Dakarmidi – Né à Yoff, en 1876, Issa fils de Seydina Limamou et de la sainte Fatimata Mbengue passa une enfance calme et studieuse. Il apprit ses premières notions coraniques chez Tafsir Ndiaga Gueye qui comptait parmi ses élèves un garçon qui deviendra le grand érudit Tafsir Ibrahima Mbengue, bien connu à Rufisque. Celui-ci raconta qu’il fut chargé par leur maître de faire connaître au jeune Issa les premières syllabes du texte coranique : Bâ Sîn Mîm. Mais dit-il, Issa s’évanouissait chaque fois qu’il répétait Bâ Sîn Mîm. Tafsir Ndiaga informa alors Seydina Limamou et se déclara incapable d’instruire son enfant.
Seydina Limamou posa, alors, sa sainte main sur la tête de Issa et lui dit, par trois fois; « Issa va apprendre, celui qui est appelé à être l’imâm du monde entier doit apprendre ».
A partir de cet instant, Issa put prononcer les syllabes coraniques sans s’évanouir. Cette première prédiction, concernant l’apostolat futur de Issa, sera réitérée par Seydina Limamou (P.S.L) dans d’autres circonstances, et notamment le 10 septembre 1887, jour où le Serigne Ndakarou Diali Beuk et d’autres notables Lébou se rendirent à Yoff en médiateurs, cherchant à réconcilier Limamou et les Français.
En conclusion de la réponse qu’il leur fit, Limamou, leur dit en leur montrant Issa « … je sais que je mourrai quand le terme en sera venu, mais si je meurs avant d’avoir accompli ce que Dieu m’a ordonné, ce garçon achèvera mon oeuvre ».
Jusqu’à l’âge adulte, Issa vécut sous l’autorité ferme et vigilante de son vénéré père, et mena des jours paisibles assombris de temps à autre par les rudes épreuves qui frappaient son père et sa communauté. Il passait le plus clair de son temps, à lire divers ouvrages, si les travaux champêtres ne le retenaient pas à l’extérieur de la maison.
Les choses allèrent de soi, jusqu’au jour où un petit incident l’opposa à son père. Il était alors âgé de trente ans environ. Il s’était simplement étonné d’apprendre que son père avait décidé le mariage de sa petite soeur Aïta Sène Thiaw, sans lui en parler. Selon celle-ci, qui nous a raconté l’incident, Seydina Issa n’apprécia pas le choix du mari qu’elle devait épouser, et quitta de lui-même le toit paternel. Selon d’autres versions C’est Limamou qui fut mécontent de la réaction de Issa et lui demanda de s’en aller. Mais les connaisseurs des réalités spirituelles sous-jacentes affirmaient que cet incident n’était que la couverture apparente d’un processus spirituel arrivé à maturité : le moment était venu d’une séparation nécessaire de deux « lumières » dont la cohabitation en un lieu devenait difficile.
L’exil s’imposa à lui, cet exil que subissent généralement les grands apôtres au début de leur mission, et qui semble avoir pour eux une valeur initiatique, une épreuve à franchir pour parfaire le niveau de maturité qu’exigent les lourdes charges qui les attendent.
Seydina Issa quitta donc le toit paternel. C’était en 1906 ou 1907, et séjourna successivement auprès de grands disciples de Seydina Limamou : à Dakar chez Youssou Bamar Gueye, à Pout chez le grand saint Mor Wade. On raconte que celui-ci le fit asseoir sur ses frêles jambes, bien que paralytique, et le soupesa pour lui dire qu’il ne faisait pas encore le poids spirituel, niais, il lui prédit que la maturité et la majesté l’attendaient au bout de l’exil. Seydina Issa poursuivit son chemin. Son vieux compagnon Libasse Mboup, décédé en 1987, nous a raconté que Seydina Issa le trouva chez son père à Ngây Mékhé. C’est ainsi que dit-il « je partis avec lui et ses compagnons vers d’autres lieux. Nous nous arrêtions deux à trois jours chez un hôte pour repartir, jusqu’au jour où nous nous fixâmes à Ngâkham chez le saint Mamour Diakhaté ».
En ce lieu, Seydina Issa resta deux à trois ans avec ses compagnons : Aliou Wane, Libasse Dione et Libasse Mboup. Ce dernier raconte que Seydina Issa passait son temps à lire le Saint Coran et à psalmodier à haute voix la formule de l’unicité de Dieu : « La ilâha illa lâhou ». Il lui arrivait dit-il de répéter cette formule jusqu’à ce que du sang apparaisse dans ses crachats.
Selon le vieux Libasse Sall, chef de village de Gossas, Seydina Issa eut une vision qui semblait lui annoncer le rappel à Dieu prochain de son père. C’était dit-il vers le dixième jour du mois de ramadan de l’année 1909 à Ngâkham. En plein jour, Issa tomba près de la mosquée en poussant des soupirs. On se précipita sur lui, le releva et le ramena dans sa chambre. Quand il revint à lui, sa femme Khady lui dit : »qu’est-ce qui t’est arrivé tu nous as fait peur, comment ceci peut-il arriver à une personnalité comme toi ? » Seydina Issa répliqua : »Vous auriez certainement fait comme moi, si vous aviez vu le spectacle qui s’est offert à moi : j’ai vu d’un seul coup, le ciel couvert d’anges montés sur des chevaux sur toute l’étendue du pays, de Ngor à l’extrême Est tous, d’une blancheur éclatante, volaient formant une sorte de vaste tente ».
Un mois après cet incident, un émissaire du nom de Massaër venu de Yoff dit à Seydina Issa : »je suis chargé de te faire savoir que ton père est très malade, si tu veux le voir rentre vite » Seydina Issa lui répondit « tu n’es pas un fidèle messager, car tu ne dis pas ce que tu devrais dire ». Massaër se résigna alors à dire la vérité : »Oui ton père est décédé «
La Rédaction