Dakarmidi – Au moment où tout le peuple sénégalais attend de voir ses leaders politiques revenir à la raison pour conforter la stabilité du pays qui lui est chère, l’appel au dialogue de Macky Sall est venu à son heure. Durant les 07 années passées à la tête du pays, Macky Sall a été tout sauf sage.
Le Sénégal était comme un volcan en bouillonnement. Des arrestations, des emprisonnements, des contrôles judiciaires, des forcings, des invectives, des ségrégations, bref, des camps qui se regardaient en chiens de faïence, le tout, couronné par l’effritement des signes identitaires, confrèriques, ethniques, etc. Jamais le pays n’a été aussi divisé, nos institutions décrites comme fragiles, et notre économie qui perd ses dents à la même vitesse qu’une créature atteinte de sénescence.
Un seul homme pour sauver les meubles, Macky Sall, sur qui le peuple a porté son choix, même si les élections sont rentrées dans les anales des échéances les plus floues de l’histoire politique de notre pays. Macky Sall s’est ressaisi, il veut aussi devenir, pour la postérité, un Mandela, et pour y arriver, il faut faire des concessions, il le sait, il faut se séparer d’avec son égo, et pénétrer les « lignes ennemis » et les éteindre avec les eaux du pardon.
Dieu dit aux peuples « dialoguez et ne le rompez jamais ». Et c’est cela qu’il avait aussi instruit à ses illustres envoyés. Où a fini les guerres 14 – 18 et 39 – 45? Où a fini le conflit entre Hutu et Tutsi? Comment est né le traité de Maastritch? Comment a fini le procès de Nuremberg? Les armes ont souvent parlé mais n’ont jamais été les solutions à nos différends. Cette période post électorale s’impose une greffe, soit à une tension, soit à un dialogue.
Rien ne doit empêcher la tenue de ce dialogue, même dans des pays où il y’a eu des morts d’homme par centaines de milliers, les peuples ont fini par dialoguer, pour éteindre les passions, enterrer leurs querelles et se pardonner
Macky Sall sait qu’il peut en découdre avec ceux-là qui feront alimenter une tension mais pour combien de temps? Tout comme il sait qu’il peut faire éclore un dialogue sincère sans jamais l’asphyxier durant ces cinq prochaines années qu’il sera à la tête du pays. Et aujourd’hui, tout le contraint à ce dialogue, même les 58% qui ont voté pour lui, le supplient à aller vers un apaisement. Et les 48% qui ne l’ont pas choisi sont tellement en colère qu’ils ne veulent même plus entendre parler de lui, ils ont décidé de l’ignorer pendant tout le quinquennat et s’en remettre à Dieu. Tellement ils sont déçus de l’homme qu’ils n’attendent plus rien de lui.
Alors le patron de BBY aura-t-il le génie de Kwame Nkrumah, le dépassement et le surpassement de Nelson Mandela, le pardon de Gandhi? Ou se retrouver sous les décombres aux côtés de Bokassa, Mobutu ou Savimbi, etc? Non le Sénégal de Cheikh Ahmadou Bamba, de Seydi Haj Malick, de Baye Niass, de Limamoulaye, de Bou Kounta ne trébuchera pas, même sous Macky Sall.
Alors, cet air de dialogue et d’ouverture qui vient de lui être insufflé mérite certainement d’être rattaché à une approche sérieuse, technique et intelligente. Ce dialogue doit être concocté dans une cuisine propre par des « cuisiniers lourdement étoilés », qui ont de toute leur vie, œuvrer pour élaborer les meilleurs menus avec de l’entrée jusqu’au dessert, les ingrédients de la paix.
Dès lors, il faut un comité pour piloter ce dialogue qui consultera pour sa première mission les deux présidents Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade. Mais d’abord, quels sont ces hommes qui composeront ce comité? Abdoulaye Makhtar Diop, le Grand Serigne de Dakar, Mame Makhtar Gueye de Jamra, Madické Niang disciple de Serigne Saliou, Abbé Jacques Seck, ambassadeur du dialogue islamo-chretien, Dr Fatou Sow Sarr, les doyens Magib Sène, Pathé Fall Diéye, El Hadj Malick Sy « souris », etc. Des hommes qui se sont toujours donnés corps et âme pour la paix quelle que soit la dangerosité des tensions.
Quelles seraient les riches retombées si ce dialogue tenait jusqu’au bout en dessinant les contours du Sénégal de nos rêves? Abdoulaye Wade doit-il le boycotter, lui qui a dialogué avec Senghor, avec Diouf? Se retrouver autour d’une même table avec ce dernier avec comme initiateur son ancien élève, ne ferait que confirmer qu’il est ce grand homme africain à la hauteur de Mandela.
In fine, Macky Sall doit réussir ce pari, par tous les moyens. Il a intérêt à jouer franc-jeu face à l’histoire qui ne lui autorise ni ne lui a pardonne plus aucune faute ni dans son écriture ni dans sa compilation.
La rédaction