C’est en pleine période de pandémie liée à la Covid-19 que les populations du Cap SKirring, site balnéaire de la région de Ziguinchor, pour une énième fois, reviennent à la charge sur une doléance récurrente relative à la fourniture d’eau potable. L’eau est une nécessité vitale. C’est d’ailleurs à ce titre que le Président Macky Sall s’était engagé pour l’accès universel à l’eau et à l’électricité. Aujourd’hui plus que jamais, l’eau est et demeure, de surcroît le premier pilier dans la lutte contre la Covid-19.
Malheureusement, les délégués politiques du Président de la République à Ziguinchor ont encore manqué de vigilance parce que n’étant pas très souvent sur le terrain, ou y sont parfois de manière événementielle. Les jeunes du Cap Skirring, il faut le remarquer n’ont pas en face d’interlocuteurs politiques susceptibles d’amorcer le choc. Il serait bon de rappeler que l’incident du Cap SKirring n’est pas spontané. Ce qui sous-entend des séries de rencontres et de préparations qui ont abouti à une non autorisation de la marche par le Sous-Préfet. Pendant tout ce temps, aucun responsable politique de la mouvance présidentielle n’a pu contenir ou apaiser les populations au point que la seule alternative devienne l’occupation de la voie publique, fait lourd de désastre et de désolation.
Ma compréhension née d’une appréciation objective des faits me conforte à la conviction que la Casamance, particulièrement Ziguinchor, est une région géopolitiquement et géostratégiquement très particulière. Elle est exceptionnelle, compte tenu du fait que sur ce territoire se déroule encore le conflit armé le plus ancien de l’Afrique. Le Président Macky Sall, en dépit du fait qu’il ait placé la Casamance comme sur- priorité, force est de reconnaître que son potentiel politique n’a pas été à mesure de maintenir le cordon ombilical qui devrait le lier à la région. Reconnaissons à Macky Sall la qualité et la particularité d’être le seul Président de la République du Sénégal à avoir osé dire solennellement pendant son serment qu’il fait de la Casamance sa sur-priorité. N’est-ce pas là une discrimination positive, sélective au profit cette région sur l’ensemble des autres régions du pays ?
Le Président dès l’entame de son mandat avait non seulement tendu la main à la Casamance, ayant fortement impliqué ses fils de Ziguinchor dans l’élan de construction. C’est dommage que les énergies soient mobilisées plus à se donner des coups en bas de ceinture qu’à l’essentiel qui devrait être le portage de la vision du projet politique économique et social du 4ème Président pour la région naturelle de la Casamance.
Benoît Sambou Ministre de l’agriculture, Doudou Ka Administrateur général du Fongip, Pr. Courfia Kéba Diawara Recteur de l’université Assane SECK de Ziguinchor, Angélique Manga Ministre de l’économie numérique et de la microfinance, Ibrahima Mendy Directeur de l’analyse, des prévisions des statistiques agricoles, Mamadou Diombera directeur du Crouz ont autant qu’ils sont bénéficié de la confiance du Président.
La présence de ces hauts responsables nommés n’a pu épargner le camp du pouvoir d’un effritement du potentiel électoral du Président Macky Sall de jour en jour. Il y a lieu pour le Président d’envisager le renfort de son collège politique à ce niveau par la promotion d’un leadership jeune qui a envie de justifier sur le terrain les raisons de son ambition. Chose qui lui permettrait de gérer cette partie de la Casamance qu’il a politiquement perdue au profit de Ousmane Sonko du fait d’un sentiment de déconsidération que les populations ont pour certains responsables politiques.
La Casamance n’a pas besoin d’une étincelle parce qu’elle a assez brûlé sous le crépitement des armes pendant près d’un demi-siècle, même si on doit comprendre et compatir à la soif, à la douleur des populations du Cap SKirring. Leurs doléances sont à la fois légales, justes parce que vitales.
C’est un droit, l’accès à l’eau. Et il n’est pas permis à un homme politique de quelque bord qu’il se situe, d’embrayer sur cette crise pour se faire une tribune aux fins de s’attacher la sympathie d’un peuple qui a soif et qui ne demande qu’à boire.
J’ai peur que les jeunes du Cap SKirring ne valident la thèse de Ousmane Sonko leader du Pastef les Patriotes qui, dans une communication il y a 48 heures disait aux jeunes qu’en cas de contraintes extrêmes, de faire valablement usage de la violence. J’ai surtout peur quand un potentiel candidat à la présidentielle incite et présente dans ces cas de figure des schémas qui pourraient justifier l’usage de la force.
Sonko pour ceux qui le suivent chronologiquement, ne cesse de saisir à son profit le contexte pour justifier toutes les formes de révoltes, même les plus anachroniques. Il n’est pas indiqué de profiter d’une déconfiture dans la marée politique du Président à Ziguinchor sur des questions sensibles. Aux activistes de se soustraire d’un exercice périlleux et se tenir à l’écart au Cap SKirring, de peur d’y mettre une couche de trop. Tout comme les gels et autres masques devenus des supports politiques distribués de manière ostentatoire par certains responsables pour réapparaître et gagner en visibilité au prétexte de la lutte contre la pandémie. Ces produits doivent être utilisés à leur juste proportion.
Des émeutes, Sédhiou a failli en connaître dans les mêmes proportions que Ziguinchor.. On se rappelle, en avril passé, les conducteurs de motos Jakarta et les exploitants agricoles maraîchers n’ayant pas d’interlocuteurs pour soumettre leurs doléances ont dû se retourner vers le leader du mouvement Fank-Kafo du Djassing. L’intervention de ce dernier a permis le dénouement heureux de la situation car les jeunes sont apparemment revenus à de meilleurs sentiments.
Et pourtant, la donne qui tient à la vérité est que les populations de la Casamance ont un fort penchant pour le Président Macky Sall. Malheureusement ses délégués politiques par endroits n’ont pas pu, en 8 ans, fédérer les synergies autour de l’essentiel pour le Président.
Bacary NDIAYE