Dakarmidi – Bonjour à tous. Au delà de la polémique sur le jour de la Eïd, qui faut-il le préciser d’emblée, est typiquement et exclusivement sénégalaise, tout le monde doit partir de l’idée selon laquelle l’Islam est une religion universelle, avec des fidéles qui, en principe, partagent tous les fondamentaux qui la sous-tendent: un seul Coran, une seule lune, une seule Kaaba, un seul jour de fête valable (pas deux), etc.
ARAFAT COMME REPÈRE INFAILLIBLE:
Il y a une chose sur laquelle ceux qui célébreront la fête le Vendredi 1er Séptembre, ainsi que ceux qui la célèbreront le Samedi 2 Séptembre incha Allah, de même que les non-musulmans qui portent un intêrèt à cette question, doivent s’accorder:
le fête musulmane de la Eïd El Kebir (Tabaski au Sénégal) est célébrée au lendemain de Arafat (yawmal Arafat), qui correspond au 9eme jour de Dhul-Hijja, c’est à dire les 10 premiers jours du mois sacré du Pèlerinage.
Cette période n’est même pas un simple hasard car elle consacrait, avant la révélation du Coran, une trêve où les guerres et toute forme de violence étaient prohibées, dans ces contrées arabes préislamiques.
De sorte qu’aujourd’hui, et comme le veut l’Islam, dix jours durant, avant la fête du Sacrifice d’Abraham, il est recommandé de faire des efforts dans les actes d’adoration comme la prière, le rappel d’Allah, les contacts avec la famille, les aumônes, le fait de recommander le bien et d’interdire le mal, selon ses possibilités.
PRÉCISIONS:
Il est important de préciser, pour les non-musulmans, que si le pélérinage à la Mecque est un des cinq piliers de l’Islam (si la personne remplit les conditions physiques, financières et matérielles nécessaires), le fait d’immoler un mouton n’est pas une obligation, et est assujeti aux moyens matériels et financiers du musulman.
Partant de là, il faut comprendre qu’au delà de son caractère festif (communion avec la famille et les proches), la célébration de la Eïd (aller prier le matin vers 9h, sacrifier un animal etc.), n’est pas en soi une obligation non plus.
Ce qui fait que cette polémique, si elle fait l’objet d’un paradoxe notoire exclusivement et singulièrement sénégalais, n’est pas en soi, un problème affectant de facto l’Islam (dans le sens large de sa constituante des cinq piliers).
SENEGAL: UN CAS ISOLÉ
Cependant, la célébration de certaines fêtes islamiques pose un réél problème au Sénégal. Car si nous sommes tous d’accord que Arafat est le 9e jour du Dhul-Hijja (cf plus haut) et le 10e étant la Eïd El Kebir, techniquement et de manière mathématique, la commission sénégalaise en charge de cette question ne peut fondamentalement pas avoir raison en proclamant la Eïd au 11e jour, c’est à dire deux jours après Arafat, et non le lendemain comme le veut la Sunnah du Prophète (Paix et Salut sur lui).
Théoriquement, les musulmans qui sont en pèlerinage à la Mecque, passeront la majorité de la journée du 31 Août incha Allah, sur le Mont Arafat. Les pèlerins y prient Duhr et Asr regroupés à l’heure de Duhr. Ils devront également y rester jusqu’au coucher du soleil (la prière du Maghreb). Le lendemain, c’est la fête de l’Eïd.
L’HEURE DES QUESTIONS, LES VRAIES:
Aujourd’hui, n’est-il pas temps de s’intérroger sur la structure et les objectifs de la commision dirigée par Iyane Thiam? Quelle est la part de la « Takhwa » (la crainte d’Allah) dans les décisions prises par cette commission? N’y a t-il pas lieu de s’intérroger sur de potentiels agendas cachés ? Prendre tout un pays en otage pour des raisons très obscures et énigmatiques…jusqu’à quand?
Sur quelles bases théologiques, sociales, réligieuses, culturelles ou tout ce que vous voulez, se fonde cette commission pour statuer et décider au calme, au nom de la quasi totalité des 15 millions de sénégalais? Pourquoi refuse t-elle de s’aligner sur tous les autres pays de la sous-région ainsi que l’Arabie saoudite où se trouve la Kaaba?
Qui sont les membres qui composent cette commission? Qui les a mandatés? La commission statue au nom de qui? Pourquoi s’emmure t-elle dans un silence et une obstination injustifiés, dans le silence le plus total des nos autorités (spirituelles et temporelles)?
L’ETAT ET LES FAMILLES RELIGIEUSES, LES 1ers RESPONSABLES:
Le rôle fondamental de nos familles réligieuses dont on se targue de la grandeur et la sacralité tout le temps, doit à mon avis être (enfin) décisif afin de résoudre cette équation sénégalaise. Une introspection s’impose sur tous les plans et à tous les niveaux de l’échelle. On a eu un ministère en charge des affaires réligieuses par le passé. Et ce Ministère existe tjr dans certains pays.
Si l’Islam nous enseigne le concert des actions, la cohésion et la consultation dans le processus de prise de décision, cette réalité-là, nos guides réligieux doivent en faire la leur, en élevant la voix, puisque, dit-on, ils sont très écoutés et que beaucoup attendent leurs instructions pour s’exécuter. Les familles réligieuses doivent aider à résoudre ce problème social.
Aussi, je pense humblement qu’il est grand temps que l’Etat du Sénégal se saisisse de la question, qu’elle revoit les fondamentaux de cette commission, afin qu’elle prenne les bonnes décisions, pour l’amour de Dieu. Tous les pays du monde ne peuvent pas célébrer la Eïd le 1er, et que seul Sénégal la célèbre le 2 Séptembre. Mon pays a tort, et n’est pas sur le droit chemin.