Dakarmidi -Qui était Othman Ibn Affan
Son nom et sa généalogie
Il se nomme Abou ‘Amr ‘Othman Ibn ‘Affan Ibn Abi l-‘As. Sa mère est ‘Arwa Bintou Kariz et son arbre généalogique rejoint celui du Prophète à ‘Abdou Manaf.
Sa naissance
Il est né à At-Tâif, six ans après l’année de l’éléphant.
Sa conversion (-13 H. ; 39 ans)
Il fut parmi les premiers convertis à l’Islam, par Abou Bakr, que Allâh les agréé tous deux. Il avait à ce moment-là trente neuf ans.
Ses combats dans la voie d’Allâh
Il assista à tous les grands évènements avec le Messager d’Allâh sauf la bataille de Badr car sa femme Rouqayya était malade. Ainsi le Prophète lui ordonna de rester à son chevet à Médine ; il le compta cependant parmi les participants à la bataille de Badr et lui donna sa part du butin.
Son éléction en tant que calife (23 H.)
Il lui fut prêté serment comme successeur à la tête des musulmans trois nuits après l’enterrement de ‘Omar Ibn l-Khattab, que Allâh l’agrée.
Arrive l’heure de la prière de l’aube. Après l’avoir accomplie, Ibn Awf envoie quérir tous les Emigrants et les Auxiliaires présents à Médine, tous les chefs des armées – ils étaient venus accomplir le pèlerinage à la Mecque avec le défunt calife Omar – et tout ce monde se réunit dans la mosquée du Prophète. Ibn Awf déclare alors qu’après avoir consulté les gens, il a constaté « qu’ils ne considèrent personne comme étant du même niveau que ‘Othmân ».
Il fait alors allégeance à ce dernier, et les responsables présents la lui font eux aussi (Al-Boukhâri 7207). Alî aussi lui fait allégeance (Al-Boukhâri n°3700).
Les expeditions qu’il envoi
Beaucoup de pays furent conquis à son époque, comme l’Arménie et la Tripoli occidentale.
‘Othman prépara une armée pour la conquête de l’Ifriqiya – l’actuelle Tunisie -. Le roi de cette région était Jarjir, un représentant de Héraclius à qui il envoyait chaque année un tribut. Lorsque ce roi apprit la nouvelle, il réunit une armée de cent vingt mille hommes et vint à la rencontre des musulmans à Soubaytoulah, la capitale de son royaume. Ils l’appelèrent à l’Islam ou à payer la jizyah mais il fit preuve d’orgueil.
Puis ‘Othman envoya ‘Abdoullâh Ibn z-Zoubayr avec des soldats en renfort. Jarjir eut vent de l’arrivée des renforts et prit peur. Les affrontements commencèrent, la bataille fit rage. Ils prirent d’assaut les campements romains et les mirent en déroute, beaucoup d’entre eux furent tués. ‘Abdoullâh Ibn z-Zoubayr tua Jarjir, conquit Soubaytoulah, puis les habitants de l’Ifriqiyah demandèrent la paix moyennant deux millions cinq cent mille dinars.
Les problèmes qu’Il dû affronter en tant que calife
C’est durant le califat de notre maître ‘Othman, que Allâh l’agrée, que commençèrent les critiques vis-à-vis des gouverneurs qu’il avait nommés dans différentes contrées. Les gens reprochaient des erreurs de la part des gouverneurs et les amplifiaient; ces propos se propagèrent entre certains résidents de ces contrées qui commencèrent à parler à haute voix d’oppression et d’injustice de la part des gouverneurs mis en place par ‘Othman dans les différentes contrées et régions. Ces paroles finirent par parvenir aux plus grands compagnons à Médine. Ils parlèrent à ‘Othman en lui demandant de révoquer certains gouverneurs afin de faire cesser cette dissension. Alors ‘Othman envoya des observateurs dans les différentes contrées qui lui rapporteraient les informations réelles. Entre autres, il envoya Mouhammad Ibn Maslamah à Koufa, Ousama Ibn Zayd à Bassora, ‘Abdoullâh Ibn ‘Omar au Cham et ‘Ammar Ibn Yasir en Egypte. Ils partirent et revinrent en disant : » Nous n’avons rien vu de blâmable ».
Les instigateurs pervers de la dissension cachaient intérieurement ce qu’ils recélaient de fourberies dans le cœur, ils faisaient croire aux gens qu’ils voulaient faire apparaître la vérité et la justice. Leur leader dans cette affaire était ‘Abdoullâh Ibn Saba connu sous le nom de » Ibn as-Sawda ». C’était un juif d’Irak, montrant hypocritement l’apparence de l’Islam dans le but de semer la dissension et la division dans la communauté musulmane. Lorsque les gens de Bassora le démasquèrent, ils l’expulsèrent de cette ville, il se rendit alors à Koufa puis au Cham, d’où il fut de nouveau expulsé. Ibn Sawda se dirigea vers l’Egypte et s’y implanta. C’est là-bas que le nombre de ses adeptes augmenta. Sa nuisance envers ‘Othman redoubla car son but était de faire diverger la parole des musulmans.
