Dans son sillage funeste, le Covid-19 ne sème pas seulement le malheur et la mort… Il sème aussi les ferments de la controverse sur des réseaux sociaux en proie à l’anxiété, et aux rumeurs que certaines peurs irraisonnées font naître immanquablement.
Alors que le mois béni de Ramadan se profile doucement à l’horizon, le Comité de jurisprudence d’Al-Azhar, la plus haute institution de l’islam sunnite, a rendu mardi son arbitrage au sujet de la question qui fâche et a suscité un vif émoi sur le Net : l’observation du jeûne, à l’heure du Covid-19, ne risque-t-il pas de faire perdre à l’organisme ses précieuses défenses immunitaires et de le rendre, de fait, très vulnérable ?
« Il n’y a aucune preuve scientifique selon laquelle le jeûne faciliterait la contraction du virus », a tranché cet aréopage de juriconsultes musulmans. « Les prescriptions de la charia sur le jeûne restent inchangées : le jeûne est une obligation pour tous les musulmans, à l’exception de ceux qui en sont dispensés avec une excuse valable », ont-ils précisé, ainsi que s’en fait l’écho le site d’information égyptien Al-Ahram.
Ils ont mis fin à la polémique depuis le Caire, au cœur d’une Egypte qui n’est pas épargnée par le virus (plus de 1 450 personnes infectées et 94 décès). Avec ses 100 millions d’habitants, le pays le plus peuplé du monde arabe a toutes les raisons de redouter l’infernale propagation de ce fléau sur ses terres. A son tour, il tente de lui faire barrage en ayant suspendu toutes les prières dans ses mosquées, fermé ses écoles et ses universités, instauré un couvre-feu depuis le 25 mars, et plus récemment, en interdisant tout rassemblement religieux lors de la célébration du Ramadan.