Amadou Hott, à l’Economie, voilà la trouvaille du Président Mqcky Sall ! Les salles de marchés auraient pu saluer son arrivée par un mouvement « haussier » des indices tant le nouveau patron de ce Département stratégique est un homme du sérail. L’unanimité n’est pas de ce monde. Mais le profil de Hott, économiste chevronné et spécialiste du développement, correspond au bon casting que recherchait le Chef de l’Etat pour mener à bien sa stratégie économique en ce début de son second et fatidique mandat à la tête du pays.
Pour y parvenir plusieurs scénarios avaient été envisagés avant que l’option ne soit portée sur la césure de ce Mammouth aux allures tentaculaires. Sans être un ministère de souveraineté, l’Economie et les Finances cristallise les attentions et focalise les sollicitations. Sa centralité est évidente au sein du dispositif gouvernemental. Mais à y regarder de très près, le budget, donc les Finances, tenait le haut du pavé au point d’éclipser la composante économique du portefeuille.
Pendant longtemps ce déséquilibre a prévalu et le recul de l’industrie dans notre pays découle d’une frappante absence de vision. Reléguée au second plan dans l’architecture, le versant Economie du Département éponyme n’a que très peu eu une politique digne de ce nom.
Certes de fortes personnalités ont occupé ce ministère parvenant au gré des parcours à lui imprimer un prestige de bon aloi. Mamoudou Touré, Babacar Ba, Famara Ibrahima Sagna, Moussa Touré, Pape Ousmane Sakho, Lamine Loum, comptent au nombre des ministres ayant, de par leur influence, mis les projecteurs sur ce ministère « trop complexe pour être compris » comme a eu à le dire un célèbre conseiller technique.
Comme illustres prédécesseurs, il y eut André Peytavin et Amadou Karim Gaye dans les premiers gouvernements du Sénégal indépendants sous l’ère Mamadou Dia, alors Président du Conseil.
L’autre fait marquant du Département est la trop forte concentration d’élites administratives dont les intérêts et les ambitions, les carrières et les sinécures s’enchevêtrent sur fond de conservatisme qui frise l’immobilisme. Alors Hott va-t-il donner un coup de fouet à cette immense fourmilière ? Sa feuille de route est claire : doter l’économie d’une vision stratégique et opérer des mutations qui placent l’industrie au cœur de la relance dont le PSE est l’épicentre.
A ce sujet, M. Hott bénéficie d’une double chance. D’abord, la conjoncture n’est pas inflationniste même si la dépendance aux flux internationaux de capitaux reste prépondérante. Les Finances et le Budget reviennent à homme du sérail : Abdoulaye Daouda Diallo en l’occurrence. Inspecteur des impôts, il maîtrise les rouages de l’administration fiscale, connaît du bout des doigts tous les Grands comptes publics et a une idée précise de la nécessité d’élargir l’assiette fiscale pour une bonne assise de la base d’imposition à étendre à de nouveaux contribuables dont l’actif productif est sous-évalué.
Les Deux, aux commandes de ministères de plein exercice sauront combiner leur savoir-faire afin de traduire l’impulsion présidentielle en avantages comparatifs dans le champ hautement compétitif de l’espace régional dans lequel excellent les économies ghanéenne, ivoirienne et nigériane nanties de fortes croissances qui frôlent les deux chiffres.
En d’autres termes le combat pour le leadership au sein de la Cedeao nécessite une réorganisation interne des forces et des atouts. Le séjour prolongé de Amadou Hott à Abidjan au sein de la Banque Africaine de Développement (BAD) lui a servi de plateforme d’observation des évolutions des tendances lourdes. En héritant du portefeuille de l’Economie et de la Coopération internationale, l’ancien DG du Fonds souverain sénégalais, le FONSIS, connaît les défis qui l’attendent.
Emedia