Dakarmidi – Alors que la nouvelle année hégirienne vient de débuter, et au vu des nombreux frères et soeurs qui utilisent ce début d’année ou la date de Achoura comme échéance annuelle pour le paiement de l’impôt purificateur de nos biens (Zakat), Ajib lance en coopération avec Mathieu (Moussa), licencié en droit islamique de l’université islamique de Médine et auteur du livre-DVD La Zakat Facile, une chronique explicative de plusieurs articles sur les principales obligations de la Zakat et les moyens simples de s’en acquitter.
S’il y a un pilier de l’islam largement délaissé de nos jours par de nombreux musulmans pratiquants, c’est celui bien de la Zakat.
Et pour cela, il n’y a qu’à voir le taux de pauvreté grandissant dans les pays musulmans, mais aussi les appels aux dons incessants dans notre communauté en France.
Mais permettez-moi de vous poser une petite question :
Ce taux est-il dû au fait qu’il n’y ait pas d’argent dans les mains de notre communauté ? Loin de là.
L’argent est bien là, mais ce qu’il fait défaut est le partage effectif de nos richesses.
Cela est encore plus vrai lorsque l’on regarde les écarts de richesses dans les pays musulmans où la fameuse parole : « Les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres » n’a que d’illustration plus frappante.
Non pas que les riches ne méritent pas leur richesse, non.
Mais c’est là un point important sur le fait que la distribution de la richesse, d’un point de vue économique ne se fait pas comme il se doit.
Et lorsqu’on y regarde de plus prêt, tout cela est dû au fait que la Zakat n’est pas appliquée comme il se doit dans beaucoup de pays et de communautés musulmanes à travers le monde. Et la communauté française n’y fait pas exception.
La zakat : nous avons tous à y gagner
La zakat compte d’innombrables bienfaits, dont les dénombrer tous serait impossible dans un simple article. Néanmoins, je vous propose de nous attarder sur deux bienfaits.
Alors que beaucoup de personnes ne souhaitent pas donner la Zakat par avarice ou autre motif financier, il convient de noter, qu’au contraire, la zakat est une cause d’augmentation et d’abondance pour celui qui s’en acquitte conformément au hadith :
« L’aumône ne fait en aucun cas diminuer les biens du bienfaisant »
Et lorsque l’on sait que la racine du mot Zakat en arabe signifie augmentation, on comprendra tout de suite les bienfaits d’Allah sur celui qui la donne, et pourquoi la Zakat a été appelée Zakat de part le Législateur…
Ainsi, la Zakat a des répercussions positives envers la personne qui la donne, mais également pour les plus démunis, car c’est également une occasion pour eux de pouvoir subvenir à leurs besoins de première nécessité.
La zakat : un remède pour les cœurs
La zakat est non seulement un remède pour les cœurs de ceux qui s’en acquittent, en leur donnant la possibilité de se distancer de l’argent et se focaliser sur les valeurs morales et notre relation avec leur Créateur, mais la zakat est également un remède pour les cœurs des ayants droits et des personnes qui ont besoin de cet argent.
Tout le monde connaît les hadiths qui vont dans ce sens. Et pour n’en citer que deux :
« Ne vous jalousez pas, n’enchérissez pas les uns sur les autres, ne vous haïssez pas, n’agissez pas avec perversité les uns à l’égard des autres, ne concluez pas d’achats au détriment les uns des autres (…) »
Ou encore :
« Ne rompez pas vos relations, ne vous ignorez pas, ne vous détestez pas, ne vous enviez pas, soyez des serviteurs d’Allah unis par la fraternité. (…) »
Et comment la jalousie ne peut-elle pas surgir de la part des plus faibles qui voient d’autres profiter de biens matériels et de bienfaits d’Allah innombrables, mais qui eux, n’arrivent pas à assouvir leur besoins de première nécessité ?
Car une société où les personnes aisés financièrement et les pauvres ne communiquent pas, ne s’entraident pas, n’est pas une société digne d’être qualifiée d’islamique exemplaire.
« L’exemple des croyants dans leur amour mutuel et leur pitié l’un pour l’autre est comparable à un corps.
Lorsqu’un un des membres du corps éprouve une douleur, c’est comme si tout le corps souffrait de l’insomnie et de la fièvre. »
Et c’est pour cette sagesse que l’islam ordonne aux plus aisés de participer à un taux infime à la réduction des inégalités sociales, pour que nous puissions vivre en paix et en harmonie.
La zakat : un pilier et non pas un « simple obligation »
N’oublions pas qu’il ne s’agit pas ici d’une « simple obligation » mais bien d’un pilier de l’islam. Oui, d’un pilier.
Ainsi, je pense que chacun d’entre nous mérite de se remettre en question :
Donnons-nous la zakat comme il se doit ?
Nous acquittons-nous de ce pilier tel que l’islam nous l’a ordonné ?
Lorsque l’on scrute les textes sacrés, et notamment le noble Qur’an nous nous rendons compte que la Zakat est un des piliers (avec la prière) religieux de longue date.
Pour ne citer qu’un verset dans ce sens, nous pouvons citer le verset 31 de la Sourate Maryam dans lequel nous pouvons trouver une parole que Jésus (‘Isa) –que la paix et le salut d’Allah soient sur lui– prononça et qui est la suivante :
« Et Il m’a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la zakat »