Dans une grande entreprise, un DRH qui embauche à un poste stratégique un cadre incompétent et qui la met dans le mur est tout de suite licencié pour faute grave. Logique. Lorsque le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, déclare que Thierno Alassane Sall a été démis de ses fonctions pour incompétence, on s’interroge sur les capacités managériales des hommes qui l’ont nommé à un poste parmi les plus stratégiques du gouvernement et qui symbolisait à lui tout seul et de par son seul intitulé un des axes essentiels sur lequel était engagé notre futur et reposait le socle ferme de notre essor.
Passons sur l’inélégant « ce monsieur », pour désigner un homme qui aura des mois durant travaillé sur le dossier du gaz et du pétrole et dont on a du mal à penser qu’il a démontré son incompétence au moment même où il s’agissait d’apposer sa signature sur le parapheur qui contenait les fruits de mois de négociations, menées par « ce monsieur », dont on a subitement découvert l’incompétence.
Avec tout le respect qu’on porte à Mahammed Boun Abdallah Dionne, clamer l’incompétence d’un ministre tellement important dans le dispositif gouvernemental, et portant sur ses capacités un des axes majeurs du PSE, relève de l’aveu non seulement d’incompétence, mais aussi d’inconséquence. Soit on a nommé un incompétent en le sachant, soit on a viré un nullard au bout de deux années. Et, dans les deux cas, cela relève de l’incompétence de ceux qui l’ont nommé, puis viré.
On aurait aimé connaître les véritables raisons de ce limogeage inédit. On nous offre, au contraire, comme on se tire une balle dans le pied, l’image d’un pouvoir qui aura de son propre aveu nommé des gens « au petit bonheur la chance », à des positions stratégiques. Vous avez dit « incompétence » ?
Jean Pierre Corréa