Les cerveaux de l’intrigue n’ont aucun scrupule pour parvenir à leurs objectifs : ils n’hésitent pas à écrire des faux qu’ils signent du nom d’illustres compagnons et qu’ils envoient à des gens pour les soulever. Ils prétendront ainsi que Alî leur a écrit une lettre critiquant ‘Othmân.
Alî s’exclamera : « Par Allâh je ne vous ai jamais envoyé de lettre ».
Pareillement, alors que Masrûq reproche à Aïcha d’avoir écrit aux gens pour les soulever contre ‘Othmân, elle proteste et dit : « Par Celui en qui les croyants ont foi et que les incroyants renient, je ne leur ai pas écrit une seule lettre ! ».
Il met en place dans chaque grande ville un registre public destiné à recevoir les doléances des administrés, il invite ceux qui ont des plaintes à venir les faire entendre lors du pèlerinage; mais il refuse que pour le défendre on entreprenne quelque chose susceptible de faire couler le sang.
Mu’âwiya lui proposera d’envoyer une petite armée assurer l’ordre à Médine car celle-ci pourrait être la proie de ceux dont on sent bien qu’ils sont en train de faire naître une lame de fond. ‘Othmân refuse. Plus tard d’autres compagnons lui proposeront de le défendre contre les insurgés. ‘Othmân refusera encore de faire le premier des pas qui feront couler le sang.
Sa maison prise en siège pendant 40 jours
Les critiques se multiplièrent ainsi que les on-dits à Médine. Les chefs meneurs de la dissension contactèrent leurs adeptes dans les différentes villes, leur disant de se présenter à Médine. Ces derniers entrèrent à Médine sous le prétexte du pèlerinage, en cachant leur complôt visant à porter atteinte à ‘Othman, que Allâh l’agrée.
‘Othmân leur demande : « Que voulez-vous ? »
Ils font part de leurs exigences, et ‘Othmân finit par s’engager à les respecter : il y a notamment le fait de ne plus nommer que les gens que ces insurgés estiment dignes des postes administratifs; il y a aussi le fait de répartir les recettes fiscales de façon égale. Pour leur part les insurgés prennent l’engagement de reconnaître son autorité en tant que calife.
Ils repartent alors de Médine satisfaits, mais bientôt ils interceptent un cavalier porteur d’une lettre signée de ‘Othmân qui demande au gouverneur d’Egypte de mettre à mort les insurgés. Ils reviennent alors à Médine. Des insurgés viennent rencontrer Alî et lui disent qu’ils vont se soulever contre ‘Othmân et qu’il doit les aider dans cette entreprise. Devant son refus, ils lui disent : « Eh bien pourquoi nous as-tu donc envoyé la lettre ?
– Par Allâh je ne vous ai jamais envoyé de lettre ! » proteste Alî.
Les insurgés vont demander des explications au calife ‘Othmân. Celui-ci jure ne pas être à l’origine de la missive qu’ils ont interceptée. Ils lui demandent alors de leur remettre Marwân Ibn al-Hakam, son secrétaire. ‘Othmân refuse . Les insurgés assiègent ‘Othmân dans sa maison.
Ils l’assiégèrent durant quarante jours, allant jusqu’à l’empêcher de se procurer de l’eau. ‘Ali se mit en colère et fit apporter de l’eau, puis envoya Al-Haçan, Al-Housayn et un groupe de fils des compagnons monter la garde devant la maison de ‘Othman, craignant qu’on la prenne d’assaut. Les rebelles attaquèrent en se ruant sur la porte de ‘Othman, mais ils en furent empêchés par Al-Hasan, Al-Housayn, Az-Zoubayr, Talha et d’autres, puis ils escaladèrent les murs et prirent d’assaut la maison en passant par la maison de ‘Amr Ibn Hazim et ceux qui gardaient la porte ne s’en aperçurent pas.
Mouhammad Ibn Abi Bakr entra et parla avec ‘Othman, alors ‘Othman lui dit : « Si ton père Abou Bakr te voyait il n’accepterait pas cela », alors il eu honte et sortit en regrettant.
Il a refusé les trois propositions de Al-Mughîra Ibn Su’ba dont l’une est d’employer la force pour combattre les insurgés présents à Médine (Ahmad n°451).
