Dakarmidi – « Mon intention n’était pas de violer le couvre-feu. J’étais sortie chercher à manger pour mon fils », a déclaré Aminata Lô Dieng qui était face aux juges. Ancien ministre du tourisme sous le magistère de Me Abdoulaye Wade, elle a confié avoir été interpellée devant la gendarmerie de Ouakam vers 21 h 15 mn et est revenue sur les détails des arrestations de son frère, Mouhamadou Moustapha Lô et elle, alors que celui-ci l’accompagnait.
Selon Mme Lo Dieng, la distance entre la gendarmerie de Ouakam et sa villa ne fait que trois (3) minutes en voiture. Ainsi, souligne-t-elle être sortie bien avant 21 heures avec son frère à qui elle a demandé de la conduire. ‘’J’ai eu à occuper de hautes fonctions, je ne peux pas être une ancienne ministre et bafouer les règles de la République. Quand je sors et qu’on me demande l’objet de ma sortie je décline toujours mon identité. Je tiens à préciser, je le dis, en tant que républicain, je ne vais jamais empêcher un agent public de faire son travail’’, a-t-elle soutenu devant la barre.
« Ils m’ont tordu la main et mon bras a failli se casser… »
Interpellée sur le délit d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions, l’ancienne responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds) a tenté de se disculper. ‘’J’ai été victime de violence verbale. Quand j’ai été interpellée par les gendarmes, ils m’ont demandé d’entrer à l’intérieur de la brigade avec mon véhicule. Ce que j’ai aussitôt fait. Après m’avoir interrogé et remonté l’info, le gendarme est revenu me dire qu’on va me retenir. J’ai demandé et présenté mes excuses, mais ils ne m’ont pas écouté. Et ils m’ont dit qu’ils n’ont rien à faire avec les anciens ministres. Je suis humain. Et je me suis énervée. Mais je vous assure que je n’ai pas attaqué le gendarme. Je n’ai pas insulté les gendarmes ni dit de gros mots à leur encontre », a déclaré Aminata Lô Dieng.
Elle a, cependant fait état d’une violence dont elle a fait l’objet de la part des agents. « Ils m’ont tordu la main et mon bras a failli se casser… Ils ont torturé mon fils et ce dernier est traumatisé », a poursuivi la prévenue qui a signalé que c’est à ce moment, qu’elle s’est emportée du fait du traitement dont est l’objet son enfant.
« Je me suis même mise à genoux pour leur demander de me laisser partir avec mon fils pour ensuite revenir le lendemain. J’ai demandé est-ce que je dois payer une amende ? Ils m’ont dit que c’est au niveau de la police qu’on paye une amende. Ce sont les gendarmes qui ont déposé mon fils et qui m’ont retenu jusqu’à 5 heures avant de me libérer dans une ambiance conviviale. On m’a libéré sans rien me notifier. C’est vers 17 h qu’on m’a appelée pour me demander de passer à la Brigade de gendarmerie de Ouakam pour signer des documents. Et je leur ai dit que j’étais sortie mais à mon retour je passerai. (…). Je jure devant Dieu qu’on ne m’a jamais dit de revenir le lendemain à 10 heures », a confié l’ancienne ministre libérale.
Et selon elle, c’est alors qu’elle a déféré à la convovation de la gendarmerie, qu’il lui a été notifié les charges retenues contre elle. Celle-ci, dans ses explications a dénoncé un acte posé par l’agent qui l’avait interpellée. Il s’agit de l’enregistrement des échanges entre les gendarmes et elle. « Ils ont porté atteinte à ma dignité. C’est le commandant qui a dit aux gendarmes de m’enregistrer ».
« Je me suis même mise à genoux pour leur demander de me laisser partir avec mon fils… »
L’ancienne ministre a émis des regrets. « Je suis sortie une ou deux fois pour urgence médicale depuis l’instauration de l’état d’urgence assortie du couvre-feu. J’ai un frère qui fait souvent une crise d’asthme. J’ai demandé, au ministère de l’Intérieur, une autorisation de circuler, mais il me l’a refusé », a-t-elle fait savoir aux juges de l’audience des flagrants délits.
Relativement au délit d’usurpation de fonction, l’ancien ministre du tourisme signale que le véhicule qu’elle conduit depuis plus d’an lui a été offert par un avocat. Cependant, elle n’a jamais remarqué le macaron du ministère de la Justice sur cette bagnole.
Face aux juges, elle n’a pas été la seule à s’expliquer. Son coprévenu dans cette affaire, en l’occurrence, Mouhamadou Moustapha Lo a, quant à lui signifié qu’il avait par devers lui son permis de conduire au moment des faits. Il a toutefois contesté les charges retenues contre lui.
Le Procureur, après avoir entendu les mis en cause que sont le ministre et son frère, a requis une application de la loi.
La Défense constituée de Mes Clédor Ly, Borso Pouye, Aboubacry Barro, Ndèye Fatou Touré, Demba Bathily, ont tous plaidé pour la relaxe des deux prévenus.
L’affaire a été mise en délibéré, et le jugement devra être rendu d’un moment à l’autre…