents de toutes les mers
affluèrent avec tous leurs bagages
alors tes geôliers eurent plus que peur
qui croyaient faire de Gorée ta tombe
Gloire à toi Limamou Laye
Gloire à toi fils de l’eau et du ciel
Gloire à toi qui fis des terres de l’océan
la demeure du puits d’eau
douce au parfum de Médine
Gloire à toi qui fis s’agenouiller
la mer là où tu as voulu qu’elle s’agenouille
et pour veiller sur ton pacte avec elle
tu as choisi de l’habiter car tu dors dans son lit
corps vivant et odorant
trempé dans la chair de l’eau
mais debout beau et ensoleillé
saveur de datte du soir sur les Almadies et
lait de jouvence sous le silence du sel
Gloire à toi Limamou Laye
Gloire à toi qui fais voyager
les habitants profonds de l’océan
jusqu’aux portes fraîches de Cambérène
Cambérène… un nom devenu
si moelleux sur toute langue
Cambérène si clair sonore comme ton nom Laye
Si clair sonore ton nom chantant
comme une flûte foulbé montant d’un vallon
Cambérène sel et pourpre sourire et prière
Gloire à toi Limamou Laye
Gloire à toi qui donnes aux mammifères de
boire à l’eau douce à la
verticale du mausolée où tu reposes
car les baleines porteuses accourues au
bout des lointains continents savent bien que c’est là
qu’elles libèrent sans douleur leurs bébés bleus
Gloire à toi
Gloire à toi à qui il est donné de
commander l’heure des marées
d’eau de séane à l’océan et l’océan acquiesce
Gloire à toi
toi l’arbre béni de l’homme noir
Gloire à toi qui rends si belle et si fière la race
toi qui donnes si fort à l’homme noir
les armes qui sied à sa grandeur
Gloire à toi par qui l’est demain
rejoindra demain l’ouest
toi pour qui les oracles ont
dessiné les lieux de la Résurrection
Gloire à toi par qui et pour qui
les Ecritures ont révélé de nouveaux oasis
et nous savons combien demain le désert
s’ouvrira sur un océan sans fin
combien notre soleil donnera
le plus rafraîchissant des abris
combien notre chemin mènera
à des paradis choisis
combien nos yeux toucheront
à des espoirs jamais rêvés
combien nos mains caresseront
des fruits enivrants jamais portés par un arbre
jamais nourris par une terre connue
Gloire à toi Limamou Laye
toi que chanteront très loin dans le temps
les hommes et les bêtes
Et si demain
comme les Tablettes le murmurent
tu revenais de la terre et de l’eau
alors que le soleil se lèverait à l’ouest des quatre îles
relis sur les visages de ton peuple
les fils des fils de leurs fils
l’amour infini que tu as laissé dans leur cœur
et l’espérance qui à l’hivernage de tes prières
a tant nourri leur âme et leur corps
Gloire à toi le Berger de Yoff Layène
Gloire à toi le dompteur d’océan
à qui l’océan a ouvert sa maison
Gloire à toi qui as tracé à la mer les limites de l’offense
pour que tes enfants n’aient plus à
craindre son courroux
et tu sais que des frontières de ton désir
la mer a fait un lieu de soumission
Gloire à toi Limamou Laye
Mille Gloires à Dieu Le Suprême du Suprême
Gloire et Gloire encore
à Mohamed le choisi d’entre tous notre étoile à tous
Gloire à Leurs Lumières qui ont éclairé tes lumières
et le pont de tisons que tu as bâti pour tes enfants
éclaire leur chemin bien loin
alors que l’océan dorlote malicieuse les
bancs de poissons s’attardant dans le
lit des courants chauds
à la verticale du mausolée où tu reposes
Gloire à toi Limamou Laye
et que dans la longue nuit de ton sommeil éveillé
auprès des chapelets d’or
tu accueilles mon ami Mame Rane
Mame Rane parmi ton sang le plus étoilé
Mame Rane ô si beaux ses yeux
si beaux si purs les yeux pénétrants de Mame Rane…
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Par Amadou Lamine Sall Poète
chant-poème (Extraits) 2005