Quant à ces insurgés, ‘Othmân leur dit : « Si vous me tuez, alors vous ne pourrez plus vous aimer les uns les autres, vous ne prierez plus sous la direction des uns et des autres et vous ne serez plus unis face à vos ennemis ». (At-Tabarî)
‘Othmân rappelle aux insurgés que le Prophète a interdit de verser le sang de l’homme, sacré par nature, sauf dans des cas précis; or aucun de ces motifs n’est présent en lui; « Pour quelle raison allez-vous donc me tuer ? » questionne-t-il (At-Tirmidhî n°2158, Abou Dâoûd n°4502, An-Nasâi n°4019, Ibn Mâja n°2533).
‘Othmân leur rappelle aussi que, du temps du Prophète, alors que les musulmans devaient auparavant acheter leur eau, il a, sur la demande du Prophète, acheté et offert aux musulmans le puits de Rûma à Médine et qu’aujourd’hui les insurgés lui interdisent de bénéficier de l’eau de la ville ; qu’il a acheté une parcelle de terrain pour la joindre à celle de la mosquée du Prophète et qu’aujourd’hui ils lui interdisent d’accomplir ne serait-ce qu’une prière dans cette même mosquée ; qu’un jour, alors que le Prophète, Abou Bakr, Omar et lui-même se trouvaient sur une colline de la Mecque, que celle-ci avait eu une secousse et que le Prophète avait alors dit à la colline de se tenir tranquille car elle portait un Prophète, un juste et deux martyrs. Ses ennemis ayant reconnu tout ce qu’il leur dit, ‘Othmân s’exclame : « Allâhu Akbar ! Ils sont témoins, en ma faveur, par le Seigneur de la Kaaba, que je suis martyr ! ». (At-Tirmidhî n°3703, An-Nasâi 3608)
Sa mort (35 H. ; 81 ans)
Puis, les effrontés semeurs de discorde entrèrent chez lui et l’un d’entre-eux le frappa de son sabre, sa femme Na’ilah se précipita sur lui et eut les doigts de la main sectionnés, puis ils le tuèrent, l’insurrection fit rage et la maison fut pillée.
Il est mort le vendredi 18 de Dhou l-Hijja en l’an 35 H, à 81 ans. Son califat dura douze ans moins un jour.
‘Othman, que Allâh l’agrée, avait dit avant son assassinat : « Hier, j’ai vu le Messager d’Allâh en rêve ainsi que Abou Bakr et ‘Omar qui m’ont dit : Patiente, car tu déjeunera auprès de nous la nuit prochaine ».
Son enterrement
Il resta dans sa maison trois jours puis Hakim Ibn Houzam et Jabir Ibn Mout’am vinrent auprès de ‘Ali qui les autorisa à préparer ses funérailles et à l’enterrer, il fut enterré entre al-maghrib et al-‘icha dans un jardin que ‘Othman, que Allâh l’agrée, avait acheté et qu’il intégra au cimetière de Baqi’ou l-Gharqad.
Sa description physique
Il était de taille moyenne, avait un beau visage, blanc avec une rougeur, sur lequel apparaissaient des cicatrices suite à la variole. Il avait la barbe épaisse, les épaules larges, les bras longs et recouverts de poils.
Ses mérites
On rapporte au sujet de Abou Musa Al Ash’ari qu’il dit : « Si Allâh veut du bien à mon frère. Il le fera venir à cette heure ».
Juste à ce moment quelqu’un fit bouger la porte. Je dis : « Qui va là? »
Il dit : « ‘Othmàn Ibn ‘Affàn ».
Je dis : « Attends un peu! » Je partis l’annoncer au Prophète qui dit : « Laisse-le entrer et annonce-lui le Paradis ainsi qu’une épreuve qui le touchera ».
Je revins et dis : « Entre! Le Messager d’Allâh t’annonce le Paradis ainsi qu’une épreuve qui te touchera ».
Il entra et, ayant trouvé ce côté de la margelle déjà occupé, s’assit sur le côté d’en face ». (Al-Boukhâri, Mouslim)
Selon ‘Âicha : « Le Prophète était assis avec une cuisse découverte, Abou Bakr lui demanda permission d’entrer et il lui accorda sans changer de position, ensuite lui demanda ‘Omar et il lui accorda sans changer de position, ensuite lui demanda ‘Othmân et il recouvrit sa cuisse. Quand ils sont sortis je lui est demandé : « Ô Messager d’Allâh, Abou Bakr et ‘Omar t’ont demandé la permission d’entrer et tu leur a accordé sans changé ta posture; mais quand te l’a demandé ‘Othmân tu t’es recouvert » ?
Il dit : « Ô ‘Âicha, ne devrais-je pas avoir honte d’un homme duquel, par Allâh, les anges ont hontes de lui »« . (Ahmad, Al-Boukhâri en a également parlé)