Dakarmidi- Nous sommes pour une démocratie vivante, pour une démocratie plurielle et non une démocratie au rabais et asphyxiée. Dans notre système politique l’élection du président de la République par le suffrage universel est un temps fort de la vie politique, c’est la rencontre d’un homme et de son peuple. Dans la désignation de cet homme ou de cette femme qui devient la clef de voûte de nos institutions, il faut une pluralité dans le choix des citoyens, il faut une diversité dans ce choix et aussi souhaiter du patriotisme des candidats. Une campagne présidentielle c’est avant tout un débat d’idées, c’est une confrontation de visions entre hommes ou femmes d’Etat. Une élection c’est surtout une campagne électorale où se déroule une confrontation féconde entre projets de société au-delà du choix d’un homme ou d’une femme.
Pour réguler ce processus qu’est l’élection du Président de la République et avoir des candidatures utiles qui permettent un débat de haut vol, le système de parrainage par les citoyens me semble une solution sérieuse et opérante. Mais bien sûr il faut encadrer ce levier d’organisation et le pouvoir actuel doit donner toutes les garanties nécessaires pour rendre ce processus de parrainage équitable et fiable. En espérant que nos compatriotes aient le souci de faire représenter une multitude de sensibilités politiques. Ma crainte c’est de voir un courant comme l’écologie politique peu représenté dans notre vie politique évincé par ce type de mécanisme.
Par ailleurs, les concepteurs du parrainage démontrent avec brio la pertinence du taux « 1% des électeurs inscrits sur le fichier électoral ». A partir de ce débat fécond et contradictoire sur le système de parrainage les tenants du pouvoir ont théorisé la masse critique d’électeurs dont la mobilisation doit être prise en compte dans une démocratie. Ce taux va donc revêtir un symbolique important dans notre vie politique. Nous aimerions qu’on prolonge la réflexion et qu’on fasse aussi autre chose de ce taux qui a été décrété. Nous plaidons pour que ce symbolique ne soit pas seulement un facteur de restriction, mais aussi un vecteur de liberté et une mesure suffisante pour de nouveaux droits à acquérir.
– Nous demandons que 1% des électeurs inscrits sur le fichier électoral puisse suffire aussi à autoriser des lois d’initiatives citoyennes.
– Nous demandons que 1% des électeurs inscrits sur le fichier électoral puisse suffire aussi pour initier un référendum d’initiative populaire.
Nous invitons à un élargissement du débat, c’est-à-dire à aller au-delà des candidatures à la présidentielle dans la réflexion sur l’amélioration de notre démocratie, cette amélioration ne pouvant s’arrêter qu’à la seule question électorale. Nous invitons aux concepteurs du poids symbolique du fichier électoral d’aller au-delà de la visée restrictive sur les candidats d’une présidentielle pour ne pas donner l’impression que la seule vision qu’ils ont de la démocratie serait une vision restrictive et qu’ils nous servent un système plus global, plus complet à savoir construire avec tous les sénégalais de quelques bords qu’ils soient, une démocratie émancipatrice, apaisée et garantissant des avancées progressistes. Nous invitons la classe politique à aller vers ces deux propositions du Think Tank IPODE qui ont été formulées lors du débat sur la réforme des institutions pour le renforcement des droits et du contrôle du citoyen conforme aux standards des grandes démocraties contemporaines.
Rappel des propositions du Think Tank IPODE :
§ Proposition 22 : Instaurer les lois d’initiatives citoyennes par un droit de pétition permettant à un nombre conséquent d’électeurs dans les ¾ des départements de saisir l’assemblée nationale.
§ Proposition 23 : Instaurer le référendum d’initiative populaire sur le même principe que la loi d’initiative citoyenne.
Cette proposition doit tendre à désacraliser le référendum comme c’est le cas actuellement et à permettre aux citoyens de s’exprimer sur des questions fondamentales interpellant la nation. Un parrainage d’un nombre de députés minimum pourra être discuté entre les acteurs politiques.
Le débat sur le parrainage devrait mener à l’acquisition de nouveaux droits constitutionnels pour les citoyens, cette conséquence nous semble politiquement, juridiquement et démocratiquement fondée.
Mohamed LY
Président du Think Tank IPODE